Une tribune pour les luttes

Manifestations lycéennes contre les expulsions de jeunes scolarisés

Toujours notre douce police républicaine

Article mis en ligne le dimanche 10 novembre 2013

La police travaille au lycée Maupassant (Colombes 92)

http://paris.indymedia.org/spip.php?article14470

Le lycée Maupassant a été bloqué mardi avec fermeture administrative à partir de midi suite à des débordements et le blocage a raté mercredi matin. En seulement deux jours (mardi 5 et mercredi 6), douze élèves du lycée Maupassant, pour la plupart mineurs, ont été interpellés d’après le parquet (six devant le lycée et autant à leur domicile). Ils ont été maintenus une journée en garde à vue.
Les convocations au tribunal tombent depuis ! dont trois au moins avec mise en examen pour des faits reprochés très lourds : « violence volontaire aggravée avec arme (pierre) sur agent dépositaire de l’autorité publique », « dégradation par substance explosive ou incendie », mais aussi «  participation à un attroupement après les sommations de dispersion  ».
Le SNES (syndicat majoritaire des enseignants) est intervenu auprès de la préfecture pour qu’ils soient libérés à chaque fois le soir-même avant 22 heures, et leur éviter les vingt-quatre à quarante-huit heures de GAV. Il a également demandé à la mairie et à l’Inspection d’académie d’intervenir et d’éviter toute présence policière devant le lycée et il a appelé la mairie pour protester contre le rôle joué par sa police municipale.
Depuis jeudi, les profs ont assuré avec des parents d’élèves de la FCPE une « présence adulte non hostile  » dès 7h30 devant le lycée pour éviter toute intervention policière. Le blocage s’est passé sans incident majeur et aucune arrestation n’a eu lieu depuis. Un communiqué de presse de l’intersyndicale du lycée (commun avec l’UNL 92) a été rédigé. Dans le même temps, un travail de récupération des infos, d’abord sur l’identité des élèves concernés puis sur leurs convocations au TGI, a été commencé pour permettre le suivi juridique et construire les mobilisations de soutien à venir.

Chronologie des événements pour donner quelques éléments précis :

- Quatre lycéens, dont trois mineurs, ont été interpellés mardi matin par un dispositif policier impliquant la police municipale de Colombes, la BAC et la police nationale (casques et boucliers) suite à une charge pour disperser les derniers élèves présents devant le lycée.
- Les policiers ont insultés les élèves avant et pendant la charge (« bâtards de cité », « petite merde », « salope »...).
- un élève qui se trouvait juste sur le chemin de la charge de police a été menotté à terre par quatre policiers, dont un qui lui a fait une clé de jambe (jean complètement déchiré et jambe abîmée).
- un autre, de seconde, a été menotté à terre et frappé dans les côtes (coups de poing) et dans la tête (coups de pied) par un policier de la BAC puis relevé et frappé (coup de tête) par un policier casqué qui lui a dit qu’il allait « terminer clochard comme tous les Arabes de France  » (et qui a enchaîné sur un discours sur les « syndicalistes de France  »)... Au commissariat, les autres élèves qui étaient dans les cellules voisines ont entendu un policier lui dire que s’il le recroisait, il allait «  l’exploser  » et lui «  casser les dents  ». Cet élève est sorti avec un hématome et une coupure au visage le soir à 22h45. Il a fait établir un certificat médical par un médecin. Sa mère va peut-être porter plainte.

- Deux lycéens ont ensuite été interpellés le lendemain mercredi devant le lycée suite à un blocage raté. La police municipale de Colombes (mairie PS) s’est permis de gazer des élèves devant le lycée.

- Le même jour, mercredi, dès 6 heures du matin, quatre à six élèves ont été interpellés directement à leurs domiciles sur la base des photos et des vidéos prises par les policiers pendant le blocage de la veille.
- Chez deux d’entre eux, qui habitent dans une cité des Quatre chemins, la porte du domicile a été défoncée par des policiers cagoulés avec boucliers.
- Chez le premier, sa mère a été collée contre mur avec une clé de bras puis une perquisition, infructueuse, a eu lieu dans l’ensemble de l’appartement qui a été complètement retourné.
- Pour le deuxième, ils ont également menotté et frappé ses frères ! Suite à sa GAV, son dossier a été classé... sans suite !
- Le maire de Colombes a affirmé jeudi devant le lycée et devant témoins (profs et élèves) aux deux élèves concernés, qui l’interpellaient pour protester, que leurs familles étaient très connues, qu’il les connaissait lui-même très bien (il a cité leurs noms de famille, leurs bâtiments, leurs étages...) et qu’il ne fallait pas s’étonner de ce qui leur était arrivé !


