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RESF INFO

Y-a-t-il des lois qui autorisent à expulser un père de famille, à fabriquer délibérément des quasi-orphelins... même quand il entre pleinement dans les critères Valls

Article mis en ligne le samedi 2 février 2013

1) La fabrique des orphelins, façon Valls : le père de deux enfants menacé d’être expulsé au Bangladesh

2) Rappel Blendon, 11 ans, hémiplégique expulsé avec sa famille au Kosovo doit revenir !
Pétition : _ http://www.educationsansfrontieres....

3) Même s’il n’y a pas d’enfant directement concerné, parce qu’il faut que ce soit connu, l’histoire tragique de Clara, expulsé au Congo (communiqué du MRAP 35) et celle de Koulthouyoune, 20 ans, enceinte, expulsée trois fois en cinq jours de Mayotte

En fin de message, les coordonnées de ceux à qui il faut dire ce qu’on pense de leurs actes.

Y-A-T-IL DES LOIS EN FRANCE QUI AUTORISENT A EXPULSER UN PERE EN ABANDONNANT SES ENFANTS ? A FABRIQUER DELIBEREMENT DES QUASI-ORPHELINS ?

MEME QUAND IL ENTRE PLEINEMENT DANS LES CRITERES DE LA CIRCULAIRE VALLS ?

François Hollande a fait publier dans les premières semaines de son mandat une circulaire qui interdit (presque), pour cause d’inhumanité, d’enfermer les enfants en centre de rétention avec leurs parents. Elle est à peu près respectée, grâce à la vigilance de tous. Mais la fabrique de quasi-orphelins serait-elle plus humaine et plus estimable pour qu’il autorise son ministre de l’Intérieur Manuel Valls à la pratiquer sans retenue ?

C’est, par exemple, ce qui risque de se produire dans les tout prochains jours à Conflans-Sainte-Honorine où Rahad, 10 ans et son petit frère de 3 ans Fardin risquent d’être privés de leur père, peut-être pas définitivement, mais en tout cas pour de longues années. Il est, en effet, enfermé en CRA depuis le 13 janvier et risque d’être mis de force dans un avion pour le Bangladesh dans les tous prochains jours.

Monsieur Abdur est arrivé en France en 2005, fuyant le Bangladesh où il était l’objet de persécutions politiques. Sa femme l’a rejoint en 2009 avec Rahad, aujourd’hui scolarisé à Conflans-Sainte-Honorine. Fardin est né à Mantes la Jolie en 2010. Le petit Fardin a « fêté » son troisième anniversaire le 23 janvier dans l’école de son grand frère, en présence d’enseignants, de parents et d’une conseillère municipale représentant le sénateur-maire de Conflans venus manifester leur soutien à la famille. Mais sans son père.

Abdur a été arrêté le 13 janvier lors d’un contrôle d’identité. Il suit depuis lors le chemin de croix (tribunal administratif, JLD) qui peut le conduire, sans bagages et sans argent, au tarmac de l’aéroport de Dacca, à 8000km de sa famille.

Abdur devrait pourtant être régularisé, il remplit les critères définis dans la circulaire du 28 novembre 2012 : il réside en France depuis plus de cinq ans et Rahad est scolarisé depuis trois ans." Mais, pour les préfets du 94 (qui a placé Abdur en rétention) et du 78 (qui pourrait le régulariser) comme pour le ministre de l’Intérieur, une famille démembrée, deux enfants rendus quasi-orphelins, c’est bon pour le moral des électeurs de droite que M. Valls courtise.

COMMUNIQUE DE PRESSE MRAP 35 : L’EXPULSION DE CLARA, UNE DECISION INHUMAINE

C’est avec indignation que le MRAP Ille et Vilaine apprend le transfert au petit matin à l’aéroport de Roissy de Clara Kasekera Mokango et son expulsion vers Kinshasa en fin de matinée.

Trop affaiblie par 17 jours de grève de la faim pour résister, elle a été sortie du CRA à 4h du matin, menottée, sans avoir pu dire au revoir à son mari, ni préparer le moindre bagage.

Cette jeune congolaise (RDC) était en France depuis 2010 : elle avait fui de graves violences subies dans sa région natale, le Haut Kivu. Elle était venue demander l’asile. Mais, comme 80% des demandeurs d‘asile en France, elle a été déboutée : trop difficile de faire la preuve des violences subies !

À Rennes, elle a rencontré Pedro, un Angolais, qui y vit avec le statut de réfugié. Après 18 mois de cohabitation, ils se sont mariés en juillet 2012. Mais pour la préfecture comme pour la justice, c’est sans importance, comme le fait qu’elle courre des risques dans son pays ; ou qu’elle n’ait pas reçu la décision préfectorale et qu’elle n’ait donc pas pu la contester. Cela ne change rien : leur mariage étant postérieur à l’obligation de quitter le territoire français (OQTF), il est considéré par le secrétaire général de la préfecture comme « un mariage de complaisance ».

