Une tribune pour les luttes

Quartiers Nord/Quartiers Forts

La traversée du futur Désert Sanitaire Marseillais.

Article mis en ligne le jeudi 14 mars 2013

L’égalité est un concept central dans une société qui se veut démocratique. L’accès aux droits fondamentaux ne doit souffrir aucune exception, aucune asymétrie, aucun arrangement !

Nous ne sommes pas naïfs au point de croire que ce que nous vivons dans les quartiers populaires de France se rapproche de près ou de loin à cette définition. Nous savons la somme des injustices que nous subissons, nous l’avons intégré à notre corps défendant.

Pourtant nous vivons encore, nous remuons toujours. Nos enfants, nos parents, nos voisins, nos amis ont besoin de soins de qualité, d’un réseau de santé à la mesure de la demande et de la population qui vit dans ces quartiers.

Il semble que les responsables politiques et techniques ne craignent pas de rajouter une difficulté supplémentaire à la barque déjà bien lourde de nos préoccupations quotidiennes :

Dans les quartiers nord de Marseille tout le monde connait l’Hôpital Laveran, La clinique Beauregard et le centre de soins Paul Paret. Tout le monde a eu à fréquenter ces établissements par le biais des urgences, des soins dentaires, des hospitalisations ou des visites heureuses ou malheureuses.

Les problématiques sont différentes pour chacune de ces entités, mais au final la menace de désertification sanitaire de ces quartiers réunit leurs destins. Laveran est menacé de fermeture à l’horizon 2014 pour des raisons d’austérité budgétaire, Paul Paret subit les affres de la course à la rentabilité et Beauregard est au centre d’un imbroglio politico-financier dont les tenants et les aboutissants restent obscurs.

Attardons nous sur le cas « Beauregard » : 2500 accouchements/an, 15000 urgences, un pôle cancérologie, cardiologie et gynécologie de pointe avec des équipes médicales et paramédicales hyper compétentes. Beauregard c’est un hôpital privé de proximité qui prend en charge 33% de CMU. Les patients viennent indifféremment du 13ème, 4ème, 11ème, 14ème et 12ème arrondissement de Marseille, mais aussi d’Allauch et de Plan de Cuques. Soit un bassin de population d’environ 250000 personnes. Une clinique qui ne perd pas d’argent et qui, de par son implantation au cœur des quartiers nord de Marseille parvenait à « homogénéiser » la carte sanitaire marseillaise.

Pour l’heure, la rumeur grandit et en lieu et place du «  rapprochement » avec le futur Hôpital Européen (Joliette), ce que craignent les médecins et le personnel de Beauregard c’est le siphonage des lits et des activités « lucratives ». Ne serait conservée que la maternité sur site ! Pour le dire autrement c’est un enterrement dans le silence qui est programmé pour Beauregard.

Au-delà des considérations économiques, qui ne nous intéressent que très relativement, parce que nous pensons que la santé a un coût mais pas de prix, c’est la réflexion qui a régit les décisions, les soutiens et les autorisations prises. Outre l’opacité coutumière des ces « transactions », nous ne comprenons pas comment la menace de désert sanitaire n’est pas entrée dans le logiciel de calcul des décideurs ? Comment ont-ils pu ne pas penser aux populations qui vivent déjà dans l’inégalité face au travail, à l’emploi, au logement pour leur rajouter une inégalité de traitement face à l’accès aux soins ?

Beauregard c’est 15000 urgences/an, Laveran 20000 urgences /an, Paul Paret des milliers de patient. Où iront ces patients alors que les urgences de ces trois centres sont déjà saturées, sachant que l’hôpital Nord fonctionne à plein régime 365J/an et que par le biais de son Directeur Général l’APHM a fait savoir qu’elle était incapable d’absorber le surplus d’activité inhérent à la fermeture du seul Beauregard. Nous demandons aux génies de la finance qui ne voient dans la Santé qu’un marché comme un autre de répondre à cette question toute simple : quid des patients et de leurs familles ?

Mais la finance ne peut rien sans la mansuétude politique et si la responsabilité de l’ancien gouvernement et du Maire de Marseille est évidente dans cette histoire, ou est le fameux changement ? Dénoncer les fautes des autres ne rend pas plus « vertueux » celui qui ne fait rien ou qui, par commodité, dit ne rien pouvoir faire ! Nous attendons des explications de l’ARS* et de la ministre de la santé, nous attendons que les ténors de la politique marseillaise s’implique par les actes dans la défense des droits de leurs administrés ! Il en va de la santé de plusieurs milliers de marseillais, ce débat ne peut pas avoir lieu dans les salons et les couloirs feutrés de certaines institutions ou de certaine s entreprises. La santé fait partie du projet de société que nous déciderons de choisir, elle fait parie du débat public, c’est aux marseillaise et aux marseillais de choisir le type de santé qu’il s veulent.

Nous réitérons notre soutien absolu aux salariés de Beauregard, aux personnels de Laveran et de Paul Paret. Nous réaffirmons notre solidarité aux habitants de nos quartiers qui seront de nouveau durement impactés par des décisions arbitraires ne reposant que sur la rentabilité et la cupidité. La santé est une des conditions de l’Egalité, nous exhortons nos concitoyens à se battre pour ne pas, encore une fois, être les victimes de la marchandisation tout azimut de nos vies.

Quartiers Nord/Quartiers Forts

Marseille, le 7 Mars 2013

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