Une tribune pour les luttes

A la suite de la recommandation du Contrôleur général des lieux de privation de liberté au sujet de la Prison des Baumettes...

la sécurité et la dignité des détenus devant le T.A. de Marseille
L’Observatoire international des prisons (OIP) fait appel du premier jugement
+ Communiqués du SAF, du SM, de la LDH + Emission Haine des Chaînes, L’Envolée n°33

Article mis en ligne le mardi 18 décembre 2012


Voir le rapport et les photos sur Mille Bâbords 22201 et le communiqué de l’OIP 22231


L’Observatoire international des prisons (OIP) a décidé aujourd’hui de faire appel estimant que la décision du tribunal administratif de Marseille était insatisfaisante. Le Conseil d’Etat a 48 h pour statuer. Une audience aura probablement lieu dans la semaine.
Dans le même temps, un référé mesures utiles (déposé dans des situations d’urgence) a été déposé en vue d’obtenir la fermeture des bâtiments insalubres de la prison des Baumettes, ce qui devrait également faire l’objet d’une audience dans les prochaines semaines.


Communiqué de la section L.D.H. Istres-Ouest Provence

Prison des Baumettes : la sécurité et la dignité des détenus devant le T.A. de Marseille

PRISON DES BAUMETTES : POSITIVE MAIS PARTIELLE AVANCEE

La section L.D.H. Istres-Ouest Provence a eu l’occasion de constater, sur des suivis d’ incarcérations et à partir de témoignages directs, que les traitements inhumains et dégradants avec atteintes à la dignité des détenus constituaient le quotidien de la prison des Baumettes.

Elle prend acte de la positive mais partielle avancée* obtenue le 14 décembre 2012 devant le Tribunal Administratif de Marseille suite au "Référé liberté" déposé par l’Observatoire International des Prisons (O.I.P.) auquel s’étaient associés l’Ordre des Avocats de Marseille, le S.M. et le Conseil National des Barreaux.

Il est néanmoins regrettable que le Tribunal Administratif de Marseille ne soit pas allé jusqu’à reconnaître la réalité, savoir que l’état de délabrement de la prison mettait en péril la vie des détenus.

Le 15 décembre 2012

* Contrôle de chaque cellule afin qu’elle " dispose d’un éclairage artificiel et d’une fenêtre en état de fonctionnement" (!!!). L’administration devra également "faire procéder à l’enlèvement des détritus" (!!!) dans les cellules et les communs de la prison, et de ne plus "entreposer les repas des détenus sur le sol ou à proximité des bennes à ordures" (!!!)


Baumettes : le tribunal "a oublié le plus dangereux"

Nicolas Ferran, responsable juridique à l’OIP (Observatoire international des prisons) fait part de sa déception par rapport à la décision du tribunal administratif, la jugeant minimaliste à l’égard de l’administration pénitentiaire de la prison des Baumettes.

http://www.marsactu.fr/societe/baum...

Marsactu : Vous ne semblez pas satisfait du jugement rendu par le tribunal administratif. L’urgence a pourtant été reconnue, contredisant la garde des sceaux Christiane Taubira...

Nicolas Ferran : Nous sommes très mitigés. Le juge a certes considéré qu’il y avait une atteinte à la dignité des détenus et des conditions de détention inhumaines et dégradantes, mais il n’a fait que reprendre les constats réalisés par le contrôleur général des lieux de privation des libertés Jean-Marie Delarue. Il n’a donné aucune injonction en termes de date pour faire cesser les troubles. De nombreux points ont été écartés. C’est au final une vraie désillusion.

Le tribunal administratif rédige dans son ordonnance que "le surplus des conclusions de la requête est rejeté." De quoi est-il question précisément ?

