Une tribune pour les luttes

"Pour que l’accès à l’eau soit un droit pour tous !"

Avignon : un salarié de Veolia Eau, licencié pour avoir refusé de couper l’eau aux familles démunies contestera cet après-midi son licenciement devant le tribunal des Prud’hommes à Avignon.

Le jugement sera rendu le 22 mai 2014.

Article mis en ligne le jeudi 6 mars 2014

« Je travaillais en ayant une conscience. Si à un moment donné on ne suit plus sa conscience alors il faut tout arrêter  ». Marc Fazio, 49 ans, est un ex-salarié de la Société Avignonnaise des Eaux “Véolia”. Viré en avril 2013 parce qu’il a refusé de se plier aux ordres : Couper l’eau à une partie des mauvais payeurs.

(...)l est venu contester son licenciement devant le tribunal des Prud’hommes à Avignon. L’affaire a été renvoyée au 6 mars à 14 heures.

http://www.acme-eau.org/Avignon-un-salarie-de-Veolia-Eau-licencie-pour-avoir-refuse-de-couper-l-eau-aux-familles-demunies_a3581.html


http://www.lejdd.fr/Economie/Quand-les-salaries-preferent-leurs-clients-a-leur-patron-655415

Un employé de Veolia passe jeudi aux prud’hommes pour avoir refusé de couper l’eau à des démunis. Dans les banques, les services publics, d’autres font de la résistance.

Mille familles. Pendant huit ans, Marc Fazio, chargé des relations clientèle chez Veolia, a refusé de couper l’eau à 1.000 foyers démunis sous le coup d’impayés. Le quinquagénaire, blouson noir et regard triste, a endossé le rôle en 2005 pour relayer temporairement un collègue. Cette situation provisoire s’est installée, les "problèmes moraux" aussi. "Je ne voulais pas faire ce boulot, je me mettais à leur place, moi aussi j’ai des soucis pour boucler les fins de mois… On nous a mis la pression petit à petit pour faire du chiffre, aucune négociation n’était plus possible avec les familles. On n’avait même pas le droit de poser des pastilles pour limiter le débit d’eau au minimum vital !" Licencié en 2013 après vingt ans de service et plusieurs rappels à l’ordre, l’employé conteste cette décision, jeudi, devant les prud’hommes d’Avignon. "C’est un cas isolé, répond la compagnie des eaux. Les coupures restent exceptionnelles et nous inscrivons toutes nos démarches dans la légalité."

Les Robins des bois de l’énergie

D’autres, comme Marc Fazio, ont pourtant un jour refusé les ventes de produits toxiques dans les banques, la pression du chiffre dans les services publics. Confrontés au quotidien à des cas délicats, ces anonymes tentent d’adoucir des situations souvent irréparables en se rangeant du côté de leurs clients… plutôt que de leur patron. Quitte à se retrouver face à un conflit éthique. Aux États-Unis, on les appelle les whistleblowers, les "lanceurs d’alerte". "Il y a toujours eu des désobéissants", rappelle William Bourdon, avocat et auteur d’un Petit Manuel de désobéissance citoyenne* paru mercredi. "Mais il y a aujourd’hui une colère planétaire des citoyens face aux décideurs privés ou publics qui font litière trop souvent des engagements pris et des devoirs qui sont les leurs."

Des situations similaires existent chez des huissiers boycottant les expulsions ou des croque-morts refusant de profiter de la faiblesse de leurs clients pour gonfler les factures. Pendant des années, Dominique Liot, salarié d’EDF membre du collectif Robins des bois de l’énergie, a rétabli le courant aux familles dans le besoin. Avant d’être mis à pied, en 2010, pendant trois semaines. "La hausse des contrôles dans les entreprises, ajoutée à la détresse sociale et à la montée de la pauvreté, créé des lignes de friture, observe Jean-Claude Delgènes, fondateur du cabinet Technologia. Les salariés ont des consignes à suivre mais se retrouvent en contradiction avec leurs valeurs. Certains se révoltent." Il se souvient d’une employée de La Poste qui favorisait les colis en carton maison, meilleur marché, plutôt que des Colissimo. "Elle avait une vision différente du service public, elle a été mise en marge et a fait une dépression", rapporte-t-il.

