Une tribune pour les luttes

"{Quand on est contrôlé cent fois, la 101e fois, ça pète} ! ".

Encore un garçon de 14 ans qui a perdu l’usage d’un œil à cause du flashball des policiers.
L’ado a déposé plainte pour "tentative de meurtre aggravée"

Trappes : "L’erreur serait de réduire les événements à leur caractère religieux"

Article mis en ligne le jeudi 15 août 2013

Trappes : l’ado blessé à l’œil a porté plainte

Un adolescent de 14 ans blessé à un œil lors des échauffourées de la mi-juillet à Trappes, dans les Yvelines, a déposé plainte mardi pour "tentative de meurtre aggravée". Son avocat met en cause la police pour un tir présumé de flash-ball, arme dite à "létalité réduite". Cette plainte contre X vise également des faits "d’injure publique" en raison d’une appartenance religieuse et "apologie de crime". Le parquet de Versailles a confirmé avoir reçu la plainte.

Blessé à l’œil par un projectile. Le 20 juillet, le procureur de Versailles avait indiqué qu’un adolescent avait été blessé à l’œil par un projectile d’origine indéterminée lors des violences de la veille. Des témoins avaient évoqué un tir de flash-ball et une enquête confiée à la police des polices (IGPN).

"Ce coup aurait pu être mortel". Selon Me Raphaël Chiche, son avocat, l’adolescent a perdu définitivement l’usage de son œil. Le conseil raconte que le soir du 19 juillet, aux alentours de 20 heures, l’adolescent rentre du supermarché le plus proche de son domicile lorsqu’il s’arrête devant le commissariat pour observer les échauffourées. "A partir de là, les policiers ont décidé de charger les émeutiers. En courant, l’un d’entre eux a pris appui sur mon client, lequel a trébuché", explique l’avocat au micro d’Europe1. "C’est en se relevant, alors qu’il était par terre, que le policier a tiré un premier tir de flash-ball, dans le visage, qui a provoqué l’éborgnement de mon client. Il a pu esquiver un second coup parce qu’une personne l’a tiré de justesse. Ce coup aurait pu être mortel", assure-t-il.

L’adolescent, assure l’avocat, "a du mal à réaliser, du mal à comprendre qu’à 14 ans il ne verra plus que d’un œil, du mal à comprendre pourquoi il a été visé de manière délibérée. Parce que ce n’était pas une balle perdue. Pour le défenseur du jeune de Trappes, "le policier a délibérément choisit sa cible. Il y a intention d’homicide".

Une plainte en deux volets. Le chef de "tentative de meurtre aggravée" découle de l’action présumée d’un policier de viser "à deux reprises" l’adolescent "sur des zones sensibles", explique l’avocat. Le volet de la plainte contre X pour injure publique fait suite à des propos supposément tenus ensuite par un groupe de policiers à des passants à proximité d’une mosquée, leur demandant s’ils n’avaient pas vu par terre un "œil musulman". Enfin, la plainte vise également un policier auteur présumé de propos postés sur une page Facebook. Il est accusé d’apologie de crime pour avoir moqué la blessure de l’adolescent en ces termes : "il aura plus qu’un œil pour pleurer".

Par Marc-Antoine Bindler avec Jacques Thérence et AFP

Publié le 14 août 2013

lu sur : http://www.europe1.fr/Faits-divers/Trappes-l-ado-blesse-a-l-aeil-a-porte-plainte-1610469/


Mis en ligne le 26 juillet 2013

Trappes : l’ado blessé porte plainte contre la police

http://www.rue89.com/2013/07/26/tra...

Julien Mucchielli | Rue89

Le jeune garçon qui a perdu son œil suite à un tir de flashball vendredi dernier, à Trappes, va porter plainte auprès du parquet de Versailles.

