Une tribune pour les luttes

Appel commun

Tunisie
Soulèvement à Siliana : une population contre le népotisme et la marginalisation !

A Paris, Rassemblement de solidarité et de soutien à la population de Siliana mardi 4 décembre 2012
à Marseille rassemblement devant le consulat de Tunisie (bd d’Athènes) à 17 h 30 mercredi 5 décembre

Article mis en ligne le mercredi 5 décembre 2012

Marseille

Depuis plusieurs jours, dans la ville de Siliana (région centre-ouest de la Tunisie), un bras de fer est engagé entre la population, soutenue et encadrée par la centrale syndicale l’UGTT, et le gouverneur régional Ahmed Ezzine Mahjoubi, nommé par le parti Ennahdha.

La population, ayant constaté depuis plusieurs mois l’incapacité de ce gouverneur à traiter leurs problèmes et ceux de la région autrement que par l’incompétence et le mépris, a fini par s’en lasser et demande sa démission et son remplacement.

Ce bras de fer, depuis trois jours déjà, a pris un tour dramatique : 200 à 300 blessés par des tirs de munitions à grenailles, et de nombreuses arrestations. Les capacités d’accueil du petit hôpital régional sont complètement saturées, et le personnel soignant est débordé, à tel point que plusieurs forces de la société civile et politique appellent le personnel médical des autres régions à la solidarité et au volontariat.

Rassemblements, manifestations, sit-in et révoltes sont devenus les seuls moyens dont disposent les Tunisiennes et Tunisiens pour signaler la précarité de leurs situations et la marginalisation de leur région, particulièrement les régions déshéritées à l’origine de la révolution du 14 janvier 2011.

Le gouvernement de la Troïka, dominé par le parti Ennahdha, répond à ces sollicitations par toutes sortes d’incriminations fallacieuses, allant jusqu’à accuser les citoyens et militants contestataires d’être «  à la solde du régime déchu », d’être des « contre-révolutionnaires » et des « ennemis du processus démocratique » dans le pays, afin de justifier les campagnes de répression qu’il mène contre ces mouvements par les forces de l’ordre et/ou les milices à sa solde.

Ce soulèvement populaire à Siliana – après ceux de Sidi-Bouzid, Gafsa, Béja et d’autres régions de la Tunisie – apporte un démenti cinglant à toutes ces allégations. Le peuple et sa jeunesse qui ont fait la révolution et porté au pouvoir les forces politiques qui nous gouvernent, constatant jour après jour leur incurie dans la gestion des affaires du pays, expriment leur mécontentement de ne rien voir venir pour améliorer leur situation, et veulent le faire savoir de manière pacifique. Les forces qui détiennent le pouvoir dans le contexte de transition en Tunisie, constatant cette perte de confiance et mues par un désir ardent de rester en place, tentent désespérément de masquer leur incompétence en utilisant la répression, le pourrissement des situations et la division des forces de la démocratie et du progrès.

Nous, militantes et militants, membres d’associations et/ou d’organisations politiques tunisiennes à l’étranger :

- affirmons notre soutien total aux revendications légitimes de la population de Siliana contre le népotisme et les nominations partisanes sans critères objectifs de compétences ;

- réaffirmons notre soutien à l’UGTT, et dénonçons toutes les tentatives qui cherchent à lui nuire dans le but évident de l’empêcher de jouer pleinement son rôle ;

- exigeons l’arrêt immédiat de la répression, la libération des détenus, et demandons au gouvernement provisoire de recourir plutôt au dialogue pour trouver les solutions adéquates aux vrais problèmes et revendications de la population ;

- demandons l’évacuation de la ville de Siliana par les unités de répression dépêchées par le gouvernement et leur remplacement par des unités médicales et sanitaires pour soigner les blessés et secourir les traumatisés ;

- demandons aux forces démocratiques et progressistes en France et dans le monde de se joindre à ce mouvement de solidarité avec la population de Siliana et de soutenir les luttes du peuple tunisien pour accéder à la démocratie et pour la liberté et la dignité.

- appelons à un :

Rassemblement de solidarité et de soutien à la population de Siliana

Mardi 4 décembre 2012, de 18h30 à 20h30
place de la Fontaine des Innocents, Paris 75001
Métro : Châtelet ou les Halles

Premiers signataires

Les associations :

Association Démocratique des Tunisiens en France - ADTF,
Association des Tunisiens en France - ATF,
Union des Travailleurs Immigrés Tunisiens - UTIT-IDF,
AIDDA,
Collectif 3C,
Ideal 92,
Fédération des Tunisiens Citoyens des deux Rives - FTCR,
Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’ Homme en Tunisie - CRLDHT,
Réseau Euro Maghrébin Citoyenneté et Culture - REMCC,
Mouvement Citoyen des Tunisiens en France - MCTF,
Association des Travailleurs Maghrébins en France - ATMF,
Association des Marocains en France -AMF,
Manifeste des Libertés,
Association Vérité et Justice Farhat Hached - AVJFH,
Association des Tunisiens du Nord en France - ATNF (Lille),
Union des Tunisiens pour une Action Citoyenne - UTAC,
Dynamique Citoyenne des Tunisiens à l’ Étranger - DTCE,
Vérité et Justice Pour l’Algérie - VJPA,
Association pour les Droits de l’ Homme au Maroc - ASDHOM,
Elamal (Roanne),
Cercle des Tunisiens des Deux Rives - CTDR (Nimes),
Agir pour le Changement et la démocratie en Algérie - ACDA,
Ligue des Droits de l’ Homme - LDH,
Le Mouvement contre la Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples - MRAP,
Cedetim

