Une tribune pour les luttes

Approches Cultures & Territoires

1983-2013 : la Marche pour l’égalité et contre le racisme

dossier
+ Acte de désobéissance civique, pourquoi je ne reçois pas M. Le Ministre François Lamy ? Toumi DJAIDA

Article mis en ligne le jeudi 17 octobre 2013


Mémoire en marche : L’histoire de vos parents, 30 ans après

http://www.lamarseillaise.fr/marseille/marseille-education/item/24002-memoire-en-marche-lhistoire-de-vos-parents-30-ans-apres

vendredi 18 octobre 2013

A l’occasion des 30 ans de la marche pour l’égalité et contre le racisme, le collectif « Mémoires en marche » a accueilli hier dans l’amphithéâtre du collège Henri-Wallon, le collectif ACLEFEU qui a créé une caravane itinérante et sillonne les villes, autrefois parcoures par « la marche ».

Ce périple a conduit la caravane à partir à la rencontre des collégiens d’Henri-Wallon dans les quartiers Nord de Marseille. Qu’ils aient participé ou pas à la marche, comme Leïla Yahiaoui Tadros, qui trouvait le mouvement pas assez politique mais a eu envie par la suite de s’engager dans l’associatif, le syndicalisme et s’est retrouvée tout naturellement dans le collectif «  Mémoire en marche  » aux côtés de Soraya, 30 ans, Zohra Bouknouchen et Raïb Settita, tous deux marcheurs, venus témoigner, 30 ans après le début de la marche. «  On s’est dit qu’il y avait un manque par rapport à cette histoire. Une perte d’information pour cette nouvelle génération, dont les parents, grand-parents ont gardé le silence pour protéger leurs enfants. » Avant que ne soit projeté un court extrait du film de Mogniss H. Abdallah, Douce France Leïla rappelle que «  c’est le mouvement Touche pas à mon pote qui a entraîné la fin du mouvement. A l’époque, un noir ou un basané vivait l’injustice, même ceux qui étaient nés en France pouvaient être expusables. » Raïb, qui avait 17 ans au moment de la marche, raconte : «  Nous habitions comme les Roms dans des baraques. On ne se posait pas trop de questions. On a décidé de marcher parce que nous en avions marre.  » Et Zohra d’insister : « Nos parents étaient Français, car l’Algérie était française mais on nous considérait comme des sous-hommes. Si vous êtes là, c’est parce qu’il y a eu des luttes, parce qu’un jour, on en a eu marre de se faire tirer dessus. On est là pour vous transmettre cette histoire. Et lorsque vous voyez un Rom rappelez-vous. La vie est tellement misérable. On est tous le raciste de quelqu’un d’autre. »

(...)

C.W.


Le 15 octobre 1983 marque le départ de la Marche pour l’égalité et contre le racisme à partir du quartier de la Cayolle à Marseille.

Elle arrive à Paris le 3 décembre 1983 et reste un symbole majeur de l’apparition des héritiers de l’immigration postcoloniale dans l’espace public français.

À l’occasion des 30 ans, nous vous proposons de revenir sur ce tournant de l’histoire, passage d’une époque à une autre pour « les enfants illégitimes » mais aussi pour la société française dans son ensemble.

Si le traitement médiatique de cet événement est connu, on en sait assez peu sur les marcheurs, la démarche collective et les moyens mobilisés pour dénoncer cette « violence légale ».

Trente ans après la Marche pour l’égalité et contre le racisme, la réflexion et la mobilisation se poursuivent au niveau local grâce notamment au collectif « Mémoire en marche » de Marseille mais aussi au niveau national à travers de nombreux rassemblements pour réfléchir autour de la complexité de cet événement dont les messages d’égalité et de fraternité résonnent encore aujourd’hui.

> Le 16 octobre, à l’occasion de la rencontre interrégionale des réseaux histoire-mémoire, une table ronde aura lieu autour de la mémoire de la Marche de 1983.

> Le 18 octobre, la caravane ACLEFEU à Marseille avec le collectif « Mémoire en marche ».

Vénissieux, Marseille. Hier, aujourd’hui.

Minguettes 1983, paix sociale ou pacificiation ?
Reportage vidéo de l’agence IM’média, 1983

Marseille 1983-2013 : matériaux pour une histoire en marche
Article de Ramzi Tadros, Rachida Brahim, Soraya Guendouz-Arab, Migrance, n°41, 2013 (accès payant)

Des « marcheurs » de 1983 aux « émeutiers » de 2005 Deux générations sociales d’enfants d’immigrés
Article de Stéphane Beaud et Olivier Masclet, Annales. Histoire, Sciences sociales, 2006/4

Mobilisation et visibilité

Les beurs dans la cité
Article de Rémy Leveau, Vingtième Siècle, n°44, 1994

Les « beurs », les « potes ». Identités culturelles et conduites politiques
Article d’Olivier Dabène, Politix, Vol. 3 n°12, 1990.

