Une tribune pour les luttes

Communiqué du Réseau d’Education Sans Frontières (RESF).

Valls : Après les pantoufles de Guéant, les compliments de Ciotti !

Article mis en ligne le samedi 11 août 2012

L’expulsion par charter (un symbole !) de 240 Roms vers la Roumanie le 9 août 2012 est un geste dont l’image du ministre de l’Intérieur aura du mal à se remettre, tout comme le démantèlement quasi industriel de camps au bulldozer, à Lille, Lyon, Marseille et Paris, sans que – malgré les déclarations de Valls – des mesures alternatives de relogement aient été proposées ni qu’une concertation avec les associations qui travaillent au quotidien avec les communautés roms ait été engagée.

S’inscrivant dans la tradition de Pétain, Nicolas Sarkozy avait, dans son discours de Grenoble, fondé des mesures coercitives sur l’appartenance à un groupe racial ! On est consternés de voir Manuel Valls lui emboîter le pas ! La catégorie visée, les Roms, n’a pas d’existence en droit. La culture, la civilisation, les usages, disent approximativement ce que sont un chrétien, un juif, un musulman, un breton ou un catalan. Le droit, non. On y connaît des citoyens définis par leur état-civil, leur genre, leur nationalité. Rien de plus, rien de moins.

Sur le fond, chacun le sait, ces expulsion sont inutiles, stériles, dispendieuses et dégradantes.
Dix à quinze mille roumains et bulgares étiquetés Roms vivraient en France : il faudrait une bonne cinquantaine d’opérations analogues à celle d’hier pour les expulser tous, à supposer qu’aucun ne revienne. Or, et les intéressés ne s’en cachent pas, la majorité d’entre eux reviendra, parfois en quelques jours. Gratuitement grâce à l’allocation de départ « volontaire » versée par Valls. Légalement puisque le statut européen de la Roumanie et de la Bulgarie le permet. Et définitivement quand, d’ici quelques mois, l’intégration complète de ces pays à l’Europe leur en donnera la possibilité. Au total, une politique imbécile et malfaisante.

C’est à l’évidence à l’échelle européenne et en y mettant les moyens nécessaires que des solutions en termes de logement, d’emploi et de scolarisation pour les enfants doivent être trouvées pour les 12 à 15 millions de Roms européens. Les efforts de scolarisation des enfants et d’insertion des familles roms sont ruinés à chaque évacuation forcée. Il est urgent de mettre fin à la « période transitoire » qui discrimine les Roms roumains et bulgares et leur interdit de travailler et de se loger. Le traitement à la mode sarkozyste de la question rom n’est pas la solution !

Reste l’argument, systématiquement avancé, selon lequel Valls et son ministère ne feraient qu’appliquer les lois. C’est un confortable sophisme qui, par le passé, a permis de tout justifier, y compris l’injustifiable. Des générations entières de fonctionnaires, pas seulement des militaires et des policiers, ont tout couvert, y compris parfois le pire, d’un trop sommaire « j’applique les ordres ». Manuel Valls « applique la loi ». Il est des circonstances où ce n’est pas le plus honorable. D’autant que le ministre d’aujourd’hui applique avec rigueur des lois, des circulaires, couvre des pratiques dont lui-même et ses amis dénonçaient la malfaisance et les dangers il y a quelques mois encore. François Hollande n’a pas été élu pour faire appliquer avec une rigueur quasi intégriste des lois injustes. Mais pour les changer, maintenant. Et, en attendant, décréter un moratoire sur les plus malfaisantes d’entre elles, celles qui, par exemple, conduisent une autorité morale et intellectuelle aussi incontestable que le secrétaire national de l’UMP Ciotti à féliciter Manuel Valls.

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