Une tribune pour les luttes

ROBIN DES TOITS

« La tablette, nouveau doudou numérique »,

Article mis en ligne le vendredi 9 novembre 2012

http://www.robindestoits.org

A l’attention de Monsieur Erik IZRAELEWICZ – Directeur des rédactions

Monsieur le Directeur de la rédaction,

Vous avez fait paraître, dans votre édition du « Monde Magazine » datée du 28 octobre 2012, un article intitulé « la tablette, nouveau doudou numérique ». Cet article, tout en restant ouvert aux innovations technologiques actuelles, est remarquable par son caractère nuancé et non sottement technophile. Il souligne notamment l’absence de recul quant à l’utilisation des tablettes par les enfants et le défaut total de contrôle des applications prétendument pédagogiques. Sur ces points, ce «  papier » est véritablement digne d’éloges.

L’association nationale Robin des Toits, pour la sécurité sanitaire dans les technologies sans fil, souhaite appeler votre attention sur le fait que ces développements omettent cependant un point particulièrement important, de nature à peser sur la décision des parents qui, en cette période d’approche de Noël, songent à offrir, ou à s’offrir, une tablette susceptible d’être utilisée par leurs enfants. Il s’agit de l’exposition aux champs électromagnétiques résultant de l’utilisation d’une tablette.

En effet, ces tablettes sont, et leurs fabricants s’en vantent, connectées en permanence et par défaut à Internet. La possibilité d’opter pour une connexion filaire, qui existe sur l’ordinateur familial comme sur les PC portables, n’existe pas dans le cas des tablettes. Résultat, l’utilisateur est en permanence bombardé de champs électromagnétiques de type 3G et/ou Wifi, dont la nocivité n’est aujourd’hui pas sérieusement contestée.

C’est ainsi qu’en janvier 2012, l’étude de Conrado Avendano, Ariela Mata et autres (Department of Obstétrics and Gynecology, Eastern Virginia Medical School, Norfolk, Virginia et Nascentis Medicina Reproductiva, Cordoba, Argentine[1]) mettait en évidence son impact sur la fertilité masculine. Les travaux du scientifique américain G.Carlo suggèrent quant à eux le lien entre le Wifi et différents troubles neurologiques chez l’enfant, en particulier l’autisme (qui explose depuis quelques années, l’avez-vous remarqué ?).
(http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/...

D’une manière générale, les radiofréquences ont été classées comme « cancérogènes possible » (catégorie 2B) par l’OMS en mai 2011.

Les parents sont-ils informés de cette réalité ?
Quel parent offrirait à son enfant un jouet « cancérogène possible » ?

Comment ne pas voir que quelle que soit la gravité du risque, il est plus élevé pour les enfants, dont les organes sont en développement, dont les tissus sont moins épais, et dont l’exposition sera plus longue au cours de leur vie ?

Se fondant sur ce constat, le Conseil de l’Europe (27 mai 2011) comme le comité national russe pour la protection contre les rayonnements non ionisants (19 juin 2012) recommandent de préférer la connexion filaire au Wifi dans les écoles. Evidemment, ces recommandations valent aussi pour le lieu de vie des enfants !!

En France, la fabrication de terminaux radioélectriques spécialement destinée aux moins de 6 ans est prohibée par la loi, comme l’est la publicité pour les téléphones portables en direction des moins de 14 ans (loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 portant engagement national pour l’environnement). Si les tablettes ne sont pas incluses dans le périmètre de l’interdiction de publicité, c’est tout simplement… qu’à l’époque elles n’existaient pas ! Beaucoup de parents hésitent à offrir un téléphone mobile à leurs enfants, mais n’ont pas cette hésitation pour les tablettes, alors que c’est exactement la même chose et que la tablette se porte près d’organes tout aussi vitaux que le cerveau, on ne vous fait pas de dessin…

Bref, fabriquer, vendre, promouvoir des tablettes pour les enfants, et en offrir aux siens, est gravement irresponsable. Cupidité chez les uns, fascination technologique chez les autres, l’inconscience règne. Pour encore combien de temps ?

Etienne CENDRIER
Porte-Parole national

P.S. :
En forme de clin d’œil, un article du même numéro du « Monde Magazine » souligne la hausse alarmante de nos factures d’électricité.
Nos cyber-joujoux, extrêmement gourmands en énergie (qu’ils diffusent ensuite dans l’air, sous forme de radiofréquences), n’y seraient-il pas pour quelque chose ?