Maître Raphaël Chiche, l’avocat de S., âgé de 14 ans – et qui sera représenté par sa mère car mineur – a indiqué à Rue89 que le document était en cours de rédaction et qu’il sera déposé en début de semaine prochaine sur le fondement « tentative d’homicide volontaire sur mineur de quinze ans », des faits passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. Il justifie ce choix :
« L’intention de l’homicide se détermine en fonction de l’utilisation de l’arme. Or, nous considérons que la victime a été visée délibérément au niveau du visage, avec une arme potentiellement létale.  »

Selon Maître Chiche, S. rentrait chez lui vers 20 ou 21h, après avoir fait des courses au centre commercial de quartier, quand il s’est arrêté, par curiosité, devant les échauffourées qui se déroulaient près du commissariat de Trappes :
« Lorsque la police charge, les émeutiers s’enfuient, et l’un d’eux bouscule le jeune garçon qui chute. C’est lorsqu’il se relève qu’il est touché à l’œil par une première balle, la seconde lui frôlant le crâne juste après que quelqu’un l’a tiré de là, lui évitant le tir de justesse. Pourquoi deux balles, d’ailleurs  ?
Il insiste sur le caractère fortuit de la présence du collégien, qui n’a “en aucun cas” fait partie des émeutiers dont l’avocat dénonce les actes :
“Mon client est irréprochable, et faisait partie d’un groupe de personnes intriguées par les événements, il allait rentrer chez lui pour le dîner du ramadan.”

L’avocat a également critiqué l’attitude de l’inspection générale de la police nationale (l’IGPN) :
“Ils sont venus l’interroger sur son lit d’hôpital, juste après le traumatisme que peut représenter une telle blessure. Il était en état de choc, et n’était pas en pleine possession de ses moyens”.

Il a également indiqué déposer une seconde plainte pour “apologie du crime d’atteinte volontaire à la vie” contre l’un des policiers, formellement “identifié”, ayant tenu des propos offensant à propos de ces événements.
Le fonctionnaire, dans une blague douteuse, avait estimé que la perte d’un œil n’était pas grave, “puisqu’il lui en reste un deuxième”.

Après l’IGPN, qui a diligenté une enquête pour éclaircir les circonstances du drame, et le défenseur des droits Dominique Baudis qui s’est également emparé de l’affaire lundi 22 juillet, c’est donc une troisième procédure qui va être lancée.

(...)


22 juillet 2013

Samedi 20 juillet, dans la matinée, une ambiance lourde régnait à Trappes, où le calme était revenu après que la ville a été secouée par des émeutes autour de son commissariat, dans la nuit de vendredi à samedi lors desquelles un garçon de 14 ans a perdu l’usage d’un œil à cause du flashball des policiers. Quelques CRS ont été blessés légèrement.

La veille, environ 400 personnes de la ville étaient venus réclamer la libération d’un Trappiste de 21 ans. Lequel avait été placé en garde à vue pour rébellion pour avoir sauté à la gorge, donné un coup de poing et tenté d’étrangler un policier qui contrôlait l’identité de sa femme, portant un voile intégral, près d’un Abribus, selon la police..
Une version policière infirmée par celle de la jeune mère de famille, qui a expliqué dans un communiqué transmis au Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) avoir "subi une injustice de la part de la police", qui aurait aussi bousculé sa mère et insulté son mari.

La police avait répliqué avec des grenades de dispersion et des gaz lacrymogènes. Quatre jeunes, âgés de 18 à 24 ans et interpellés ce soir-là, ont été écroués dimanche et seront jugés lundi devant le tribunal correctionnel de Versailles.


LE MONDE | 22.07.2013

"L’erreur serait de réduire les événements de Trappes à leur caractère religieux"
Hicham Benaissa, chercheur au Groupe sociétés, religions, laïcités du CNRS,

http://www.lemonde.fr/societe/artic...

Qu’est-ce qui explique, selon vous, cette soudaine flambée de violence ? Y a-t-il une spécificité de la communauté musulmane de Trappes, ou ces événements auraient-ils pu éclater ailleurs ?

