Une tribune pour les luttes

« Nous, on ne peut rien faire du fond de notre cellule... »

Communiqué sur la situation des détenues à la MAF de Seysses

Des habitant-e-s de Toulouse solidaires, le journal l’envolée, l’émission bruit de tôle, le Comité d’Autodéfense Juridique...

Article mis en ligne le mercredi 12 juin 2013

bonjour,
ce témoignage nous est parvenu aujourd’hui suite à la médiatisation des conditions de détention à Seysses, nous vous le faisons donc passer.

Bonjour canal sud,

je vous écris pour apporter mon témoignage au sujet des mauvais
traitements dénoncés à la M.A.F. de Seysses. J’ai été incarcérée pendant
quelques mois dans cette prison il y a peu de temps et je ne peux que
confirmer ce que disent les détenues dans leurs courriers.

Durant cette période d’enfermement j’ai assisté et/ou vécu plusieurs
scènes dont je vous fais une liste, non exhaustive, ci-dessous :
- régulièrement et pour des raisons injustifiées les parloirs sont annulés alors que les familles sont là et à l’heure.
- les surveillantes lisent tout les courriers avant de les distribuer et divulguent volontairement leurs contenus à qui veut bien les entendre. -
- une détenue malade a été privée de nourriture parce que les
surveillantes exigeaient qu’elle se lève elle-même pour prendre le plateau repas que sa codétenue était prête à lui récupérer pour l’aider.
- les infirmier-es et médecins ne respectent pas le secret médical et divulguent
des informations non nécessaires aux surveillantes.
- une détenue a attendu près d’un mois avant de pouvoir subir l’intervention dont elle avait besoin, elle a faillit faire une septicémie tellement la prison a mis de temps à l’envoyer à l’hôpital.
- alors que les femmes blanches et parlant français sont appelées par leur nom, les autres sont bien souvent désignées par leur nationalité ou région
d’origine.
- il n’y a aucun moyen de traduction mis en place par l’A.P, qui ainsi exclut la possibilité aux non francophones d’accéder aux même droits que les autres.
- après chaque parloir les surveillantes effectuent une fouille totale à nu automatiquement sur chacune des détenues alors que cela n’est pas obligatoire. la fouille se fait dans un recoin mais tout le monde peut voir. C’est une pratique non nécessaire et rabaissante.
- certaines détenues attendent plus d’un mois pour recevoir les repas adaptés à leur régime alimentaire.
- les surveillantes, soit parce qu’elles ont la flemme de faire leur travail, soit simplement par vengeance, pratiquent la technique de l’oubli, c’est à dire qu’elle laissent les détenues dans la salle d’attente parfois pendant des heures (où il n’y a rien, ni toilette, ni eau, ni occupation)
... et j’en passe...

Ce peut paraître des détails mais lorsqu’on est privée de liberté les proportions ne sont pas les mêmes. Ce qui est certain c’est que les surveillantes exercent leur toute puissance sur les détenu-es de manière arbitraire et font preuve de sadisme, et qu’elle bénéficient de la complicité de la direction qui les couvre. Je ne suis donc pas surprise que les problèmes à la M.A.F soient niés en bloc par l’A.P, qui en plus en profite lâchement pour pleurnicher sur ses conditions de travail. Si je vous écrit aujourd’hui c’est pour soutenir ces détenues et dans l’espoir que les média arrêtent de mettre en doute leurs propos.

