Une tribune pour les luttes

"La politique du mépris, du racisme, de l’exclusion brutale, de la négation des droits les plus élémentaires continue."

"L’accompagnement social" des familles vivant en bidonvilles vu par Manuel Valls et le préfet Lambert : de nouvelles familles jetées à la rue

Communiqués

Article mis en ligne le jeudi 30 mai 2013


Communiqué commun du 29 mai 2013

"L’accompagnement social" des familles vivant en bidonvilles vu par Manuel Valls et le préfet Lambert : des familles jetées à la rue

Les expulsions et destructions de bidonvilles se succèdent à Saint-Denis comme dans le reste de la France. Le 15 mai, un bidonville proche du quartier des Cosmonautes était expulsé, ainsi qu’un deuxième près du Fort de l’Est. Mardi matin (28 mai), c’était le tour d’un terrain de la Porte de Paris à Saint-Denis, plus de 200 personnes étant ainsi jetées à la rue, leurs cabanes et leurs biens réduits en charpie par les bulldozers. Jeudi matin, une nouvelle expulsion Porte de Paris est prévue : ce seront 200 hommes, femmes et enfants de plus jetés dehors sans solution. Plusieurs autres terrains sont menacés d’expulsion dans les semaines ou les mois à venir... Que deviennent les familles ? où vont-elles s’abriter ? comment poursuivre un accompagnement médical ou vers la scolarité ? aucune réponse de ce côté là... Les bidonvilles ne sont pas un logement digne ? bien sûr, mais la rue est bien pire !

La préfecture considère avoir appliqué la circulaire du 26 août 2012, qui prévoit un diagnostic et un accompagnement social en amont des expulsions... Le résultat de ce diagnostic ? pour plus de 200 personnes jetées à la rue, 3 familles et deux personnes malades prises en charge pour un hébergement d’urgence (temporaire) en hôtel... Ce type de "diagnostic social" vu par les familles et les associations de soutien : un simple alibi, un tour de passe-passe pour dire que la circulaire est appliquée, et aucune recherche réelle de solution ! La politique du mépris, du racisme, de l’exclusion brutale, de la négation des droits les plus élémentaires continue.

Pourtant, des solutions existent : la réquisition des logements et bâtiment vides pourrait être une premier pas pour reloger de façon provisoire tous les mal-logés, qu’ils soient Rroms, français ou immigrés d’autres pays. Une vraie politique de construction de logement social est bien sûr également indispensable pour faire face à l’immense pénurie de logement, notamment en Île-de-France.

Quelques jours après une manifestation régionale à Paris rassemblant des familles Rroms de toute l’Île-de-France et plus de cinquante associations collectifs et organisations politiques, on peut ne peut que constater que les revendications n’ont manifestement pas été entendues... Les familles et les associations poursuivront donc leur mobilisation, pour exiger, enfin, un changement de politique !


PAS D’EXPULSION SANS RELOGEMENT !

Saint-Denis, 29 mai 2013

Premiers signataires :

Associations et collectifs : Association Rromeurope, Association de Solidarité en Essonne avec les Familles Roumaines et Roms (ASEFRR), Collectif de soutien aux Rroms et Bulgares turcophones de Bobigny, Compagnie Jolie Môme, Droit Au Logement (DAL), LDH Saint-Denis Plaine Commune, LDH 93, La Voix des Rroms, MRAP Saint-Denis, MRAP 93, Merilin dans notre Ville (Noisy-le-Sec) , RESF Saint-Denis, Réseau 1427 (Saint-Denis)

Organisations politiques : Alternative Libertaire (AL), Europe Écologie - Les Verts Saint-Denis, Europe Écologie - Les Verts 93 (EELV), Fédération pour une alternative sociale et écologique (FASE) Saint-Denis, FASE 93, Gauche Anticapitaliste (GA), Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA)



Environ 200 Rroms ont été expulsés hier matin à Saint-Denis,

Communiqué de la Voix des Rroms

Les effets pervers de la circulaire du 26 août 2012
La circulaire "relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites", signée par 7 ministres le 26 août 2012 n’est qu’enfumage. La politique amorcée par Nicolas Sarkozy au début des années 2000 est poursuivie par le gouvernement actuel. Le seul changement est dans les fumigènes utilisés, dont cette circulaire fait partie. Explications ici :

Environ 200 Rroms ont été expulsés hier matin à Saint-Denis, Porte de Paris. Dans la soirée, après une manifestation devant la sous-préfecture et la mairie, la préfecture du département a dit pouvoir répondre par des hébergements à l’hôtel pour seulement 3 familles et deux adultes malades.