Le juge fait là allusion à la question de la sécurisation des cellules au niveau des installations électriques, des câbles dénudés, en somme des risques d’électrocution que l’on avait signalés. Il n’est pas non plus précisé qu’il faille fermer des cellules en cas de danger avéré. Le juge ordonne d’installer des fenêtres en état de fonctionnement mais ne dit pas s’il faut changer celles qui présentent des débris de verres, potentiellement dangereux. Concernant les risques d’épidémie avec les rats et les insectes, rien n’est indiqué, cela fait semble-t-il partie "du surplus des conclusions de la requête". En clair, les choses les plus dangereuses pour la sécurité ou la santé des détenus sont oubliées.


Quelle décision allez-vous prendre ?

Avec le Conseil national des barreaux, l’Ordre des avocats du barreau de Marseille, le syndicat de la magistrature et le syndicat des avocats de France, nous envisageons de faire appel, mais nous concentrons également nos espoirs sur le recours de mesure utile déposé en vue d’obtenir la fermeture du bâtiment le plus délabré des Baumettes.

Par Elodie Crézé, le 14 décembre 2012


Source : http://www.laprovence.com/article/a...

Vendredi 14 décembre 2012

(...)

Le tribunal administratif de Marseille a ordonné cet après-midi à l’administration pénitentiaire de contrôler que chaque cellule de la prison marseillaise "dispose d’un éclairage artificiel et d’une fenêtre en état de fonctionnement". L’administration devra également "faire procéder à l’enlèvement des détritus" dans les cellules et les communs de la prison, ainsi que veiller à ce que les repas des détenus ne soient plus "entreposés sur le sol ni à proximité des bennes à ordures".

"Une victoire en demi-teinte", pour l’avocat de l’Observatoire international des prisons (OIP), Me Patrice Spinosi, regrettant que le juge administratif n’ait pas considéré que l’état de délabrement de la prison, pointé dans un rapport du contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue, mettait en péril la vie des détenus.

"Ce jugement est la reconnaissance d’une carence de l’administration qui porte atteinte à la dignité des détenus. Des obligations sont ainsi imposées à l’administration", a ajouté Me Spinosi, précisant qu’il envisageait de saisir le Conseil d’Etat. L’avocat a précisé qu’un second référé, dit de mesures utiles, avait été déposé devant la même juridiction, afin "qu’après ces mesures urgentes, l’administration se penche sur le fond".

(...)

Dans un mémoire, le ministère de la justice s’est opposé à cette intervention du juge, contestant l’urgence invoquée. "L’utilité des mesures sollicitées (par l’OIP), n’est pas démontrée" et "l’existence d’une situation d’urgence n’est pas établie", lit-on dans les conclusions du ministère de la justice. "On nous paie de mots et de vaines promesses", a déploré Me Spinosi, en réponse à "une administration qui se doit de trouver une solution à ce constat lamentable". "Quelle honte ! s’était emporté le bâtonnier Jérôme Gavaudan. Nous avons honte de cette administration qui écrit qu’il n’y a rien à faire dans l’urgence".

Me Laurent Bartoloméi (Syndicat des Avocats de France) parlait même de non-assistance à personne en danger. Tous appellaient à une réaction immédiate : "Il faut des actes concrets pas seulement de l’indignation". Pour Me Philippe Chaudon (Conseil National des Barreaux), "il y a urgence à ce que la situation cesse pour ceux qui sont privés de liberté mais pas privés de droits".

(...)

Luc Leroux (avec AFP)


13 décembre 2012

L’Observatoire International des Prisons (OIP) demandait aujourd’hui avec
le soutien de l’Ordre du barreau de Marseille, du Syndicat de la Magistrature, du Conseil National des Barreaux et du Syndicat des Avocats de Franceau juge des référés du tribunal administratif, de "faire cesser les atteintes graves et illégales portées aux libertés fondamentales des détenus des Baumettes" et d’enjoindre au directeur des Baumettes une série de "mesures nécessaires afin de garantir la vie et la santé des détenus", selon Me Patrice Spinosi, avocat de l’OIP.

Le juge des référés devrait rendre sa décision demain matin.

Un second procès en référé a été déposé par l’OIP.


