Une tribune pour les luttes

Résister aujourd’hui

Dès le 17 juin 1940 plusieurs appels en réaction au discours de Pétain.

En 2013, les anciens résistants et Déportés survivants appellent les français de toutes tendances à résister encore.

Article mis en ligne le mardi 18 juin 2013

resister.aujourdhui chez gmail.com

www.resisteraujourdhui.blogspot.com
(en cours de reconstruction)

Le 16 juin 1940, Paul Reynaud démissionne, Pétain le remplace
Le 17 juin 1940 à 12H30, le maréchal Pétain, 84 ans, déclare d’une voix chevrotante :

Français !

A L’APPEL de Monsieur le Président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du Gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée qui lutte, avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires, contre un ennemi supérieur en nombre et en armes. Sûr que, par sa magnifique résistance, elle a rempli nos devoirs vis-à-vis de nos alliés. Sûr de l’appui des Anciens Combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le coeur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut tenter de cesser le combat.
Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’Honneur les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se groupent autour du Gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la Patrie.

Le jour même du discours de Pétain, quelques Français se disent "révulsés" comme Germaine Tillion, cofondatrice quelques semaines plus tard du premier réseau de résistance. Le soir même, Daniel Cordier, jeune maurrassien et futur secrétaire de Jean Moulin, rédige à Pau un tract "contre le traître Pétain". Le démocrate-chrétien Edmond Michelet et le communiste Charles Tillon font de même à Brive et à Bordeaux.
Le lendemain le Général De Gaulle lance son appel de Londres.

L’appel de Charles Tillon du 17 juin 1940 à Bordeaux-Gradignan

"Les gouvernements bourgeois ont livré à Hitler et à Mussolini : l’Espagne, l’Autriche,
l’Albanie et la Tchécoslovaquie... Et maintenant, ils livrent la France.
Ils ont tout trahi.
Après avoir livré les armées du Nord et de l’Est, après avoir livré Paris, ses usines, ses ouvriers, ils jugent pouvoir, avec le concours de Hitler , livrer le pays entier au fascisme.
Mais le peuple français ne veut pas de la misère, de l’esclavage, du fascisme.
Pas plus qu’il n’a voulu de la guerre des capitalistes.
Il est le nombre : uni, il sera la force.
Pour l’arrestation immédiate des traîtres
Pour un gouvernement populaire s’appuyant sur les masses, libérant les travailleurs, établissant la légalité du parti communiste, luttant contre le fascisme hitlérien et les 200 familles, s’entendant avec l’URSS pour une paix équitable, luttant pour l’indépendance nationale et prenant des mesures contre les organisations fascistes.
Peuple des usines, des champs, des magasins, des bureaux, commerçants, artisans et intellectuels, soldats, marins, aviateurs encore sous les armes,
UNISSEZ VOUS DANS L’ACTION !"
Charles Tillon
fondateur et commandant en chef des Francs Tireurs et Partisans Français (FTPF), soldats sans uniforme.


L’appel d’Edmond Michelet du 17 juin 1940 à Brive

Le 17, aidé d’un marchand de machines à écrire de Brive, Frédéric Malaure, Edmond Michelet polycopie un texte de Charles Péguy, extrait de L’Argent, qui comprend notamment ce passage :

« Celui qui ne se rend pas a raison contre celui qui se rend. En temps de guerre, celui qui ne se rend pas est mon homme quel qu’il soit, d’où qu’il vienne et quel que soit son parti. Celui qui rend une place ne sera jamais qu’un salaud, quand même il serait marguillier de sa paroisse… »

Puis, quand les deux hommes ont suffisamment d’exemplaires, ils contactent des amis sûrs, un professeur de lycée et quelques ouvriers, et, la nuit tombée, vont discrètement les distribuer leurs feuilles dans les boîtes aux lettres de Brive


L’appel de Daniel Cordier ( 19 ans) le 17 juin 1940 à Pau

« Les jeunes font appel à ceux de leurs camarades qui aiment la France, qui savent encore ce qu’elle représente et qui veulent sauver son âme. Ils leur demandent de se retrouver dans ce but. Groupons-nous. La France ne doit pas mourir. »

Germaine Tillion résiste dès le 17 juin 1940
révulsée par le discours de Pétain annonçant l’armistice, elle cherche dès le 17 juin à résister et participe à la fondation du Réseau du musée de l’homme, le tout premier des réseaux de la résistance. Dénoncée et arrêtée en 1942, elle est déportée l’année suivante à Ravensbrück où elle résiste en restant ethnographe et décrivant l’univers concentrationnaire.

L’appel du Général De Gaulle le 18 juin 1940 à Londres

 "Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement.
 Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s’est mis en rapport avec l’ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes, submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne, de l’ennemi.
 Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L’espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle n’est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l’Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l’Angleterre, utiliser sans limites l’immense industrie des Etats-Unis.
Cette guerre n’est pas limitée au territoire malheureux de notre pays. Cette guerre n’est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances, n’empêchent pas qu’il y a, dans l’univers, tous les moyens nécessaires pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd’hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l’avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, Général de Gaulle, actuellement à Londres, j’invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j’invite les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s’y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu’il arrive, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas.
Demain, comme aujourd’hui, je parlerai à la Radio de Londres."

Des français de toutes sensibilités ont su, dès 1940, résister et appeler à résister.

Jean Moulin créa le 27 mai 1943 le Conseil National de la Résistance réunifiant tous les acteurs de la résistance, mouvements de Résistance, syndicats et partis politiques
Heureusement, l’unité, péniblement acquise, va survivre à l’arrestation de Jean Moulin et l’outil qu’il a créé, malgré les coups de l’ennemi, va se perfectionner jusqu’à la veille de la Libération en adoptant le 15 mars 1944 le programme du Conseil National de la Résistance.

En 1994, des personnalités de tous horizons politiques ou confessionnels, de Lucie Aubrac à Jacques Chaban-Delmas, ont décidé de parrainer « Résister Aujourd’hui  » pour une mémoire vivante et partagée de la Résistance et de la Déportation.

En voyant en 2013, le démantèlement des acquis sociaux et culturels du programme du CNR pour lesquels nos aînés se sont battus parfois jusqu’au sacrifice suprême dans les maquis ou dans les camps de la mort les anciens résistants et Déportés survivants nous appellent les français de toutes tendances à résister encore.

En nous appuyant sur notre Comité de Parrainage, nous devons par tous les moyens exiger le respect de cette mémoire en résistant aujourd’hui à la banalisation des idées d’extrême droite, en défendant l’esprit et les valeurs du programme du Conseil National de la Résistance et en exigeant avec force et détermination l’application des lois de la République, la dissolution immédiate du groupe responsable du lynchage mortel de Clément Méric et des enquêtes approfondies sur tous les groupes extrémistes violents, en particulier ceux de la mouvance identitaire ainsi que leur interdiction si nécessaire.

« Résister Aujourd’hui » Aix en Provence le 18 juin 2013

Nous appelons toutes celles et tous ceux qui sont d’accord avec nos démarches de nous rejoindre en adhérant à l’aide du bulletin d’adhésion en pièce jointe.

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