Une tribune pour les luttes

Marseille capitale de la Culture 2013 : Serrage de villes et boulons de culture - Entre contrôle des subventions et nettoyage de la ville

Documentaire sonore de la revue Z + liens CQFD

Article mis en ligne le samedi 12 janvier 2013

Téléchargement et écoute ICI (utilisations libres).

Marseille, capitale européenne de la Culture 2013. Mais quelle culture ? Qu’est-ce que c’est que la culture ? Peut-être qu’on ne peut tout bonnement pas la définir cette culture, elle est multiple, nourrie par les mouvements des personnes qui vivent ici et qui ont vécu dans cette ville de Marseille.

En tout cas, c’est sur que la déclaration de "culturel", du mot d’"artiste" par une administration centralisée n’a rien à voir avec les habitants de Marseille. Elle aurait plutôt à voir avec des correspondances à des normes économiques décidées en commission européenne... A l’image du jury déclarant la candidature de Marseille retenue sur des "critères de faisabilité économiques et politiques". Du côté du local, c’est à n’y rien comprendre.

Ou si, peut-être, aux rythmes des rencontres, des déambulations on commence à y voir plus clair. On comprend que derrière le mot culture se cache celui de la récupération, l’ingurgitation du local pour mieux recracher loin du centre-ville les indésirables : les pauvres de la Belle de Mai où s’est établie une friche artistique, les dockers en lutte bien décidés à ne pas se faire prendre la parole par un festival tout fraichement débarqué sur leur lieu de travail menacé et traités de rats par la chargée au tourisme de Marseille madame Vlasto, les petites associations culturelles de quartier qui ne sont pas invités à participer au bal mondain européen.

La culture sert alors de vitrine pour constituer des musées, délimite ce qui doit être retenu de l’histoire de la ville et ce qui doit être oublié sur l’autel du progrès. L’élite catalogue, classe et parasite pendant que le vivant devrait étouffer sous des litres de formol. Et on comprend par les mots de l’équipe municipale que Marseille 2013 n’est qu’un point de départ dans une stratégie globale de modification urbaine de Marseille.

Mais Marseille résiste et garde son esprit de mauvais élève de la France...
Paroles d’acteurs locaux de Marseille à propos de l’utilisation de la culture dans le paysage urbain et politique de Marseille. On y croisera des personnes de maisons de quartier, des habitants créatifs et observateurs de Marseille, des dockers.

Ce documentaire vous est proposé par Z, magazine itinérant.


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