Une tribune pour les luttes

Communiqué commun

Georges Ibrahim Abdallah, détenu politique depuis vingt-huit ans en France a obtenu une nouvelle fois aujourd’hui sa libération conditionnelle, mais reste en prison en raison d’un appel du parquet.

+ Pourquoi Georges Ibrahim Abdallah reste-t-il incarcéré  ?

Article mis en ligne le mercredi 21 novembre 2012

Le tribunal d’application des peines de Paris a fait droit à la huitième demande de libération de Georges Ibrahim Abdallah, incarcéré depuis vingt-huit ans en France en la conditionnant à son expulsion du territoire français, mais il reste en prison, le parquet ayant fait appel de sa libération.


Appel pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, emprisonné en France depuis + de 28 ans !

Qui est Georges Ibrahim Abdallah ?

Georges Ibrahim Abdallah est né le 2 avril 1951 à Kobayat, dans le nord du Liban. C’est un militant communiste libanais engagé au coté du Peuple Palestinien, en 1978 Il est blessé lors de la résistance à l’invasion de l’armée israelienne du Sud Liban.

En 1982, l’armée israélienne envahit de nouveau le Liban. Massacres de masse, les camps de réfugiés palestiniens de Sabra et Chatila en sont un exemple, liquidation des intellectuels par les services secrets israéliens, crimes contre l’humanité. La lutte populaire s’organise contre l’occupant.

Georges Ibrahim Abdallah, combattant de la cause palestinienne et libanaise, s’y engage résolument. Il est arrêté à Lyon le 24 octobre 1984 et en 1987, à la suite d’un montage policier et judiciaire et sous pression du gouvernement des Etats Unis, il est condamné à la réclusion à perpétuité, avec une peine de sûreté de 15 ans, pour "complicité" dans l’exécution d’un membre de la CIA et d’un agent du Mossad (services secrets israéliens) action revendiquée par les FARL (Fractions révolutionnaires armées libanaises)

Libérable depuis 1999, il est toujours incarcéré à la prison de Lannemezan (Hautes-Pyrénées)

L’État français et sa justice, sous les pressions répétées des États-Unis et d’Israël, ont refusé de le libérer malgré sept demandes de libération conditionnelle, toutes rejetées. Le motif : Georges Ibrahim Abdallah a conservé intactes ses convictions politiques.

Le 24 janvier 2012 il fait une nouvelle demande de libération, il est alors transféré du 8 avril au 20 mai au Centre national d’évaluation de la prison de Fresnes, afin de «  mesurer » la dangerosité de son engagement politique, selon la loi sur la rétention de sûreté de février 2008, la commission rend un avis défavorable à sa libération.

Il lui est toujours reproché ses convictions anti-israélienne et anti-impérialiste, Georges est resté, après plus 28 ans de prison, fidèle à son engagement politique : c’est un prisonnier d’opinion, le plus ancien prisonnier politique en France. Il a commencé le 24 octobre sa 29 ième année de prison !

Le 23 octobre 2012 le tribunal chargé d’examiner sa demande de libération se réunit à la prison de Lannemezan. Le Procureur demande le maintien de Georges en prison, un avocat représentant les USA fait de même.

La décision du juge sera rendue le mardi 21 novembre 2012.

Cet acharnement contre Georges Abdallah est dénoncé et devient « une affaire d’Etat », ainsi le 28 décembre 2011, le préfet Yves Bonnet, ancien patron de la DST, qui en son temps a participé à l’arrestation de Georges Abdallah, avait reconnu dans cette incarcération de 28 ans "une vengeance d’État" et réclame la libération "du plus vieux prisonnier politique en France".

Un mouvement de protestation se développe au niveau international. Dans la région Nord Pas de Calais tout particulièrement, des organisations politiques et démocratiques, des Maires demandent sa libération.