12 décembre 2011

INFORMATION IMPORTANTE O.I.P.

Demain à 13h30 au Tribunal Administratif de Marseille référé liberté de l’O.I.P. , avec le soutien de l’Ordre des Avocats de Marseille, du Conseil National des Barreaux et du SAF. OBJECTIF : obtenir pour la prison Baumettes les aménagements les plus urgents demandés par le rapport Delarue.
Au même moment à Paris devant le Tribunal Administratif la demande portera sur la fermeture des Baumettes


Emission du Collectif Anti-Carcéral du lundi 10/12/12 sur Radio Galère , "lecture" de L’Envolée n°33

http://hainedeschaines.free.fr/IMG/mp3/envole_e_33_sonore-2.mp3

http://lejournalenvolee.free.fr

http://hainedeschaines.free.fr/


« Nous n’avons pas vu, on est tous fautifs »

http://www.lamarseillaise.fr/justic...

11-12-2012

(...)

On se bousculait lundi aux portes du pénitencier. Signe de l’onde de choc persistante et de l’embarras général après la publication le 6 décembre du rapport accablant du contrôleur général des prisons déclarant «  l’alerte » sur l’état d’«  indignité » de la maison d’arrêt des Baumettes, le pire des établissements pénitentiaires français, le directeur des Baumettes Thierry Alves, a passé son lundi à recevoir...

Le matin d’abord, des membres de l’Observatoire international des prisons (OIP) profitant de la remise d’exemplaires de son nouveau Guide du prisonnier, ont visité quelques cellules en compagnie de représentants d’Aides, de la Cimade, de la Ligue des droits de l’Homme, du Centre d’accueil des familles et d’un représentant du Conseil national des barreaux, Philippe Chaudon.

Plus tard, conviés par le Syndicat de la magistrature, six magistrats du ressort ont effectué une quasi inspection approfondie de la prison décriée : le vice-procureur, Benoît Vandermaesen, le juge pour enfants, Franck Landou, le président de l’Association nationale des juges d’application des peines, Thierry Sidaine, le chef de service application des peines, Bénédicte Scelle, et le président de chambre correctionnelle, Daniel Ollive. Une conférence commune avec le barreau devait avoir lieu mardi matin.

Révélateur de la vétusté hors normes de cette vieille prison surpeuplée (1 769 détenus pour 1 190 places), sur les cinq bibliothèques devant recevoir les guides de l’OIP, deux étaient ouvertes, les autres étant tout simplement hors d’usage... « On a nous a montré ce qu’il y avait de mieux, l’appartement témoin en quelque sorte », ironisait Me Lionel Febbraro, le président de la section marseillaise de l’OIP, pour qui le rapport est susceptible à tout le moins « d’aider la direction dans le combat budgétaire qu’on devine ». Loin d’accabler les personnels pénitentiaires, il reconnaît que ni lui ni ses confrères «  n’ont pris conscience de l’ampleur des choses ». « La responsabilité des magistrats et du barreau paraît évidente collectivement. Nous n’avons pas vu, on est tous fautifs mais en même temps, nous n’avons pas accès aux bâtiments de détention. Du reste, cela reflète bien l’abandon social de la prison », déclare-t-il.

Dès la parution du rapport au Journal officiel, l’OIP appelait à la « fermeture immédiate » de la prison sans attendre la fin hypothétique des travaux de rénovation après 2017. Une demande radicale reprise par le Syndicat des avocats de France pour sommer les autorités à prendre leurs responsabilités. «  Quand le directeur nous dit que 600 détenus sont éligibles au bracelet électronique mais que le parquet n’en retient que 60 et qu’au final ils ne sont que 20 à l’obtenir… », note Lionel Febbraro qui approuve l’idée d’une action collective des avocats pour déposer des recours indemnitaires et des demandes de mise en liberté.

