Une tribune pour les luttes

LDH Toulon

A propos d’Alain Resnais

Article mis en ligne le mercredi 12 mars 2014

Indépendamment du courage qu’il a fallu en 1956, pour réaliser, produire et diffuser "Nuit et Brouillard", on ne doit pas oublier les engagements d’Alain Resnais (signataire du « Manifeste des 121") et aussi que nombreux sont ses films qui, en plus de leur qualité artistique, amènent à réfléchir, souvent de manière complexe, sur notre société .


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Les statues meurent aussi est un documentaire-court métrage français réalisé par Chris Marker et Alain Resnais sorti en 1953.

Il fut commandité par la revue Présence africaine. Partant de la question « Pourquoi l’art nègre se trouve-t-il au musée de l’Homme alors que l’art grec ou égyptien se trouve au Louvre ?  », les deux réalisateurs dénoncent le manque de considération pour l’art africain dans un contexte de colonisation. Le film a été censuré en France pendant huit ans en raison de son point de vue anti-colonialiste.

Quant à eux, ils savaient tout ce qui se passait en Afrique et nous étions même très gentils de ne pas avoir évoqué les villages brûlés, les choses comme ça ; ils étaient tout à fait d’accord avec le sens du film, seulement (c’est là où ça devient intéressant), ces choses-là, on pouvait les dire dans une revue ou un quotidien, mais au cinéma, bien que les faits soient exacts, on n’avait pas le droit de le faire. Ils appelaient ça du "viol de foule". L’interdiction eut des conséquences très graves pour le producteur. Quant à nous – est-ce un hasard ? – ni Chris Marker ni moi ne reçûmes de propositions de travail pendant trois ans.
Alain Resnais, sur son entretien avec deux des représentants de la commission de censure [1]

« Il n’a pas paru possible à la commission de suggérer des coupures, tant dans le déroulement des images que dans le commentaire, sous peine d’encourir à ses yeux le reproche de se substituer aux auteurs ». C’est en s’abritant derrière ce « refus de se substituer aux auteurs » que la commission a toujours refusé de nous indiquer ce qui la gênait. Mais un jour, deux membres de la commission sont venus me voir pour me déposséder de la réalisation du film !
[…]

Ils sont venus me voir dans ma salle de montage.Ils me disaient « Vous avez fait un très beau film mais vous comprenez bien qu’on ne peut pas lui donner le visa ! Il suffirait de l’arranger, il est trop beau pour que vous le laissiez perdre… Ne croyez pas que nous soyons contre le contenu, non, non, au contraire ! Si on vous racontait tout ce qu’on sait sur l’Afrique, tout ce qui s’y passe, les villages brûlés… mais me disaient-ils, vous n’en suggérez pas le quart !… Je leur répondais : « je ne fais pas un film sur le colonialisme, ça pourrait éventuellement m’intéresser d’en faire un mais ce n’est pas le sujet de celui-ci ».
Extraits de l’interview d’Alain Resnais réalisée par René Vautier dans les locaux de Slon rue Mouffetard à Paris. [1]

Avec le film
http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article5791


Deux ans après avoir signé en 1960 le manifeste des 121 qui réclamait le droit à l’insoumission pour la guerre d’Algérie, Alain Resnais réalisait avec Jean Cayrol le film Muriel, ou le temps d’un retour où il dénonçait la torture en Algérie. Nous reproduisons ci-dessous le texte que l’historienne Raphaëlle Branche, maîtresse de conférences à l’université Paris-1, lui a consacré, initialement publié dans la revue L’Autre, 2002, vol.3, n°1, et qu’elle nous a autorisés à reprendre [*].

La torture dans Muriel d’Alain Resnais,
de Raphaëlle Branche

une réflexion cinématographique sur l’indicible et l’inmontrable

http://www.ldh-toulon.net/spip.php?article5790

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