Une tribune pour les luttes

Un NON synonyme de mouvement

de François Weiser, coordéducation mars

Article mis en ligne le vendredi 25 mars 2005

Par quel miracle ce qui n’était pas possible hier l’est devenu aujourd’hui ? Par quel miracle un gouvernement qui nous jure depuis des mois qu’il n’y a pas un centime dans les caisses de l’Etat trouve-t-il en une journée 800 millions d’euros ? Comment expliquer que la France demande subitement une remise à plat de la directive Bolkestein alors qu’elle l’approuvait sans réserve jusque là ?

La réponse est très simple : la montée du NON dans les sondages. Il suffit en effet que les opposants à la Constitution européenne gagnent quelques points d’intentions de vote pour que le mouvement remplace la sclérose, pour que la volonté politique retrouve un peu de son sens. Bien sûr ! ne soyons pas naïfs ! Bolkestein n’est pas enterrée, déjà une nouvelle directive sur le temps de travail pointe à l’horizon, et bien sûr la doctrine libérale continue d’être hégémonique en Europe. Il en faudrait beaucoup plus que cela pour changer vraiment le cours des choses.

Mais ce qui s’est passé ces derniers jours met en lumière la force du NON : quelques points gagnés dans les sondages révèlent des problèmes jusque là oubliés et débloquent un peu la machine, même si cela reste très imparfait et qu’il faut rester vigilant.

Imaginez alors quelle dynamique pourrait créer une victoire du NON le 29 mai ! A l’opposé d’un OUI qui signifierait continuité, le NON marquerait la volonté des Français, soutenus par bien d’autres Européens, de réorienter totalement la construction européenne. Et l’expérience de ces derniers jours nous prouvent que cette réorientation est possible, à condition qu’on le veuille et qu’on s’en donne les moyens. Tout est question de volonté politique. Parce qu’il faut bien comprendre que l’Europe n’est pas seulement une affaire juridique, mais qu’elle est aussi le fruit de ce que nous voulons en faire. En d’autres termes, non seulement le NON ne produirait pas le chaos puisque, juridiquement, le Traité de Nice continuerait de s’appliquer jusque 2009, mais un NON français serait surtout synonyme de mouvement. Un NON réintroduirait de la politique, et donc une capacité
de choisir, là où aujourd’hui il n’y a que de la mécanique.

Par le NON, nous aurions ainsi le poids nécessaire pour bloquer ces articles qui poussent, à l’instar de la directive Bolkestein, à toujours plus de libéralisation :

C’est le cas de l’article III 137 qui prépare les délocalisations de demain dans une Europe à 25 : « Dans le cadre de la présente sous-section, les restrictions à la liberté d’établissement des ressortissants d’un Etat membre sur le territoire d’un autre Etat membre sont interdites. Cette interdiction s’étend également aux restrictions à la création d’agences, de succursales ou de filiales, par les ressortissants d’un Etat membre établis sur le territoire d’un Etat membre. »

C’est aussi le cas de l’article III 148 qui fixe comme horizon indépassable la libéralisation totale des services, commerciaux ou publics, sous l’oil attentif de la Commission. : « Les Etats membres s’efforcent de procéder à la libéralisation des services au-delà de la mesure qui est obligatoire en vertu de la loi cadre européenne en application de l’article III 147, paragraphe 1, si leur situation économique générale et la situation du secteur intéressé le leur permettent. La Commission adresse aux Etats membres intéressés des recommandations à cet effet. »

Ce ne sont que deux exemples mais on pourrait aisément les multiplier. Lisez la Constitution et vous verrez par vous-même ce qu’elle prépare ! Seul le NON pourrait nous permettre de renégocier en position de force.

Parce que le NON est synonyme de reprise en main de notre destin, de mouvement, Cette fois c’est NON !

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