Hicham Benaissa Il n’y a pas vraiment de particularité de la communauté musulmane de Trappes, et ces événements auraient très bien pu se produire à un autre endroit. Deux facteurs peuvent expliquer ce qui s’est passé. Le premier est conjoncturel. Nous traversons une période où de nombreux musulmans en France considèrent que l’islamophobie n’est pas réellement prise en compte par les pouvoirs publics. Il y a eu plusieurs agressions à caractère islamophobe ces derniers temps. Une grande partie de la communauté musulmane trouve que ces faits ne sont pas assez relayés dans les médias et pas condamnés assez fermement par les responsables politiques.

Il en découle une grande défiance vers l’extérieur et vis-à-vis des autorités. Ce n’est d’ailleurs pas anodin que les incidents commencent après un contrôle de police.

Le deuxième aspect est d’ordre structurel. La question religieuse vient ici habiller des questions sociales beaucoup plus enracinées. Il y a un sentiment de marginalisation dans ces quartiers, avec un taux de chômage élevé, une délinquance présente. La question religieuse et celle de l’islamophobie viennent renforcer ce sentiment d’injustice. Il me semble que le conjoncturel est inséparable du structurel.

Faut-il n’y voir que l’oeuvre d’une petite frange de musulmans radicaux qui défendent le droit de porter le niqab ?

Dans ce type d’événements, on retrouve des personnes très différentes. Il y a des jeunes très religieux, et d’autres qui ne le sont que très vaguement. Cela dépasse la simple question du niqab. La religion joue ici le rôle de structure unificatrice, mais le malaise qui s’exprime est plus profond.

Comment les musulmans vivent-ils ces événements ? Craignent-ils d’être davantage stigmatisés ?

Sociologiquement, on ne peut pas parler des "musulmans" d’une manière générale. On peut retrouver des réactions très diverses face à ces événements, même si la majorité d’entre eux condamnent ces actes de violence. Néanmoins, on peut observer chez la plupart des musulmans un consensus tacite autour de l’idée que les actes islamophobes ne sont pas suffisamment condamnés et d’un traitement "deux poids deux mesures". C’est parce que certains d’entre eux se sentent déjà stigmatisés qu’ils se stigmatisent encore davantage.

La loi de 2011 qui interdit le port du niqab sur la voie publique est-elle acceptée par les musulmans et joue-t-elle un rôle dans le malaise que vous évoquez ?

La loi sur le niqab n’est pas perçue de façon monolithique par les musulmans. Certains considèrent que c’était une bonne chose de l’interdire. Pour beaucoup de musulmans, ça ne correspond de toute façon pas à leurs coutumes et à leurs pratiques religieuses, le voile intégral étant issu de la tradition arabique. Ils n’ont donc pas l’habitude d’en voir dans leurs pays d’origine.

Mais pour d’autres, cette loi a pu être perçue, dans le contexte actuel, comme un geste de défiance supplémentaire de la part des autorités envers les musulmans de France, vu le peu de femmes concernées.

Ces événements ont lieu en plein mois de ramadan. Les échauffourées ont d’ailleurs éclaté après la rupture du jeûne. Est-ce un élément important ?

Oui, c’est sans doute un facteur à prendre en compte. Il peut agir comme facteur d’apaisement. Pendant le ramadan, tout acte de violence est condamné. Néanmoins, il peut également provoquer de la ferveur dans les actes et les discours. Le contexte religieux ajoute un supplément d’émotions à la question sociale.

L’erreur serait de réduire cet événement à son évidence première, c’est-à-dire à son caractère religieux. Il est indissociable des dimensions conjoncturelle et structurelle évoquées. Persister à ne voir que du religieux ou du communautaire, c’est repousser le problème à plus tard.

Nicolas Chapuis


http://www.rue89.com/2013/07/22/trappes-facebook-forum-policiers-a-gachette-facile-244435

22/07/2013
Trappes : sur Facebook, un forum de policiers a la gâchette facile

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