Les organisations signataires appellent à un rassemblement/ manifestation à Lille le DIMANCHE 11 NOVEMBRE A 11 H – départ Métro Wazemmes –

Comité Solidarité Georges Lille, PCF, NPA, MRAP, Coordination Communiste 59/62, AFPS, URCF, fuiqp59-62, Génération Palestine, Comité Libérez les 59/62, UJFP, Capjpo-Europalestine, Comité Solidarité Basque Lille, Collectif « Bassin minier » de soutien à Georges Ibrahim Abdallah... "

Entretien dans la "Semaine des Pyrénées n° 936" du 31 octobre au 7 novembre 2012 avec un surveillant qui côtoie Georges Abdallah depuis plus de 15 ans .

Voir Mille Bâbords 20378


Georges Ibrahim Abdallah a déposé une 8ème demande de libération conditionnelle en janvier 2012... Le délibéré de la décision est attendu le mercredi 21 novembre 2012.

Alors, d’ici cette date, "Assawra" met en place une « Boîte à lettres » dans laquelle tout à chacun peut déposer un message de soutien et de solidarité à Georges. "Assawra" s’engage à le lui faire parvenir.

Écrivez-lui à l’adresse :
georgesibrahimabdallah chez assawra.info

Site du Mouvement démocratique arabe

"Résister à l’occupation, c’est vivre libre"

http://www.assawra.info/spip.php?article1307

Pourquoi Georges Ibrahim Abdallah reste-t-il incarcéré  ?

vendredi 26 octobre 2012, par Pierre Barbancey

Ce militant révolutionnaire, accusé de terrorisme, condamné à la prison à vie en 1987, aurait pu bénéficier d’une liberté conditionnelle en 1999. Il est enfermé depuis vingt-huit ans.

Georges Ibrahim Abdallah vient d’entrer dans sa vingt-neuvième année de détention. Qui le sait  ? Ce militant politique aurait pu bénéficier d’une liberté conditionnelle depuis 1999. Celle-ci lui est toujours refusée. Huit demandes de libération ont été déposées. Toutes ont été refusées par une justice française dite indépendante. Toute sauf une. C’était en 2003. Cette année-là, le tribunal de Pau a statué à son bénéfice. C’était compter sans les pressions extérieures. Notamment celle des États-Unis, partie civile dans ce dossier puisqu’un de ses «  diplomates  » avait été abattu. Diplomate  ? Un membre du service de renseignements militaires américains, dont l’administration tout entière était vouée au soutien aux crimes israéliens au Liban et au Proche-Orient, dont le rôle était la traque des progressistes libanais et palestiniens.

Mardi 23 octobre 2012, Georges Ibrahim Abdallah est repassé devant un tribunal. Accompagné de son avocat, Jacques Vergès, il a reformulé une demande de libération. «  Pas pour des raisons humanitaires. Simplement par justice  », explique Suzanne Le Manceau, membre du collectif Île-de-France pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, qui lui a rendu visite, mercredi 24 octobre, à la prison de Lannemezan.

«  C’est un militant debout  »

S’il croupit toujours dans des geôles françaises, si on ne lui reconnaît pas le statut de prisonnier politique (la démocratie française ne veut pas admettre qu’elle emprisonne des personnes pour délits d’opinions) c’est parce que Georges ne fait pas acte de contrition. «  Il y a toujours eu un refus parce qu’on lui reproche de ne pas renier ce qu’il a fait. Pourtant, que je sache, la repentance n’est pas inscrite dans le Code pénal  », s’insurge Suzanne Le Manceau. «   C’est un militant debout, dit-elle. Il a énoncé ses idées qui n’ont pas changé depuis son procès de 1987. Il a parlé du Liban et de son engagement politique. Pour lui, ce qui est important est que le gouvernement français fait tout pour effacer la mémoire d’un militant révolutionnaire et, par voie de conséquence, d’une période révolutionnaire, celle des années 1970-1980. Il tient à son identité politique. Il n’est pas question pour lui de gommer la mémoire de la lutte révolutionnaire qui a existé à cette époque.  »