L’action association des jeunes maghrébins. Entre affirmation d’un droit de cité et pratiques urbaines
Article d’Alain Battegay et Ahmed Boubeker, Annales de la recherche urbaine, n°89, juin 2001

La beurgeoisie
Article de Catherine Withol de Wenden, Empan, 2008/3

Exister, c’est exister politiquement
Extrait du livre d’Abdelmalek Sayad L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, Raisons d’agir, 2006

Crise des banlieues ou crise de société ?

Marche pour l’égalité, une mémoire à restaurer
Article de Mogniss H. Abdallah, Hommes et Migrations, n°1247, janvier-février 2004

L’échec du « modèle républicain » ? Réflexion d’une sociologue
Article de Dominique Schnapper, Annales. Histoire, Sciences sociales, 2006/4

La construction médiatique des « malaises sociaux »
Article de Patrick Champagne, Actes de la recherche en sciences sociales, 1991

Des désordres sociaux à la violence urbaine
Article d’Annie Collovald, Actes de la recherche en sciences sociales, 2001


Lundi 14 octobre 2013

Cette journée est très symbolique puisque c’est la date du trentième anniversaire de la marche de l’égalité (plus connue par le grand public sous le nom de "marche des beurs"). La ville de Vénissieux devait dévoiler une plaque commémorative, Place Rouge dans le quartier Montmousseau, en présence de Toumi DJAIDJA. Ce devait être un moment d’échange entre des anciens marcheurs lyonnais et le ministre. C’est dans cette ville que la marche a vu le jour. Tout a commencé, en 1983 le jour où Toumi DJAIDJA, alors président de l’association SOS Minguettes, se fait tirer dessus, à bout portant, par un policier. En sortant du coma, il décide avec le Père Delorme d’initier une marche symbolique, sans prendre réellement conscience de l’ampleur que prendrait cette marche.

Dans un communiqué, Toumi DJAIDA parle "d’acte de désobéissance civique" et voici en exclusivité le communiqué en question :

"Acte de désobéissance civique, pourquoi je ne reçois pas M. Le Ministre François Lamy ?

Récupération ou reconnaissance de « La Marche pour l’égalité » ?

Dans ce contexte de commémoration des 30 ans de la Marche pour l’Egalité, je me vois dans l’obligation de sortir de ma réserve. Pendant 30 ans j’ai nourri l’espoir que l’égalité soit le chantier permanent de la République celle à laquelle nous aspirons tous. Mais aujourd’hui force est de constater, malgré des avancées certaines, l’inégalité frappe toujours voire plus encore.
Je parle de ces femmes, de ces hommes sacrifiés sur l’autel des inégalités. Beaucoup d’entre nous vivent dans des conditions inadmissibles, laissés non pas sur le bas-côté de la route mais dans le fossé des inégalités : le mal-logement, l’exclusion, la paupérisation, la marginalisation. Si ce système continue tel quel, il est à parier qu’il court à sa perte. Je suis comme des millions de nos concitoyens une victime de la guerre sociale.
La Marche pour l’égalité doit s’inscrire dans l’histoire commune pour rappeler que la République ne doit laisser aucun répit à la lutte pour le droit à la dignité, le droit pour la non-discrimination.
Je ne peux cautionner l’inaction politique en signant un chèque en blanc au gouvernement.
Si certains cherchent à capter l’héritage sympathie suscité par la Marche à travers cette commémoration, cela ne peut se faire à moindre frais. La commémoration doit être un moment fort où des décisions politiques courageuses et concrètes sont prises pour que l’histoire de nos quartiers populaires s’inscrivent enfin dans l’histoire de notre pays.
Nous savons la rupture de la transmission, ses conséquences et ses enjeux. Il nous faut nous construire une histoire commune, partagée par le plus grand nombre pour que vive la mémoire. Nous savons que l’histoire c’est la projection, que ce qui manque à notre jeunesse c’est l’identification projective vitale à sa construction. Mais comment cela est-il possible si l’histoire est amputée ? Là où est née cette marche aujourd’hui dans ce quartier des Minguettes, la jeunesse ne peut relater cette histoire.
Après l’espoir qui a porté les électeurs, c’est dans l’isoloir que chaque citoyen devra prendre sa responsabilité.
"

http://lautrepoint.com/article.php?id=29

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