«  Les Baumettes ne doivent plus être une variable d’ajustement pour les établissements privés qui envoient ici le surplus de détenus », insiste Robert Bret. Pour l’ancien sénateur communiste qui préside le Centre d’accueil des Baumettes (CAB), cette prison est un « concentré de maux ubuesques et dangereux ». « On ne peut pas continuer comme ça. »

DAVID COQUILLE

— -


« On n’oserait pas s’asseoir sur un lit »

http://www.lamarseillaise.fr/justic...

12-12-2012

Des magistrats réclament un numerus clausus et le déploiement des bracelets aux fins de peine pour les Baumettes.

Après les avocats et les associations, une délégation de magistrats a été longuement reçue lundi après-midi par la direction de la maison d’arrêt des Baumettes. Cinq magistrats seulement, et tous du Syndicat de la magistrature qui n’a pas réussi à convaincre les présidents de chambre correctionnelle, «  premiers pourvoyeurs des Baumettes en détenus », de la nécessité d’aller voir, de toucher la réalité catastrophique du délabrement de la prison, tel que décrit dans le rapport du Contrôleur général des lieux de privation de libertés (CGLPL) après ses dix jours d’inspection en octobre. Entre temps, le nombre de détenus a encore crû, passant de 1 769 à 1 847 pour une capacité inchangée de 1 190 places... Soit plus 150% de surpopulation carcérale.

«  Personne, même les magistrats, n’imaginait que c’était dans cet état-là. Effarement, c’est le mot que l’on retrouve partout », observait hier le vice-procureur Benoît Vandermaesen, délégué local du SM, pour qui une amélioration rapide passe par l’instauration d’un numerus clausus, la fin du prononcé de courtes peines d’emprisonnement qui désocialisent et aggravent la situation des personnes, et par un développement réel des aménagements pour les reliquats de peines (moins de 4 mois).
« Il y a une marge de manoeuvre extrêmement importante en développant le dispositif de "Surveillance électronique pour les fins de peines" », les Sefip qui ont pour vertu de libérer des places tout en préparant la personne à retrouver sa place dans la société.

Sur 1 847 personnes actuellement incarcérées au 213, chemin de Morgiou, 580 sont éligibles au bracelet « fin de peine ». Or le parquet de Marseille applique si strictement les critères d’une convention confidentielle passée avec l’administration pénitentiaire, qu’à peine 9 détenus au final en bénéficient.

« Aux Baumettes, on fabrique des sauvageons »

Le pourrissement de la prison, Thierry Sidaine, le président de l’Association nationale des juges d’application des peines, n’avait pas attendu le rapport du Contrôleur général pour le découvrir. « Le 21 juin 2012, nous avions encore fait un rapport aux autorités, quasiment le même que M. Delarue constatant la vétusté totale des bâtiments les plus dégradés. Nous n’avons eu aucun retour. C’est bien de faire des rapports, on en fait depuis des décennies. Ce que nous attendons, c’est que soient appliquées les lois actuelles. » De décrire la «  cellule 2018 » d’une « insalubrité incroyable », aux murs couverts de champignons, à la chasse d’eau hors d’usage, avec des fils électriques qui pendent, l’ampoule du frigo qui sert à éclairer la cellule. « On n’oserait pas s’asseoir sur un lit. On n’y resterait pas dix minutes et eux y sont à trois dans 13m2. C’est quand même monstrueux. »

D’où cet appel à la conscience de chacun. «  On ne peut pas fermer les yeux. Jusqu’à quel degré la magistrature peut accepter que l’exécution des peines se fasse dans des conditions illégales au regard des conventions internationales ? », interroge le juge Sidaine pour qui les Baumettes, ce sont 600 détenus qui n’ont rien à y faire, un mari qui n’a pas payé sa pension alimentaire, un multi-récidiviste du non-paiement d’amende et « pas de dangereux assassins ». « Aux Baumettes, on fabrique des sauvageons », lance-t-il, appelant à une révision des mentalités : «  Les sociétés modernes doivent accepter que la prison n’est pas la seule peine possible. Le travail d’intérêt général, le bracelet électronique sont de véritables peines. » Il demande que la récente circulaire du Garde des Sceaux Christiane Taubira (septembre 2012) soit réellement mise en oeuvre par les parquets.

