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Conscience Citoyenne Responsable

La règle d’or, pas l’âge d’or ...
+ Quel avenir pour nos quartiers ?

A. Blidi

Article mis en ligne le dimanche 16 septembre 2012


La règle d’or, pas l’âge d’or

A lire avec les liens :
http://2ccr.unblog.fr/2012/09/13/la-regle-dor-pas-lage-dor/#more-2410

13 septembre 2012

Depuis sa création, l’Europe n’a de cesse de créer des règles lui permettant d’appliquer un libéralisme économique débridé. Le nouveau traité européen qui entend faire graver dans les différentes constitutions la fameuse «  règle d’or  » n’est que la dernière péripétie d’une longue succession d’actes, de pactes, de traités, donnant la priorité à la «  concurrence libre et non faussée  ». La crise économique mondiale a été l’occasion rêvée pour les bourgeoisies européennes et les institutions à leur service d’avancer dans leur projet fondamental de liquider le modèle social européen. Les principales dates de la construction de l’Union européenne montre que les objectifs sont de stimuler la compétitivité, stimuler l’emploi, contribuer à la stabilité des finances publiques, renforcer la stabilité financière, et pour cela il est préconisé notamment de «  rendre le travail plus attractif  » et de «  réformer les retraites  » aboutissant à un véritable recul en matière de droit du travail et de protection sociale.

Le Pacte de stabilité et de croissance renforcée est une directive qui donne à la Commission des outils de contrôle et de sanction en cas de dépassement du plafonnement des dépenses publiques. Elle peut ainsi imposer à un État de réduire sa dette publique. Pour atteindre ces objectifs, elle recommande le relèvement de l’âge de la retraite, l’interdiction de certains choix fiscaux, des politiques de contrôle des salaires (norme salariale impérative), une politique favorisant les investissements (maintien des intérêts notionnels par exemple). L’injonction, sur la façon de réduire dette et déficit, porte uniquement sur des perspectives de réductions des dépenses (sauf s’il s’agit de «  sauver  » les banques) et condamne d’éventuels projets de nouvelles recettes (en particulier s’il s’agissait d’augmentation d’impôts sur les revenus des capitaux). Cela a pris la forme d’une loi européenne, sans débat public. En résumé, l’austérité n’est plus un choix et n’a plus de limite dans le temps ; elle devient la règle, on transforme ainsi en loi le transfert grandissant des revenus du travail vers les revenus du capital.

Prévus en 2013, le Pacte budgétaire européen et la «  règle d’or  », aussi appelé « Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’Union économique et monétaire » (TSCG), durcit les critères de Maastricht, en particulier en abaissant le seuil maximum de déficit budgétaire toléré de 3 % à 0, 5 % du PIB. De plus, ce pacte exige des États membres d’inscrire ces nouveaux critères («  règle d’or  ») dans leur Constitution au plus tard un an après son entrée en vigueur. La règle d’or devra être inscrite «  de préférence » dans la Constitution. À défaut, un texte de loi suffira si sa valeur juridique garantit qu’il ne sera pas remis perpétuellement en cause. _ Désormais un pays qui violera cette règle sera exposé à des sanctions : suppression de l’aide financière pour ceux qui n’adopteraient pas le pacte  ; les pays qui décideraient de ne pas appliquer ce pacte ne pourront pas bénéficier du Mécanisme Européen de Stabilité (MES). Le MES et le pacte budgétaire sont intimement liés dans le sens où un pays qui n’aurait pas ratifié le pacte budgétaire ne pourra pas avoir accès aux fonds du MES.

La crise a fait exploser les critères formels de Maastricht sur les comptes publics, car en plus d’emprunter pour financer le déficit, les administrations publiques se sont endettées pour fournir des liquidités aux banques et aux entreprises qui ne trouvaient plus de financement. Cet accroissement de la dette a eu deux conséquences. D’une part les pays se sont trouvés à la merci des agences de notation. Et d’autre part les gouvernements ont dramatisé la situation et s’en sont servis pour mettre en place des politiques d’austérité renforcée (Irlande, Portugal, Espagne). Profitant du contexte, tous les pays de l’UE ont adopté des plans d’austérité (Espagne, Grande-Bretagne, Allemagne, Italie), ou aggravé des programmes de «  réforme  » déjà en cours (sur les retraites en France, par exemple), plans qui ne sont pas coordonnés mais visent tous à faire payer la crise aux populations.