Clara était au centre de rétention depuis 44 jours. Sa rétention ne pouvait plus être prolongée au delà de 45e jour. Son désespoir cédait peu à peu la place à une lueur d’espoir : elle espérait être libérée le 1er février et retrouver son mari.

Effondré par tant d’inhumanité, Pedro qui a passé de longues heures au parloir du CRA pour soutenir son épouse, essaie maintenant d’éviter à sa femme une nouvelle période d’enfermement en récoltant la somme nécessaire qui sera réclamée à Clara pour sortir libre de l’aéroport de Kinshasa…

Comment ne pas être en colère devant une décision d’une telle inhumanité ? et devant le silence complice d’élus qui n’ont pas bougé face à cette situation ? Les mêmes qui se disaient révoltés face à la politique de leurs prédécesseurs, mais qui aujourd’hui cautionnent les mêmes actes dictés par le Ministre de l’Intérieur à ses zélés préfets.

Clara pourra revenir mais dans combien de temps ? Elle a le droit de demander un visa long séjour pour rejoindre en France son mari réfugié.

Mais l’expérience prouve qu’il faut des mois, voire des années, pour que le consulat accorde un tel visa à une personne expulsée ainsi vers son pays. Ce sont deux vies gâchées… et des militants excédés par cette politique coûteuse et vaine.

Rennes le 31 janvier 2013

20 ANS, ENCEINTE, EXPULSEE TROIS FOIS DE MAYOTTE EN CINQ JOURS,

REFOULEE DEUX FOIS D’ANJOUAN

Koulthouyoune née en 1992, à Mayotte de parents sans papiers établis dans l’île depuis plus de 20 ans, a été arrêtée lors d’un contrôle d’identité le 10 janvier alors qu’elle se rendait à une visite médicale pour le suivi de sa grossesse. Elle est immédiatement placée en rétention à Pamandzi et expulsée le 12 janvier vers Anjouan, capitale des Comores, où elle n’a jamais mis les pieds et n’a aucune relation ni famille. Petite précision : la PAF connaissait parfaitement son état de grossesse : elle avait sur elle un carnet de santé attestant de son état (et son certificat de naissance).

Prise en charge par les autorités comoriennes, elle est refoulée le 13 janvier vers Mayotte au nom d’un accord franco-comorien de mars 2011, précisant les limites des expulsions de Comoriens : « Non séparation des familles, non refoulement des personnes malades ou enfants scolarisés et la possibilité offerte aux personnes refoulées de récupérer leurs biens et effets personnels ». rentre évidemment dans les critères de cet accord et repart à Mayotte avec une note d’un commissaire comorien rappelant à la France les termes de l’accord.
Mais à peine a-t-elle débarqué sur le port de Dzaoudzi à Mayotte qu’elle est placée en zone d’attente… puis est à nouveau expulsée vers Anjouan. Le ping-pong continue : les Comores la renvoie le 15 janvier vers Mayotte, avec la même note et la France qui s’acharne contre cette jeune femme enceinte et s’assied sur l’accord signé la renvoie à nouveau à Anjouan.
Fin de l’utilisation de Koulthouyoune comme punching-ball entre Mayotte et les Comores : les autorités locales la gardent sur le territoire, sans ressource, loin de sa famille, sans soutien. En une semaine, elle et son futur enfant auront subi trois expulsions, deux refoulements, cinq voyages en bateau et subi les conditions ignobles de rétention à Padmanzi et de la zone d’attente du port de Mutsamudu à Mayotte.

Et il semblerait, si l’on en croit les ONG locales, que Koulthouyoune ne soit qu’un de ces nombreux ballots que se refilent les deux pays depuis le début de l’année !

préfecture du 78

pref-communication78 chez yvelines.gouv.fr

fax : 01 39 02 00 00

Préfet : michel.jau chez yvelines.gouv.fr

Directrice de la Citoyenneté de l’Immigration et de l’Intégration : michele.maxwell chez yvelines.gouv.fr

La pétition http://resf.info/P2479

Elysée :

Secrétaire général : pierre-rene.lemas chez elysee.fr

Directrice de cabinet : sylvie.hubac chez elysee.fr

Directeur de cabinet adjoint : alain.zabulon chez elysee.fr

Chef de cabinet : pierre.besnard chez elysee.fr

Conseiller politique : aquilino.morelle chez elysee.fr

Matignon : 1er-ministre chez cab.pm.gouv.fr

A l’Intérieur :

Dircab thierry.lataste chez interieur.gouv.fr

Conseiller yves.colmou chez interieur.gouv.fr

Dircab adjoint renaud.vedel chez interieur.gouv.fr

Dircab adjoint thomas.andrieu chez interieur.gouv.fr

Conseiller immigration : raphael.sodini chez interieur.gouv.fr

Chef de cabinet sec.chefcab chez interieur.gouv.fr

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