avec Benoît Vandermaesen, vice-procureur de la République au Tribunal de Grande Instance de Marseille, délégué régional du Syndicat de la Magistrature
Serge Supersac, ancien commandant de police,chercheur associé à l’Observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux d’Aix-en-Provence, coauteur avec Stéphane Gatignon (maire de Sevran) du livre Pour en finir avec les dealers.

Un débat paraît s’ouvrir dans le pays sur l’opportunité de faire évoluer la loi qui réprime, non seulement le trafic, mais aussi l’usage de cette substance.
Certaines voix s’élèvent pour mettre fin à tout questionnement. Curieusement, les partisans de l’ancien Président de la République, qui prétendaient parler de tout sans tabou, sont les plus fervents défenseurs d’une véritable censure en la matière.
D’un autre côté, les plus hautes autorités du nouveau pouvoir semblent peu disposées à favoriser une parole libre sur ce sujet.
Pourtant, la réalité qui s’étale sous nos yeux mérite réflexion :

 Après des décennies de répression, le phénomène n’a pas reculé ; on estime à trois ou quatre millions le nombre de personnes, en France, qui sont usagers, plus ou moins occasionnels, de cannabis.
 Le trafic, qui s’évaluait autrefois en centaines de kilos, représente maintenant des dizaines de tonnes.
 Bien pis, le trafic de cannabis n’a pas irrigué seulement de nombreux
« consommateurs », il a généré une économie mafieuse. On en voit les effets délétères dans les règlements de comptes qui scandent le quotidien de certaines villes.
On ne peut que s’inquiéter que cette gangrène ait fini par s’insinuer au sein même des forces de police.
Alors, faut-il ne rien changer, faut-il persévérer dans une politique de répression ?
Peut-on se contenter de faire appliquer la loi républicaine telle qu’elle a été définie il y a fort longtemps ?
Pourtant, la République ce n’est pas que la loi, c’est aussi l’audace de faire face aux défis d’un monde en changement.
Il y a bien là matière à réflexion...
Alors, dépénalisation ? Légalisation ?
Nous vous invitons à en débattre