Les organisations politiques :

Fédération Aljoumhouri France Nord (Tunisie),
PTT-7ème Congrès,
El Massar France,
Nida Tounes,
Ettakattol France Nord

Avec le soutien de :

syndicats :

Confédération Générale du Travail - CGT,
Force Ouvrières - FO-CGT,
Fédération Syndicale Unitaire - FSU,
Solidaires - SUD

Les partis politiques :

Partis Communiste Français - PCF,
Les Alternatifs,
Europe Ecologie les Verts - EELV,
Nouveau Parti Anti-capitaliste - NPA,
Fédération pour une Alternative Sociale et Écologique FASE,
Parti du Gauche - PG

Retour en haut de la page

Vos commentaires

  • Le 1er décembre 2012 à 18:43, par Christiane En réponse à : Qatar : Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, un poète condamné à perpétuité pour un hommage à la révolution tunisienne

    Le Qatar n’aime pas les poètes. Surtout quand ils critiquent le régime. Un tribunal du petit royaume du Golfe a condamné à la prison à vie le poète Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, jeudi. Il était poursuivi pour "incitation contre le régime", et "diffamation" du prince héritier, Tamim Ben Hamad Al-Thani. La richissime monarchie du Golfe affirme pourtant soutenir les révoltes du Printemps arabe, notamment la rébellion syrienne, mais préfère que le changement se passe chez les autres.

    Mohammed al-Ajami avait été arrêté le 16 novembre 2011 sous l’accusation d’"incitation au renversement" du régime, et d’"insulte à l’émir".

    La justice du Qatar lui reproche d’avoir écrit en 2010 un poème critiquant l’émir. Mais la véritable raison de son arrestation, selon des militants du Golfe, serait son "Poème du jardin", écrit en 2011, qui rend hommage à la révolution tunisienne. Il y exprimait l’espoir que ce changement touche d’autres pays arabes, clamant "nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive".

    Amnesty s’est aussitôt élevée contre le verdict qui a "toutes les caractéristiques d’une atteinte scandaleuse à la liberté d’expression" et appelé à la libération du poète, présenté comme "un prisonnier d’opinion". "Il est déplorable que le Qatar, qui veut se présenter à l’échelle mondiale comme un pays qui défend la liberté d’expression, se livre à ce qui semble être une violation flagrante de ce droit", a déclaré le directeur régional d’Amnesty, Philip Luther.

  • Le 1er décembre 2012 à 19:56, par Christiane En réponse à : Les constatations à Siliana de Human rights Watch

    Emna Guellali, représentante de Human rights Watch à Tunis, s’est rendue à Siliana, jeudi, pour recueillir des témoignages.

    « La plupart des témoignages que nous avons reçus des manifestants ou des témoins, confirment qu’ils ont été la cible de tirs de chevrotine alors qu’il n’y avait aucune agression contre des bâtiments publics, contrairement à ce qu’a avancé le ministre de l’Intérieur. Certains ont même été victime de tirs dans le dos.

    Dans certains cas, les policiers étaient embusqués à des coins de rue et sortaient pour tirer sans sommation. Dans d’autres cas, ils lançaient des grenades lacrymogène et ensuite montaient dans les voitures pour tirer sur les gens. C’est une indication de l’intention de blesser, sans que ces tirs soient justifiés par une menace imminente.

    Jeudi 29, je n’ai constaté aucun bâtiment officiel endommagé, aucune trace de l’utilisation de cocktail Molotov. A part quelques vitres du gouvernorat cassées, tous les bâtiments officiels étaient intacts et n’avaient pas subi de dégradation.

    Les fusils à chevrotine peuvent tirer des cartouches remplies de billes en caoutchouc ou en plomb. Les deux ont été utilisées à Siliana. Dans le cas de munitions de plomb, il s’agit d’armes létales dans la mesure où les billes peuvent pénétrer dans l’organisme et occasionner des blessures, dont certaines peuvent entrainer la mort (une artère sectionnée par exemple). Surtout, si elles sont tirées à une courte distance. Or cela a été le cas à Siliana.

    L’usage de ce genre de munitions est réglementé par le Droit international et par le Droit tunisien. L’usage d’armes létales n’est autorisé que dans le cadre de nécessaire pour la protection de la vie des autres ou de sa propre vie.

    Au vu des blessures et des circonstances, on peut dire que ces armes n’ont pas été utilisées dans les conditions prévues par la loi.

    La police a eu recours à une utilisation de la force excessive et non nécessaire pour faire face aux manifestants, même si il y a eu des jets de pierre. »

    Le bilan officiel des violences après quatre jours de tension, est de 252 blessés et deux personnes ayant définitivement perdu la vue d’un œil. Des sources médicales affirment que 17 de personnes ont été blessées par des chevrotines dans les yeux.

    Samedi matin, le calme semble revenu. Mais le gouverneur, dont les manifestants exigent la démission, est toujours en place. L’armée, qui devait remplacer la police pour assurer le maintien de l’ordre, s’est finalement retirée faute d’accord avec le ministère de l’Intérieur. Des jeunes blessés ont manifesté dans le centre de la capitale.

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Thèmes liés à l'article

Manif/rassemblements c'est aussi ...

0 | 5 | 10 | 15 | 20 | 25 | 30 | 35 | 40 | ... | 1120