Vous comprendrez que je ne signe pas de mon nom


Mis en ligne le 8 juin sur le site de Mille Bâbords

« Nous, on ne peut rien faire du fond de notre cellule. Voilà pourquoi je vous demande de nous aider pour que nos conditions de détentions soient justes. » Une détenue de la prison de Seysses 30 mai 2013

Nous avons reçu un cri d’alarme depuis le quartier des femmes de la prison de Seysses. C’est la seconde fois, en moins d’un mois, que nous recevons des courriers sur les mauvais traitements subis par les femmes dans cette maison d’arrêt. Ces informations nous sont transmises anonymement ce qui en soi témoigne de la peur qui règne dans la détention, les détenues craignant des sanctions. L’enfermement suffit à la peine il n’est pas besoin d’y rajouter brimades, refus de soin et violences.
Combien de tels agissements sont-ils monnaie courante ?
Deux femmes ont entamé une grève de la faim. Plusieurs autres ont refusé par solidarité de prendre leur plateaux repas malgré les pressions des gardiennes. L’une des grévistes, qui avait pris 25 jours de mitard après avoir été passée à tabac à deux reprises, a été transférée à Fresnes, mais le climat en détention reste le même.

Des habitant-e-s de Toulouse solidaires, le journal l’envolée, l’émission bruit de tôle, le Comité d’Autodéfense Juridique...


MAF de Seysses, 
le jeudi 30 mai 2013

Madame, Monsieur de la radio

Je viens à vous pour dénoncer les maltraitances que l’on subit à la MAF de Seysses, que ce soit en tant que spectatrice qu’en tant que persécutée.
Tout d’abord, il y a 4-5 jours, une détenue basque espagnole que les surveillantes provoquent très souvent verbalement ! Donc notre collègue détenue Iti a demandé gentiment aux surveillantes de ne pas la tutoyer, que le respect doit être dans les deux sens, enfin voila, le ton est monté et Iti a été passée à tabac, coups de pieds dans le ventre, etc. De là ils l’ont jetée comme un chien au mitard (cellule disciplinaire). Il y fait très froid dans cette cellule, elle a réclamé une couverture et ils ne lui ont pas donné. Aussi, le lendemain Iti a été vue par le médecin à qui elle a fait part qu’elle était indisposée et qu’elle n’a rien, ni serviette ni papier toilette. Le médecin lui a donné de l’essuie-tout, ne serait-ce que pour l’hygiène, et en la remontant au mitard les surveillantes lui ont confisqué l’essuie tout. Iti a fait part de son mécontentement et, hélas, les surveillantes l’ont repassée à tabac. Résultat ils lui ont mis 25 jours de mitard dans des conditions inhumaines, sans hygiène, elle a froid, et pour faire valoir ses droits la pauvre Iti fait la grève de la faim avec une amie qui elle aussi fait une grève de la faim. Et pour les détenues qui ont tout entendu ou qui ne sont tout simplement pas d’accord avec leur façon tortionnaire, les détenues qui font un refus de plateau (de prendre le manger aux heures de repas), les surveillantes nous font comprendre qu’on a pas intérêt, elle nous dissuadent en nous faisant comprendre qu’il vaut mieux pas s’en mêler.
Madame, monsieur de la radio il faut faire quelque chose et vous aussi chers auditeurs, auditrices,aidez-nous à ce que les choses changent. Les surveillantes se comportent pire que les détenues, elles nous mettent la pression, l’humiliation, elles jouent avec nous. Par exemple, hier, une maman était venue voir sa fille, et parce que cette vieille dame sonnait au portique à cause de son soutien-gorge - cette dame à même proposé d’enlever son soutien-gorge - malgré ça ils lui ont fait faire demi-tour et rentrer chez elle. Cette dame n’a pas de voiture, elle prend le bus, et la prison est à plus d’1h30
de la ville. Il y a aussi une jeune yougoslave qui a fait une fausse couche et qui n’a pas eu les soins adéquats, il y a aussi une détenue qui a été fouillée abusivement, elle l’a ressenti comme un viol et cela trois fois dans une pièce différente en interrompant son parloir. Je peux citer beaucoup d’autres abus. Nous sommes des détenues, pas animaux !
Il faut sincèrement que l’on nous aide. Nous, on ne peut rien faire du fond de notre cellule. Voilà pourquoi je vous demande de nous aider pour que nos conditions de détentions soient justes. Merci de m’avoir écouté, j’espère que ma lettre va pouvoir nous aider grâce à vous.
Merci.

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