Les sommets européens se succèdent sans décision ferme et forte, la seule réponse des bourgeoisies est partout le renforcement de l’austérité, pour imposer aux populations des «  réformes  », c’est-à-dire des politiques de démantèlement du modèle social européen  : privatisations des services publics, casse du droit du travail, chômage et austérité salariale, baisse des dépenses publiques et notamment pour la santé, les retraites et l’éducation.



QUEL AVENIR POUR NOS QUARTIERS ?

http://2ccr.unblog.fr/2012/09/14/quel-avenir-pour-nos-quartiers/

14 septembre 2012

Nous nous alarmons de la violence qui parcourt l’humanité, alors que cette violence fonde nos rapports et est intrinsèque à nos modes de fonctionnement. Un enfant livré à lui-même, qui voit ses parents à la dérive, qui ne peut être scolarisé dans des conditions normales, qui a faim toute la journée, ne subit-il pas une violence ? On ne rend que ce qui nous a été donné, on communique par les moyens avec lesquels on nous a habitués à communiquer. La violence est un mal inoculé par la société.

Les cités sont la part d’ombre de la nouvelle économie libérale. La misère qui y sévit est utile au système, c’est une pression permanente comme celle des pays riches sur les pays pauvres. Un espace de silence où La République entasse ce quelle ne veut ou ne sait pas prendre en compte. Le système est inadapté à offrir des solutions à ces quartiers car il repose sur sa capacité à exclure et à discriminer.

Il y a sur le terrain un réel dégoût de la politique et de ses cortèges de discours et de promesses sans lendemain. Il n’est plus admissible, en effet, que les politiques soient à ce point en décalage avec la réalité de notre société prise dans toute sa diversité. Il appartient donc aux pouvoirs de choisir : laisser ces populations à l’abandon ou faire le constat de leur incapacité à répondre aux réalités du terrain et d’en tirer les conséquences.

Etre dans ces ghettos est presque toujours un non choix. La vision des medias et des hommes de pouvoir repose sur un schéma mental où on ne voit plus des femmes et des hommes, des citoyens, mais un quartier, des problèmes, une entité globale opaque. Là aussi pour ces cités, les autorités n’arrivent pas à faire la différence entre une partie et un tout. Une étiquette est collée définitivement sans rachat possible. La violence est omniprésente, les habitants désœuvrés la subissent, quotidiennement dans la cité, et à l’extérieur par un discours d’exclusion. Ce rejet est total, devant les boites de nuit, devant la justice aveugle, devant des policiers qui se croient tout permis au nom de cette étiquette, devant les medias, devant l’école, devant le regard des autres citoyens. L’humiliation est totale, la condamnation permanente, la stigmatisation incessante !

Sur ce terreau les petits caïds rallient à eux même les plus modérés des habitants lorsque l’on polarise l’opinion dans un schéma d’opposition. L’Etat brille par son absence et le peu de moyens qu’il déploie dans ces quartiers. Les collectivités locales écrasent de leur mépris tous les acteurs sociaux, car là aussi il n’y a de place que pour le clientélisme et le paternalisme.

Face à ce délabrement et à l’absence de projet, le citoyen veut partir et sauver ses enfants. Certaines communautés se réfugient dans des valeurs propres à leurs cultures et sont injustement diabolisés comme servant des idéologies étrangères. De nouvelles forces profitent de cet espace vide pour s’installer et développer un autre choix de société en réaction au rejet général. La seule et unique solution consiste en un plan Marshall pour les cités. Il est anormal de laisser persister des zones où La République ne fait pas face à ses devoirs !

Il convient de faire passer les cités des rubriques des faits divers à la rubrique politique. Les ghettos répondent au principe d’Heisenberg, qui veut que lorsque deux facteurs sont liés, quand on accroit l’un, l’autre diminue. En augmentant l’action sociale, les infrastructures, les moyens d’éducation, les contrats locaux de sécurité, les crèches, les emplois, la présence de l’Etat, on diminue la violence, le sentiment d’exclusion, l’incivisme, l’échec scolaire, la toxicomanie, le désarroi… Il est temps de faire entendre un projet constructif et pertinent et non pas accompagner la démagogie ambiante.

A. BLIDI

Lire aussi :
QUARTIERS IMPOPULAIRES
http://2ccr.unblog.fr/2011/03/30/quartiers-impopulaires/

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