Militant, intellectuel, Georges Ibrahim Abdallah l’était et l’est toujours. Il lit beaucoup, s’informe des événements géopolitiques. «  Il reçoit énormément de courrier de toutes parts  », se réjouit Suzanne Le Manceau. La lutte pour sa libération continue en France. De nombreux comités se sont créés, en région parisienne, à Bordeaux, à Toulouse et surtout dans le bassin minier du Nord. Deux municipalités dirigées par le PCF, Grenay et Calonne, ont fait de Georges Ibrahim Abdallah leur citoyen d’honneur. Georges Ibrahim Abdallah est abonné à l’Humanité. Du fond de sa cellule, il a tenu à faire passer un message aux lecteurs de l’Huma  : «  La lutte continue.  »

(Pierre Barbancey, L’Humanité du 25 octobre 2012)

***

Victime d’une cabale politico-judiciaire 

Alors qu’Abdallah n’avait rien à voir avec les attentats de la rue de Rennes à Paris,l’Humanité écrivait, en 1987, «  tout a été fait pour y associer son nom dans l’esprit des Français  ».

Georges Ibrahim Abdallah a-t-il été victime d’un procès sur lequel il y aurait beaucoup de choses à dire quand il avait été condamné à la prison à vie en février 1987  ? Membre des Forces armées révolutionnaires libanaises (Farl), né en 1952 à Koubayath, dans une famille de chrétiens maronites, il a été arrêté en 1984 pour détention d’un faux passeport algérien au nom d’Abdelkader Saâdi et condamné, en 1986, à quatre ans de prison.

L’affaire aurait pu s’arrêter là si, entre-temps, il n’avait pas été inculpé de complicité d’assassinat sur le colonel Charles Ray, attaché militaire de l’ambassade des États-Unis à Paris, et sur Yakov Barsimantov, deuxième secrétaire de l’ambassade d’Israël à Paris, en janvier et avril 1982. Deux exécutions revendiquées par les Farl dans le contexte d’un Liban alors théâtre d’une guerre civile et d’invasion israélienne.

En 1986, son cas se complique quand un mystérieux Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes (CSPPA) exige sa libération et commet des attentats faisant 13 morts, dont celui de la rue de Rennes, devant le magasin Tati, en septembre. Les médias se déchaînent et pointe les Farl. La tête des quatre frères de Georges Ibrahim Abdallah, de Jacqueline Esber et de sa sœur Caroline, des sœurs Fayouz et Ferial Daher et de Selim El Khoury, tous membres des Farl, sont mises à prix. Des militants du Parti communiste libanais (PCL) sont expulsés vers le Liban. En fait, ces attentats ont été commis par un groupe islamiste démantelé en mars et juin 1987, dirigé par le Libanais Anis Naccache, lié aux services iraniens où est impliqué un diplomate de l’ambassade d’Iran à Paris, Wahid Gordji.

Du coup, la donne change. «  Les frères Abdallah ne sont pour rien dans l’attentat de la rue de Rennes  », rapportait Libération du 16 septembre 1986, citant des sources policières. Ces faits nouveaux auraient dû conduire à une révision de son procès. Il n’en a rien été. Car, comme l’écrivait l’Humanité du 13 mars 1987, «  tout a été fait pour associer dans l’esprit des Français le nom d’Abdallah au terrorisme (…) et notamment à la vague d’attentats de septembre 1986  ». En fait, le sort du militant libanais avait été scellé lors de la rencontre entre les présidents Mitterrand et Reagan à Washington, en juillet 1986. Il fallait un exemple et, surtout, il ne fallait pas le «  laisser filer au mépris de la loi  », écrivait alors le Nouvel Observateur qui, à l’instar de nombreux médias, s’opposait à la libération d’un «  terroriste  » que l’Express qualifiait de «  successeur de Carlos  »  !

(Hassane Zerrouky, L’Humanité du 25 octobre 2012)

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