« 300 détenus en moins, c’est un chiffre réaliste. Pourquoi pas la fermeture d’un bâtiment », suggère Me Laurent Bartoloméi, le président de la section locale du Syndicat des avocats de France, en attente d’un positionnement clair du barreau. Pour une contre-attaque après les fêtes ?

David Coquille


Fédération des Bouches du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme

Marseille le 11 décembre 2012

La prison des Baumettes : une atteinte à la dignité et aux droits humains

La fédération des Bouches du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme a participé à la délégation de l’Observatoire International des Prisons (OIP) pour remettre, le 10 décembre jour anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, la quatrième édition du Guide du prisonnier établie par l’OIP.

Ce guide a été réalisé afin d’ «  apporter les connaissances qui protègent et font avancer les droits » dans l’intérêt des détenus, de leur famille, de ceux qui les encadrent mais aussi de l’ensemble de notre société. Une vingtaine d’exemplaires ont été remis à la maison d’arrêt hommes des Baumettes dans les deux bibliothèques en fonctionnement sur quatre ! Une cinquantaine d’ouvrages doivent être dispatchés dans différents services dont la maison d’arrêt des femmes.

Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), Jean-Marie Delarue, vient de rendre public le constat dressé par une vingtaine de contrôleurs, après inspection, qui fait état d’ « une violation grave des droits fondamentaux » des détenus et des personnes qui travaillent au Centre pénitentiaire des Baumettes.

Cet état, de délabrement, d’insalubrité et de manque d’hygiène que subissent les détenus est dénoncé depuis 20 ans, par le Comité européen de la Prévention de la Torture, qui constatait lui aussi en 1991 «  une violation grave des droits fondamentaux, notamment au regard de l’obligation, incombant aux autorités publiques, de préserver les personnes détenues, en application des règles de droit applicables, de tout traitement inhumain et dégradant ».

La délégation du Sénat, lors d’une visite de la prison le 18 avril 2000, fut tout aussi sévère, comme le Commissaire Européen aux droits de l’Homme en septembre 2005. L’année suivante le Conseil de l’Europe qualifie Les Baumettes comme « endroit répugnant ».

Comme d’autres organisations, l’Observatoire International des Prisons, la section de Marseille du Syndicat des Avocats de France, la fédération des Bouches du Rhône de la Ligue des Droits de l’Homme demande impérativement la fermeture de la maison d’arrêt des hommes du centre pénitentiaire des Baumettes, estimant qu’il n’est plus possible de maintenir des détenus et le personnel dans ces conditions inhumaines, indignes et contraire aux droits fondamentaux de la personne humaine.


Communiqué du SAF (Syndicat des Avocats de France)

Le 12 novembre 2012 le Contrôleur général des lieux de privation de liberté a adressé au Garde des Sceaux, selon la procédure d’urgence, une recommandation illustrée relative au Centre pénitentiaire des Baumettes, à Marseille.

Cette recommandation dénonce « une violation grave des droits fondamentaux, notamment au regard de l’obligation, incombant aux autorités publiques, de préserver les personnes détenues (…) de tout traitement inhumain et dégradant ».

Le SAF rappelle que dès 1991 le Comité européen de Prévention de la Torture avait relevé le caractère inhumain et dégradant des conditions de détention infligées dans ce même établissement pénitentiaire. C’était il y a vingt et un an. La situation n’a cessé d’empirer. Nul ne peut désormais l’ignorer.

Le SAF dénonce une nouvelle fois la politique conduite ces dernières années qui, loin de contribuer à la reconstruction ou la rénovation de lieux de détention respectueux de la dignité humaine, n’a servi qu’à répondre à une frénésie du tout carcéral avec la multiplication des courtes peines d’emprisonnement, l’allongement des peines d’enfermement, un recours constant à la détention provisoire.

