Une tribune pour les luttes

Le problème de la récidive, c’est que la prison n’est pas la solution !

+ Communiqué de la CNCDH du 21 février 2013 / Lutte contre la récidive : pour une approche globale

Article mis en ligne le vendredi 1er mars 2013


Communiqué de presse de la CNCDH du 21 février

Lutte contre la récidive : pour une approche globale

http://www.cncdh.fr/node/837

« La conférence de consensus est une chance à ne pas laisser passer. Les attentes sont si fortes, tant du
côté de la société civile, des autorités, que des détenus eux-mêmes, qu’il est absolument nécessaire d’y
répondre et d’opérer un changement du système en profondeur, en cessant d’invoquer le concept de
dangerosité et d’aménager la loi à dose homéopathique ».
Christine Lazerges, Présidente de la CNCDH

Paris, jeudi 21 février 2012 - Alors que le Gouvernement cherche à rénover le système pénal français, la
CNCDH rend aujourd’hui public son avis et ses recommandations concernant la prévention de la récidive.
Cet avis rejoint très largement les conclusions de la conférence de consensus, à laquelle la Présidente de
la CNCDH Christine Lazerges a participé, et va même au-delà, en proposant une approche globale du
phénomène.

Les dix dernières années, nettement marquées par un basculement vers une politique répressive et ce
qu’il est désormais commun d’appeler «  le tout carcéral », n’ont pas fourni de solutions satisfaisantes en
matière de lutte contre la récidive, au point qu’une majorité des acteurs s’accorde à en dénoncer les
méfaits. Face à un système carcéral ayant aujourd’hui largement démontré ses limites, la CNCDH invite les
pouvoirs publics à envisager un changement de paradigme profond afin de concilier éducation, répression
et réinsertion. Au-delà du seul ministère de la Justice, la CNCDH appelle le Gouvernement à envisager une
approche intégrée associant notamment les ministères de la famille, de l’éducation nationale et de
l’intérieur, eux aussi pleinement concernés par la lutte efficace contre la récidive.

Les recommandations de la CNCDH pour lutter contre la récidive sont les suivantes :
Dépénaliser certains délits
Abolir les courtes peines et les peines-planchers
Créer une troisième peine de référence
Aménager progressivement les peines d’emprisonnement
Instaurer un numerus clausus
Améliorer la formation des policiers
Lutter contre le contrôle au faciès
Favoriser l’implantation de Maisons de la justice et du droit
Permettre une insertion sociale inclusive
Renforcer les dispositifs de soutien à la parentalité
_Lutter contre les inégalités scolaires
Garantir l’accès à la santé des prisonniers (y compris à la santé mentale)
Prévoir un accompagnement socio-éducatif des détenus dans et hors les murs
Offrir aux détenus des conditions d’enfermement dignes
Ouvrir les prisons aux services publics et aux associations

www.cncdh.fr


Les 14 et 15 février, la Conférence de consensus sur la prévention de la récidive a permis à l’ensemble des parties prenantes – magistrats, avocats, policiers, chercheurs – de faire le constat unanime de la faillite de cette politique de l’ultra-« sécuritaire » et du tout-carcéral. La Commission nationale consultative des droits de l’Homme, dans son avis rendu le 21 février, et le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, notamment dans son dernier Rapport paru le 25 février, ont pleinement confirmé cette évaluation et la nécessité de rompre avec ce cercle vicieux par lequel des gouvernants ont en réalité entretenu ce qu’ils prétendaient combattre.

Depuis de trop longues années, en France, les lois «  sécuritaires » s’empilent les unes sur les autres, les prisons se remplissent jusqu’à la surpopulation et aux condamnations de la France pour traitement inhumain et dégradant… et ni le sentiment d’insécurité, ni la crainte devant les risques de récidive ne reculent, bien au contraire. _ On disait c’est la prison ou la récidive, et nous avons eu la prison et la récidive.

La Ligue des droits de l’Homme considère que les constats et les propositions formulées par ces instances, appuyées sur des analyses qu’aucun observateur sérieux n’a pu contester, ouvrent la voie à une autre politique qui réduirait cette fois efficacement les risques de récidive tout en respectant les droits et la dignité de tous.

Rompre avec l’inflation pénale et pénitentiaire sans limites raisonnables ; développer les sanctions alternatives à l’emprisonnement pour les petits délits ; en finir avec des conditions de détention contraires à la dignité humaine, qui amplifient massivement les risques de récidive ; faire des prisons des lieux de respect du droit et des droits, d’accès aux services publics et aux outils de réinsertion ; dégager les moyens d’un accompagnement effectif des fins de peine en milieu ouvert et des sorties de prison : c’est agir à la fois pour le respect des droits des personnes détenues, pour l’utilité du travail des agents du service public pénitentiaire, et aussi protéger, cette fois réellement, l’ensemble de la société contre les risques d’une récidive, dont on sait ce qui y mène si souvent aujourd’hui.

La Garde des Sceaux le disait il y a peu : «  Nos prisons sont pleines, mais vides de sens  ». La République ne peut continuer à tolérer cette situation indigne et dangereuse. La LDH demande que les pouvoirs publics mettent en œuvre sans tarder le changement qui s’impose et ne tergiverse pas sur les moyens budgétaires et humains pour un résultat tangible et donc rapide.

Paris, le 28 février 2013

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