Une circulaire du 26 août 2012 "relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites" invite les préfectures à mener des diagnostics sociaux afin de répondre globalement à chaque situation lorsqu’un bidonville est expulsé, et ceci le plus en amont possible. En pratique, et c’est confirmé une fois de plus ici, la fameuse "réponse" consiste en un hébergement à l’hôtel pour quelques nuits. Pour ce groupe de familles expulsées hier, la préfecture dit qu’un tel hébergement a été proposé pendant le diagnostic social, réalisé par GIP (groupement d’intérêt publique) Habitat il y a quelques semaines, mais que personne n’avait demandé un tel hébergement. Et pour cause, pourquoi demander aller à un hôtel dont on ne sait pas où il se situe, mais dont on sait pertinemment qu’il sera loin, qu’on ne pourra pas y cuisiner, qu’il faudra prendre ses repères autour et qu’on n’y restera pas plus que quelques nuits, lorsqu’on est dans la baraque qu’on a construit soi même dans une ville qu’on connaît et où on se sent chez soi ?

Cet événement, comme d’autres, pose la question de la circulaire du 26 août 2012 "relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites". A quoi sert-elle en réalité ?

D’abord, elle a servi à rassurer la Commission européenne, qui avait mis encore sous surveillance la France lorsque, l’été dernier M. Valls a déclaré vouloir poursuivre le "démantèlement des campements illicites", terminologie créée par Brice Hortefeux en 2010. Avec cette circulaire, assez vague, le gouvernement français montre à la Commission européenne que sa politique respecte la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne. La Commission européenne sera-t-elle dupe ?

Ensuite, la circulaire permet de continuer la politique menée depuis longtemps en la matière. Cette politique combine démagogie tsiganophobe et gaspillage de l’argent public. Depuis plus d’un an, le ministre de l’intérieur Manuel Valls persiste à créer des tensions en répétant à l’envi que les riverains de ces "campements illicites", qui se situent dans des "quartiers populaires" sont "exaspérés" et "excédés". Il cite en exemple de cette exaspération des incendies dont précisément, la police n’a jamais pu établir la cause. Dans les rues, dans les magasins, partout, le rejet raciste des Rroms est de plus en plus palpable, nourri par ce type de discours.

En plus du racisme qui la sous-tend et qu’en même temps elle suscite, cette politique est désastreuse financièrement parlant. M. Valls se vante d’avoir supprimé l’"aide au retour humanitaire", qui avait selon lui "des effets pervers" et qui en fait était perverse dans les raisons qui ont mené à sa création. Il ne faut en effet pas oublier que les premiers "demandeurs" de cette aide signaient la demande dans des autocars affrétés par l’Etat pour partir vers Bucarest, sous la menace de passer quelques jours ou semaines en centre de rétention et d’être expulsés en avion sans les 300 euros proposés. Autre gouvernement, autre temps, autre méthodes : Il faut consommer en France et français avant tout !

Avant, les 300 Euros étaient dépensés en Roumanie, y compris les 100 dédiés au retour en France en autocar. Désormais, l’argent français est bien dépensé en France. Il va aux caisses des opérateurs de l’Etat chargés de faire les diagnostics sociaux et aux hôteliers qui hébergeront quelques nuits quelques Rroms expulsés de leurs habitations.

Dans le département de la Seine-Saint-Denis (93), l’un des moins chers, le tarif pratiqué par les hôteliers pour l’hébergement d’urgence est de 37 euros par personne et par nuit, soit bien plus cher que le prix pratiqué en temps normal, et fixé par chambre, pas par personne. L’hébergement à l’hôtel est une mise à l’abri, toujours provisoire. Généralement, il est maintenu pour 2-3 nuits.

La France devrait avoir honte de ceux qui la dirigent. Marianne, si elle était en chair et en os, serait la femme la plus malmenée de France et de Navarre, et même au-delà. Et ce n’est certainement pas les Rroms qui sont responsables. Ils ne sont qu’une carte avec laquelle les autorités et leurs alliés jouent un sale jeu de poker, où les enjeux sont complètement étrangers aux Rroms. Il y a d’autres cartes dans ce sale jeu : les mal-logés, les chômeurs, les sans-papiers... le jour où ces cartes deviendront des joueurs, ils pourront casser le jeu et construire le vivre ensemble.

Saimir MILE

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