L’état de dégradation et d’indignité du Centre pénitentiaire des Baumettes reflète celui de nombreux autres lieux de privation de liberté en France.

C’est pourquoi le SAF exige que des mesures radicales et immédiates soient prises pour mettre fin à des conditions de détention inacceptables, soit par la mise en œuvre effective et massive de dispositifs de sortie de fin de peine, soit par la mise en liberté des personnes détenues provisoirement et éligibles au placement sous contrôle judiciaire ou assignation à résidence, soit encore par l’examen prioritaire des requêtes d’aménagement de peine.

Le SAF demande aux tribunaux de favoriser les aménagements ab initio des peines d’emprisonnement prononcées et de privilégier les peines alternatives à l’emprisonnement ferme.

Le SAF appelle tous ses membres et, au-delà, tous les avocats, à déposer sans délai des demandes de mise en liberté ou des requêtes en aménagement de peine ou en suspension d’exécution de peine sur le fondement des constatations rapportées dans les recommandations du Contrôleur général des lieux de privation de liberté publiées au Journal officiel du 6 décembre 2012.

Le SAF appelle tous ceux qui sont attachés au respect de la dignité de la personne humaine et aux respects des droits fondamentaux à se rassembler devant le Centre pénitentiaire des Bau mettes le Lundi 10 décembre 2012 à 15h00.

Paris le 9 décembre 2012


Communiqué du Syndicat de la Magistrature

La section marseillaise du Syndicat de la Magistrature prend acte de la publication au Journal
Officiel du 6 décembre 2012 des “recommandations d’urgence” du contrôleur général des lieux
de privation de liberté, Jean-Marie DELARUE, à la suite de la mission effectuée en octobre
2012 au centre pénitentiaire des Baumettes qui a révélé une situation extrêmement dégradée
constitutive de traitements inhumains et dégradants que condamnent les instances
européennes et, plus récemment, les juridictions françaises.

Le Syndicat de la Magistrature déplore que le contrôleur général ait eu besoin de recourir à
cette procédure exceptionnelle, qui n’a été utilisée qu’une seule fois depuis sa création en 2008
pour un établissement de NOUMEA, puisque cela signifie que le constat est d’une telle
gravité qu’il justifie, avant qu’un rapport complet soit déposé, que des mesures immédiates
soient prises pour mettre fin à des violations constatées depuis une vingtaine d’années, par le
comité européen de prévention de la torture (1991), les sénateurs (2000) ou encore le
commissaire européen aux droits de l’homme (2005).

Sans reprendre le détail des recommandations, le contrôleur général constate que seulement 9
des 98 cellules examinées n’appellent pas “d’observation sérieuse”, relevant l’invasion de
cafards, d’araignées, de cloportes et de rats, l’absence de cloison d’intimité, de fenêtre, d’eau
chaude ou de cabine de douche, en constatant que la dotation budgétaire 2012 affectée à
l’hygiène et la propreté des détenus” a diminué de moitié par rapport à 2011.
Il relève l’importance des faits de violences signalés, sans que le Parquet en soit
systématiquement informé, le trafic en détention, “marché de biens et services où tout s’achète
et se vend au prix fort”
, la pénurie d’activités et la faiblesse des effectifs de surveillants et
d’encadrement.
Comparant la disparité qualitative entre bâtiments, tel le D construit en 1989, à la faiblesse des
sanctions disciplinaires, il relève “qu’on trouve le levier de la mise au pas ailleurs”.

Ne pouvant se satisfaire de nouvelles promesses visant à remédier rapidement à l’indignité de
cette situation, le Syndicat de la Magistrature prône un “numerus clausus” afin d’éviter la
surpopulation carcérale qui, aux Baumettes, atteint 145 % (1769 détenus pour 1190 places au 1er
octobre 2012).