Correspondance : 33 rue d’Amsterdam 75008 Paris
Tél. : 33 1 47 00 96 33
E-mail : contact chez robindestoits.org


La tablette, ce nouveau doudou

Publié par : le magazine du Monde
Le : 28.10.2012

Par Pierre Jaxel-Truer

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Les anecdotes fourmillent. Un enseignant d’école maternelle s’étonne de voir ses petits tenter d’animer une page de papier en faisant glisser leur doigt de droite à gauche. Un père est surpris quand son enfant préfère colorier son iPad plutôt qu’un cahier. Mutation culturelle inquiétante ou essor d’une nouvelle forme d’intelligence ? Le débat sur l’usage des tablettes numériques tactiles ne fait que s’ouvrir alors que ces instruments entrent chaque jour plus nombreux dans les foyers.

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> "Les parents et les enseignants s’inquiètent", constate Olivier Gérard, spécialiste des nouvelles technologies au sein de l’Union nationale des associations familiales (UNAF). Le 23 octobre, Apple a lancé en grande pompe son nouvel iPad Mini. Trois jours plus tard, Microsoft a dévoilé sa tablette Neptune. On attend aussi une prochaine évolution de la Nexus de Google. Selon l’institut GfK, 3,4 millions de tablettes seront vendues cette année en France (2,4 fois plus qu’en 2011) et plus de 10 % des familles en seront équipées fin 2012.

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> "DOUDOU NUMÉRIQUE"

>
> Les plus jeunes se sont emparés d’un nouveau "doudou numérique", comme l’appelle le psychologue et psychanalyste Michael Stora, fondateur de l’Observatoire des mondes numériques en sciences humaines. Selon une étude réalisée par l’institut CSA en septembre, les moins de 12 ans en feraient déjà un usage régulier dans 71 % des foyers équipés. Les éditeurs l’ont compris, qui investissent massivement le marché florissant des applications éducatives. La technologie et le commerce vont-ils trop vite ? "On peut le regretter mais, en matière de recherche sur l’usage des tablettes, on n’en est encore qu’aux balbutiements", note Olivier Gérard.

>
> Le 20 janvier 2013, l’Académie des sciences posera une première pierre en présentant un rapport très attendu sur le bon usage des écrans, dont une partie sera consacrée aux tablettes. Le psychanalyste et psychiatre Serge Tisseron, qui en sera l’un des auteurs, appelle à la "prudence". "Les enfants aiment-ils les tablettes ? Ils imitent surtout leurs parents", estime-t-il. Pour lui, "les tablettes tactiles favorisent le développement de certaines capacités mais ne sont pas du tout utiles pour d’autres". Il faut donc rester mesuré dans leur usage.

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> "DÉVELOPPEMENT D’UNE INTELLIGENCE INTUITIVE"

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> Côté pile, Serge Tisseron leur accorde deux vertus : "Les tablettes favorisent le développement d’une intelligence intuitive ; les enfants tentent des actions, et reproduisent celles qui fonctionnent, remarque-t-il. D’autre part, résoudre de petits problèmes encourage l’intelligence hypothético-déductive." En revanche, côté face, elles n’apportent pas, juge-t-il, l’essentiel, notamment pour les moins de 3 ans. A cet âge, l’enfant doit mettre en place ses repères spatiaux et temporels. "Les tablettes, c’est un éternel présent, constate le psychiatre, pour le déplorer. Alors que lorsque les enfants utilisent des petits livres cartonnés, ils peuvent voir l’avant – les pages déjà vues –, le pendant – la page devant eux – et l’après – les pages restantes."

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> En 2007, Serge Tisseron avait pris la tête d’une croisade de nombreux scientifiques contre l’arrivée en France de chaînes de télévision spécialement conçues pour les moins de 3 ans. "Les études ont montré que la télévision est nocive en dessous de cet âge. Avec les tablettes, je réserve mon jugement", explique-t-il. Son principal opposant d’alors, Michael Stora, reste aujourd’hui son premier contradicteur. "De plus en plus de collègues sont moralistes, dans la guidance parentale. Cette tendance à diaboliser l’écran a un effet pervers : on en fait un objet de désir. Quand les parents s’inquiètent trop, cela crée un risque d’utilisation transgressive", juge-t-il. Pour lui, l’essentiel est dans la manière d’utiliser l’objet : "Ce qui compte, c’est la façon dont l’enfant est accompagné". Serge Tisseron est favorable à la création d’une forme de contrôle des logiciels dits éducatifs. Il fait remarquer que "personne ne vérifie s’ils sont vraiment efficaces".

>
> L’une des préconisations de l’Académie des sciences, en janvier, devrait consister à mettre en place un laboratoire indépendant destiné à tester les produits. Même si en matière de livres, par exemple, cette précaution n’existe pas. "Sauf qu’on a, pour les livres, plus de recul", estime Serge Tisseron.

>
> Pierre Jaxel-Truer

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