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BASTA !

Aide aux entreprises : 456 000 dollars de subvention pour créer un emploi !
" Jack-pot pour Areva, Michelin ou Airbus"

Par Olivier Petitjean
Et en France ?

Article mis en ligne le mercredi 3 juillet 2013

http://www.bastamag.net/

(2 juillet 2013)

Aux États-Unis, les pouvoirs publics locaux dépensent des fortunes pour attirer usines et grands projets industriels. Un rapport décrypte ces « méga deals  » rapportés au nombre d’emplois créés. Parmi les heureux gagnants : des groupes français, dont Areva, soutenue à hauteur de 276 millions de dollars pour une usine créant 250 emplois !

Les États et collectivités locales américaines dépensent des dizaines de milliards de dollars en subventions et crédits d’impôts pour attirer les entreprises. Certains grands projets industriels, comme ceux de Boeing, General Motors, Nike ou Nissan, parviennent même à empocher à eux seuls des dizaines, voire des centaines de millions de dollars d’aides publiques. Des sommes faramineuses au regard du faible nombre d’emplois directs effectivement créés. Un rapport sur le sujet, publié le 19 juin, étudie 240 de ces « megadeals  » impliquant des aides publiques de plus de 75 millions de dollars au total. Résultat : pour ces grands projets, le coût moyen par emploi direct créé s’élève à pas moins de 456 000 dollars !

Le rapport - qui se concentre uniquement sur les aides accordées au niveau local, non sur les aides fédérales - est publié par Good Jobs First, une ONG américaine dédiée à la promotion de politiques de développement économique transparentes et responsables. L’ONG gère notamment une base de données recensant toutes les subventions et aides publiques – exonération de taxes foncières ou d’impôts, crédits à taux réduit,... – accordées aux entreprises, le Subsidy Tracker. Le secteur automobile est le principal bénéficiaire de ces aides. Le rapport souligne aussi que ces méga-subventions ont considérablement augmenté en volume et en importance depuis les débuts de la crise financière. Des conclusions qui rejoignent celles d’une enquête publiée il y a quelques mois par le New York Times.

Jack-pot pour Areva, Michelin ou Airbus

Sous couvert d’encourager l’investissement et la création d’emploi, on assisterait à une nouvelle forme insidieuse de transfert de richesse des pouvoirs publics vers le privé. De quoi inspirer le Medef et François Hollande en France, pour tenter de freiner la courbe du chômage à coups de millions ? On aimerait en tout cas pouvoir bénéficier de tels chiffres en ce qui concerne les aides publiques aux entreprises accordées en France, où l’opacité règne, aussi bien au niveau local que national.

Aux États-Unis, parmi les bénéficiaires de ces « megadeals  », se trouvent plusieurs entreprises françaises et leurs filiales américaines. Airbus a bénéficié de 158,5 millions de dollars pour son usine d’assemblage dans l’Alabama, avec 1 000 emplois à la clé, soit 158 500 dollars par emploi ! Michelin profite de 123 millions en Caroline du Sud, pour créer 500 emplois, soit 246 000 dollars par embauche ! Sans oublier Areva.

L’entreprise publique française aurait pu bénéficier d’aides et d’exonérations de 276 millions de dollars de l’État de l’Idaho en 2008 pour construire une usine d’enrichissement d’uranium – mais le projet est en stand-by [1] – avec à la clé, selon le rapport, 250 emplois créés. Soit plus d’un millions de dollars par emploi !

Parallèlement, Areva et ses filiales ont également touché plusieurs millions de subventions en Virginie et dans d’autres États. Et la firme nucléaire est impliquée dans la construction, pour le compte du gouvernement américain, d’une usine de MOX en Caroline du Sud. Ce projet attire de plus en plus l’attention de l’opinion publique en raison notamment de ses dépassements de budgets colossaux. Son coût total est désormais estimé à 7 milliards de dollars.

Olivier Petitjean / Observatoire des multinationales

[1] Laquelle n’existe toujours pas : la date de début des travaux ne cesse d’être repoussée. Il semble que malgré cette subvention, Areva ait du mal à boucler les financements nécessaires dans le contexte post-Fukushima.

Avec les liens :
http://www.bastamag.net/article3175.html

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