Il demande au Parquet de favoriser les aménagement de peines, notamment par la
généralisation de la procédure de SEFIP, et aux juridictions répressives de ne plus prononcer
de courtes peines d’emprisonnement, facteur de désocialisation et de récidive.

A l’heure où MARSEILLE est de nouveau stigmatisée pour sa délinquance, le Syndicat de la
Magistrature exhorte le monde judiciaire, comme les politiques, à ne pas faire croire que
l’enfermement constitue l’unique réponse, d’autant que les conditions de celui-ci sont
indignes d’un pays démocratique.

A l’occasion de la journée mondiale des droits de l’Homme, le Syndicat de la Magistrature se
rendra en délégation aux Baumettes le lundi 10 décembre 2012 à 15 H et invite l’ensemble des
magistrats, spécialement ceux qui sont amenés à prononcer des peines d’emprisonnement, à
les accompagner.

Communiqué du 6 décembre 2012
Benoit Vandermaesen, Délégué Régional
Frank Landou Délégué Marseillais


Emission du Collectif Anti-Carcéral du lundi 10/12/12 sur Radio Galère , "lecture" de L’Envolée n°33

http://hainedeschaines.free.fr/IMG/mp3/envole_e_33_sonore-2.mp3

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Vos commentaires

  • Le 17 décembre 2012 à 11:39, par Christiane En réponse à : Prisons : la France est la honte de l’Europe

    http://fr.myeurop.info/2012/12/13/prisons-la-france-est-la-honte-de-l-europe-6743

    (...)

    Pas de situation pire qu’en France, sauf en Moldavie

    Etat matériel très dégradé, violence, sur-occupation, ce bilan alarmant concerne bon nombre de prisons françaises. Il n’est pas nouveau. Tant au niveau national (rapports du sénat, de l’Observatoire International des prisons…), qu’au niveau européen (rapports et observations du Commissaire européen au droits de l’homme, du Comité européen pour la prévention de la torture), les avertissements se succèdent depuis plus de 20 ans : "humiliation pour la République" ; "traitement inhumain et dégradant" ; "endroit répugnant " ; "situation inacceptable"…

    En 2005, le commissaire européen Alvaro Gil Roblès avait déjà fait sensation : il n’avait jamais vu "pire" que les prisons françaises, "sauf en Moldavie" !

    Cafards dans les frigidaires, douches et WC délabrés, gardiens tapant du pied lors de leurs rondes pour éloigner les rats : les témoignages sont consternants. Mais les chiffres sont tout aussi éloquents. Florilège :

    Sur les 67 225 personnes détenues en France au 1er novembre 2012, 12 689 sont en surnombre. 657 dormiraient à même le sol, selon Pierre-Victor Tournier, chercheur au CNRS, d’après les statistiques de l’administration pénitentiaire.

    La prévalence de la tuberculose est dix fois plus élevée en détention qu’à l’extérieur ; plus de 20 % des détenus seraient atteints de troubles psychotiques (rapport de l’OIP de 2011).

    En France, tous les 3 jours, un(e) détenu(e) se suicide (rapport de l’OIP 2011).

    On ne sera pas surpris dès lors que la France soit régulièrement condamnée par la Cour européenne, pour violation de l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme qui rappelle que "Nul ne peut être soumis à des traitements dégradants".

    (...)la France dépense moins que ses voisins pour la détention : le budget alloué par l’Etat pour une journée de détention est de 77 € en France contre 112 € en Belgique, 124 € au Royaume-Uni et 149 € en Italie (1) : du simple au double !

    Suicides en prison : la France, cancre européen

    Avec 20 suicides annuels pour 10 000 détenus (INED 2008), la France présente le niveau de suicide en prison le plus élevé de l’Europe des Quinze, loin devant le Danemark (13 pour 10 000), la Grèce ayant le taux le plus bas (4 pour 10 000). Ce taux de suicides en France, a quintuplé depuis les 50 dernières années alors qu’il a peu changé dans la population générale…

    (...)

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