Saint-Ouen : un lycéen blessé par la police lors d’un blocus

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/11/07/saint-ouen-un-lyceen-blesse-par-la-police-lors-d-un-blocus_3509912_3224.html

Un lycéen a été hospitalisé jeudi 7 novembre après avoir été aspergé de gaz lacrymogène par la police, qui intervenait pour faire cesser un blocus devant le lycée Auguste-Blanqui de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis).

L’élève de première littéraire protestait vers 7 h 30 du matin avec une dizaine de ses camarades contre les expulsions de jeunes étrangers scolarisés, notamment celles de Leonarda Dibrani et Khatchik Kachatryan, tous deux renvoyés de France ces dernières semaines.

Selon la préfecture, les policiers ont retiré les barrières dressées devant le lycée car leur "position [avait] été jugée dangereuse". C’est ensuite que les versions divergent.

Selon la préfecture, "un groupe de dix élèves s’est approché de l’équipage de police et l’un d’eux a agrippé un des policiers, qui, pour se dégager et disperser le groupe, a utilisé son aérosol lacrymogène à une reprise". Le jeune homme de 16 ans, Erwan, a expliqué à l’AFP avoir été "balayé et mis à terre" par les policiers, et nie toute violence de la part des élèves.

Toujours est-il que les pompiers ont dû intervenir auprès de plusieurs lycéens, incommodés par les gaz, et surtout auprès du jeune homme, qui a perdu connaissance. Il a ensuite été transporté à l’hôpital Bichat pour un lavage complet du visage. "Nous étions six en train d’installer des barrières, de façon pacifique, et ils nous ont frappés et gazés très près du visage", a raconté Juliette, une élève de terminale L au Parisien.

PROTESTATIONS DES PROFESSEURS ET DE LA MAIRE

"Nous sommes choqués par de telles violences commises à l’encontre d’élèves exerçant leur liberté d’expression et leur droit de manifester", écrivent les professeurs dans une lettre ouverte. Ces derniers ont décidé de débrayer pour "protester contre de telles violences indignes d’un Etat de droit".

Selon un professeur présent sur place, moins d’une dizaine de professeurs travaillaient jeudi dans la matinée, sur les quelque quatre-vingts que compte le lycée. Un cortège d’élèves du lycée s’est également rendu à la manifestation prévue à Paris en soutien aux élèves expulsés.

La maire (PCF) de Saint-Ouen, Jacqueline Rouillon, a "condamné l’usage de la force employée par [les] fonctionnaires de police" et a apporté son soutien à "la juste cause défendue par ces jeunes lycéens". "Saint-Ouen a toujours pris la défense des jeunes sans-papiers scolarisés, désireux de se doter, par l’éducation dans notre pays, des moyens de se construire un avenir", a-t-elle ajouté dans un communiqué.

"Je suis frappée par la maturité des ces jeunes lycéens de Saint-Ouen en lutte tout à la fois mobilisés sur leurs études et habités par des valeurs de solidarité et de générosité précieuses à tous nos concitoyens" ajoute la maire qui dit ne pas comprendre "pourquoi les policiers sont intervenus de façon disproportionnée alors que l’attitude des jeunes mobilisés ne justifiait pas un tel usage de la force".

Le communiqué des enseignants du lycée Auguste Blanqui à Saint-Ouen, après les événements du 7 novembre.

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Vos commentaires

  • Le 26 novembre 2013 à 21:54 En réponse à : Toujours notre douce police républicaine

    {{}}qu’est-ce qu’on peut faire pour protéger nos jeunes des dérapages et des abus de pouvoir de certains policiers ? C’est une honte pour un gouvernement qui envoie des militaires à l’étranger pour soi-disant protéger des populations, ils feraient mieux de s’occuper à protéger sa propre populations contre ce genre d’incident car il n’y en a pas qu’un.
    Ma fille est rentrée choquée ce soir du lycée après avoir été témoin d’une réaction disproportionnée (c’est à dire attrapé par le col, plaqué contre un mur avec violence) d’un policier face à un jeune de 15/16ans qui l’avait malencontreusement frôlé en passant.Un ami du jeune homme a essayé fait comprendre au policier que c’était pas juste de réagir comme ça, c’est retrouvé embarqué menotté.
    C’est scandaleux, ils sont payés pour faire régner l’ordre pas le désordre.
    Faut pas s’étonner après que nos jeunes défient toute autorité
    Déjà nous en tant que citoyen et adulte nous devons montrer l’exemple à commencer par le respect pour autrui (jeunes, vieux, étranger,riche,pauvre...). Alors la police...
    PS : les faits que j’ai cité se sont passés à Eurotéléport à Roubaix ce mardi 26/11/13 entre 17h30et 18h00

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