La médicalisation est une des composantes de la modernisation de la sexualité, terme que l’on préférera à celui de libération de la sexualité. Dans l’expérience contemporaine de la sexualité, les discours et les pratiques de la médecine, de la psychologie et de la sexologie ont en effet pris une place essentielle (diffusion de la contraception, irruption du sida, apparition de molécules destinées à favoriser l’érection masculine). Des descriptions techniques élaborées de l’activité sexuelle sont produites, qui sont à la source de nouvelles attitudes normatives, comme l’obligation de se soucier du fonctionnement de sa sexualité, ou norme de responsabilité. La médicalisation de la sexualité s’inscrit dans un mouvement plus général de médicalisation de la société. Cette redéfinition comme problème médical a des prolongements cliniques, sous forme d’examens, de diagnostics et de traitements. Un palier supplémentaire est franchi lorsque le problème prend place dans l’espace collectif et suscite une politique de santé publique, qui vise à implanter de nouvelles attitudes dans la population. On montrera que les déplacements qui s’opèrent avec la médicalisation de la sexualité renforcent plus qu’ils n’affaiblissent le clivage et l’asymétrie des rôles féminins et masculins.

L’association AMADES a été créée en 1988 par des médecins et des anthropologues soucieux d’une meilleure prise en compte des faits de société et de culture dans les actions de santé. Elle vise à articuler les travaux des anthropologues et les activités médicales, au bénéfice aussi bien des chercheurs que des soignants et finalement des malades.
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