Une tribune pour les luttes

réunion publique à l’occasion de la sortie du livre

"LA FIAT aux mains des ouvriers. L’automne chaud de 1969 à Turin"

Débat sur les luttes ouvrières à cette époque et leur actualité.

Avec la participation de Mouvement Communiste et d’un militant italien ayant vécu les événéments.

"L’unique musique que le patron entend, c’est le silence des machines à l’arrêt."
Inscription sur le mur d’enceinte de Mirafiori, 1971.

La FIAT aux mains des ouvriers.
L’automne chaud de 1969 à Turin.
de Diego Giachetti, Marco Scavino,
est paru aux éditions Les nuits rouges, 2005, 14 euros.
Paru précédemment en italien chez BFS Edizioni, Pise 1999.

Ce livre retrace et analyse les mouvements de grève sauvage d’OS des usines FIAT, dont celles de Mirafiori, pendant l’année 1969 (de mai à décembre) en replaçant ce conflit dans une vague de rébellion qui a secoué l’Italie pendant une dizaine d’années : des usines aux universités, des quartiers populaires aux collèges, cette secousse sociale et politique repose sur des mouvements de grève le plus souvent sauvages et très durs, mais aussi sur un mouvement d’auto-réduction des loyers et des prix.

Les jeunes OS non qualifiés et venus du Sud se lancent massivement dans la lutte, en réaction à des conditions salariales et de travail particulièrement dures. Ils vont imposer leurs propres revendications (augmentations uniformes, passage de la catégorie pour tous, contrôle des cadences, parité d’avantages avec les employés, samedi férié, etc.) et modalités de lutte (grèves sauvages tournantes, blocages de la production, cortèges internes pour « nettoyer » les ateliers réticents à entrer en lutte, humiliation des chefs contraints d’ouvrir ces cortèges internes en brandissant le drapeau rouge...), en association avec des militants étudiants ou extérieurs d’autres usines, venus au départ les rencontrer aux portes de l’usine pour former ensuite, ensemble, une assemblée ouvriers-étudiants qui signera ses tracts par Lotta Continua.

Cette assemblée présentera ce cas unique dans le monde où de 500 à 1 000 ouvriers se réunissaient quotidiennement, après le travail, pour discuter des actions et en préparer d’autres et, pendant un moment, ont pu contester le pouvoir des syndicats sur la direction des luttes et poser la question de la révolution.

Face à cette déferlante, les syndicats débordés vont profiter des vacances pour faire leur auto-critique et accepter, bon gré malgré, les revendications d’abord puis les formes de luttes ensuite des grévistes. Ils vont bénéficier de deux avantages.

Premièrement, à l’automne s’ouvre le renouvellement tri annuel des conventions collectives nationales de toutes les branches qui doivent être signées avant décembre 1969. Le syndicats vont donc pouvoir organiser des journées de grève nationales pour épuiser préventivement la combativité ouvrière et en donner le rythme. Deuxièmement, une majorité d’ouvriers veulent consolider les acquis de juin, et préfèrent s’appuyer sur les délégués par opposition à la minorité qui y répondra par le slogan « Nous sommes tous des délégués

Un livre à lire donc qui tant dans la description que l’analyse permet à tous de se faire une idée de la richesse de ce mouvement et des questions qu’il a soulevées d’autant que les questions concrètes posées par la lutte de cette époque (délégation ou pas, avant-garde à un moment mais pas à un autre, etc.) n’ont été résolues ni hier ni encore aujourd’hui....

« J’ai finalement découvert que nous ne luttions pas seulement contre le patron mais
contre tout »

Un ouvrier en lutte à l’usine FIAT Mirafiori en 1969.

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