Pour empêcher les cas de conscience, les procédures s’automatisent, comme le prélèvement automatique des frais en cas de surendettement dans les banques.

(...)


L’homme qui refusait de couper l’eau aux démunis

http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/03/06/l-homme-qui-refusait-de-couper-l-eau-aux-demunis_4374962_3224.html

« Aller chez les gens et leur couper l’eau en passant outre à tous les problèmes de la vie, c’est un boulot que je n’arrivais pas à faire.  » Marc Fazio est un ancien employé de Veolia à Avignon (Provence-Alpes-Côte d’Azur). Agé de 49 ans, il a passé vingt ans dans l’entreprise qui fut l’Avignonnaise des eaux, avant d’être licencié en juillet 2013 pour avoir refusé de fermer trop de robinets. Le conseil de prud’hommes examine son affaire, jeudi 6 mars.

Une décision attendue tant par la presse que par les fournisseurs d’énergie et les associations militant pour le droit à l’eau. Car ce qui aurait pu rester un conflit social entre un employé et son entreprise a pris l’apparence d’un conte moderne, entre David et Goliath et Robin des bois : la fable du fontainier qui refusait d’assoiffer les plus démunis.

« VOLEUR DE VEOLIA »

Les bras croisés, Marc Fazio répète sans ciller une histoire qu’il a déjà racontée plus d’une fois à l’union locale de la CGT, aux journaux, à son avocat. Il évoque son « malaise  » dans les face-à-face qu’il a vécus avec sa propre conscience : «  J’ai eu des clients qui pleuraient, qui n’avaient rien dans leur frigo. C’était souvent des gens au chômage, des familles avec des enfants. Moi aussi j’ai des enfants. » Un week-end, alors qu’il fait des courses avec ses deux filles, un homme le prend à partie : « voleur de Veolia  ». C’en est trop. Coincé entre «  la misère des clients et le harcèlement de la direction  », il enchaîne plusieurs arrêts maladie, «  des mini-dépressions », des réveils « la boule au ventre ».

Les coupures pour impayés n’ont pourtant pas toujours fait partie de ses missions. Après dix années passées dans la plomberie, M. Fazio est embauché en 1994 à l’Avignonnaise des eaux, devenue Veolia. Son nouvel emploi de fontainier l’amène à procéder à des interventions sur le terrain, comme réparer les petites fuites… ou ouvrir et fermer les compteurs d’eau. «  Mais uniquement dans le cadre de l’ouverture et de la fermeture des contrats », insiste-t-il.

Or, en 2005, la mort des deux employés municipaux chargés des coupures pour impayés impose une réorganisation, alors annoncée comme temporaire. M. Fazio fait partie des trois plombiers à qui l’on demande de prendre le relais. Huit ans plus tard, ces coupures sont toujours effectuées par son équipe. Une mission loin d’être anodine pour M. Fazio, qui ne s’est «  jamais senti  » dans ces interventions difficiles, même s’il en avait les compétences techniques.

Une compétence dont Veolia convient. « C’est un très bon technicien, on ne devait jamais repasser derrière lui. Enfin, sauf derrière toutes les opérations qu’il ne voulait pas faire », précise Didier Brunet, responsable du service client sur le centre opérationnel d’Avignon.

DU BÛCHERON AU BOURREAU

« Ce n’est pas parce qu’on sait couper du bois qu’on est capable de couper des têtes  », plaide M. Tabin, l’avocat de l’employé désormais chômeur. M. Fazio a préféré adopter une autre stratégie que la « coupure systématique » : il négocie avec les clients. « Parfois je leur laissais un délai ou je les poussais à aller au bureau pour obtenir un échéancier s’ils ne pouvaient pas tout payer d’un coup. Les plus démunis, je les renvoyais vers la mairie ou les services sociaux pour éponger les dettes ou au moins faire bloquer le dossier impayé.  » Il ne procède d’ailleurs à aucune coupure entre 2009 et 2013.

(...)


http://www.millebabords.org/spip.php?article25233

L’eau est un droit humain ! Pour Veolia c’est une marchandise !
Avignon
Mobilisation pour l’employé de Veolia qui refusait de couper l’eau
par Sophie Chapelle (BASTA !)
Audience renvoyée au 6 mars 2014
http://www.bastamag.net/Avignon-mobilisation-pour-l

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