Une tribune pour les luttes

vendredi 1er avril 2005

AIX EN PROVENCE

18 h 30

18h30, à la librairie Harmonia Mundi 20 Place de Verdun Aix en Provence
20h au cinéma le Mazarin 6 rue Laroque Aix en Provence

le roman "Les vivants et les morts" et le film "The Corporation"

en présence de l’auteur : Gérard Mordillat

La librairie Harmonia Mundi et le cinéma Le Mazarin,
avec la participation d’Attac Pays d’Aix en Provence
présentent

Le roman de Gérard Mordillat "Les vivants et les morts"

en écho

au film de Mark Achbar et Jennifer Abbott "The Corporation"

programme de la journée

- à 18h30, à la librairie Harmonia Mundi à Aix en Provence :

  • rencontre et discussions avec Gérard Mordillat
  • dédicace de son livre "Les vivants et les morts"

- à 20h au cinéma le Mazarin à Aix en Provence :

  • projet du film "The Corporation"

- à 22h 30 débat animé par

  • Gérard Mordillat
  • Fabrice Aubert, économiste et militant d’Attac
  • Yves Durand, syndicaliste à Nestlé St Menet (à confirmer)

"The Corporation", un film événement

récompensé par de nombreux prix.

Le moteur de l’entreprise, c’est le profit (sinon quoi d’autre ?).

Boulimique, dévorant les autres de peur d’être elle-même mangée, phagocytant indéfiniment plus faibles qu’elle, devenant internationale, puis mondiale, développant un pouvoir qui ignore les frontières, les états, la morale.

Elle ronge, au nom du profit-roi, l’environnement, détruit la santé des hommes, méprise leur force de travail, déstabilise l’écosystème, remet en cause la notion d’avenir, incapable d’autoréguler sa course folle... jusqu’à son propre suicide (voir le Cauchemar de Darwin), et néanmoins prête à renaître sous d’autres formes (juridiques) en laissant, à chaque fois, dans son sillage, un peu plus de misère, d’horreur et de dévastation.

Des origines de la notion d’entreprise jusqu’au règne tout puissant des multinationales, le film revient sur l’ascension de ce nouveau mode d’organisation commerciale, sur ses premiers faux-pas et sur ses responsabilités légales et morales. Le tout est dense, long (2h25) mais sans ennui, et souvent très catalogue dans la liste des méfaits en tous genres des grandes entreprises. Il s’agit là d’une œuvre passionnée, qui fait appel à des "bons clients" du documentaire engagé (Noam Chomsky et Michael Moore, notamment), dont l’énergie est finalement canalisée de manière brute, sans justement les sinuosités joueuses de Moore. En ces temps d’abrutissement, la démarche est noble et le commentaire sincère.

"Les Vivants et les Morts", une fresque imposante, portée par un souffle puissant et chaleureux.

Le récit haletant évoque l’une de ces défaites ouvrières qui, depuis plus de vingt ans, se sont succédées en une manière de long chapelet funèbre. Il entretient aussi la flamme d’un espoir.

Cela se passe dans une petite cité de l’est de la France. La Kos, l’usine de fibre plastique fait vivre le secteur. Une lutte, certes héroïque, mais avec toujours un coup de retard sur un adversaire lointain, qui ne cesse pas de garder l’initiative, trois ans durant.

Jusqu’à une explosion finale qui semble avoir concentré l’énergie de tous les désespoirs accumulés.

De cette sombre épopée et de l’humanité qui l’habite, portée par la force des faibles, Gérard Mordillat brosse un immense tableau en clair-obscur. Avec en son centre un couple qui en incarne les blessures, les déchirures et les incroyables ressources. Elle s’appelle Dallas, comme à la télé. Fille d’un retraité de la Kos, elle a un peu plus de vingt ans. Lui se nomme Rudi. Enfant à problèmes, à douze ans il est arrivé en placement chez les Löwenviller, un couple de juifs, anciens résistants communistes, qui lui ont inoculé le germe de la révolte et de l’action. Il approche de la trentaine. Elle a été embauchée quelque temps après, quand tout le monde a partagé l’illusion d’une embellie, alors même que, dans des bureaux, à Francfort croyait-on, en fait dans d’autres qu’on ne soupçonnait pas, aux États-Unis, le sort de la Kos avait été scellé.

Gérard Mordillat donne en l’espèce à voir le fonctionnement d’une vaste entreprise de camouflage, où l’on dit relance et reprise quand on pense fermeture et liquidation. Il met littéralement à nu le tissage idéologique autour des mots, alors même que se déchaîne la logique de la mondialisation : "Un monde américain pour les patrons et des salaires des pays de l’Est pour les ouvriers."

Autour de Dallas et Rudi, d’autres ouvriers, des cadres, des notables, des familles, les syndicats, les partis, les élus, la presse, la ville entière. Toute une humanité qui, sur un rythme échevelé, entre séquences intimes et plans larges de foules, occupe la scène. Un monde secoué en ses fondements par la crise et la révolte en train de monter. En perte de repères.

Laissant résonner dans le vide les discours syndicaux, politiques, philosophiques et moraux. Virant au chacun pour soi, à la violence, au repli communautariste.

Chacun à sa façon, enfermé dans le piège de la désespérance. À un dernier réflexe de survie brutalement réprimé, deux morts chez les ouvriers, un chez les CRS, succédera l’acceptation résignée des mesures d’accompagnement social du plan de liquidation. Familles acculées, secouées, brisées, vies personnelles dévastées, amours contrariées : les répliques de cette poussée dévastatrice n’épargnent rien ni personne.

Jamais peut-être roman n’avait présenté aussi complètement, avec une telle ampleur de vue, une telle intelligence, des êtres et des choses, la société de ce début de XXIe siècle, sous les coups redoublés du néolibéralisme. Ni aussi clairement suggéré l’urgence d’une nouvelle façon de penser la révolte, d’adapter la réflexion et l’action à une donne inédite.

P.-S.

Recommandation : la pré-vente des billets se ferra à partir du 16 mars 2005

librairie Harmonia Mundi 20 Place de Verdun 13100 Aix en Provence tel :04 42 38 18 91

cinéma Le Mazarin 6 rue Laroque 13100 Aix en Provence
tel : 04 42 26 61 51

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