Une tribune pour les luttes

Communiqué du carnaval des enfants sauvages de Saint-Affrique

Que s’est-il passé au carnaval de Saint-Affrique cette année ?

Article mis en ligne le mercredi 2 avril 2014

Il ne semble pas possible qu’une édition du carnaval des enfants sauvages se passe sans que la presse ne se focalise exclusivement sur les quelques débordements qui lui sont imputés. Il nous faut donc encore une fois retracer le fil exact des événements pour taire les délires et les exagérations.

Pendant toute l’après midi, un défilé d’une grande créativité, autant dans les déguisements que dans les chants et les musiques, a déambulé en ville.
Il était accompagné d’un caramantran de 5 mètres de haut, d’un bateau pirate et de nombreux chars plus modestes. Un peu de boue et de farine ont été projetées entre carnavaliers puis sur quelques bâtiments comme le trésor public, la permanence du parti socialiste et la mairie. Depuis toujours, salir est un rituel du carnaval, on symbolise l’obscur pour que renaisse la lumière. À la veille d’élections et d’un remaniement ministériel, la symbolique des lieux barbouillés ne saurait être plus
claire. Allez voir ce qui se passe à Cournonterral le jour du mercredi des cendres, quand les Pailhasses inondent le village de lie de vin...

À la nuit tombée (19h30), après donc une déambulation de presque quatre heures
dans la ville, à laquelle prirent part plus de 400 personnes, le caramantran de l’année fut jugé dans les règles puis enflammé. Il ressort de tout cela dans le Midi Libre de lundi une photo floue de quatre personnes vaguement déguisées... allez comprendre !
Défilé – procès – crémation, telle est la structure qui constitue depuis des siècles le rituel carnavalesque. Longtemps après la fin de ce rituel, vers minuit, des carnavaliers en petit nombre reprennent en musique le chemin du centre-ville et passent devant la mairie. Ils remarquent la porte entrouverte. Reniflant une provocation trop grossière, ils passent leur chemin et rejoignent le Pont Vieux pour y danser. À cet endroit on
les appelle, on vient chercher leur aide : d’autres carnavaliers (qui se comptent sur les doigts d’une main) qui les suivaient, se sont montrés plus curieux et moins prudents. Ils ont pénétré dans l’édifice. Une fois à l’intérieur de celui-ci, l’alarme s’est déclenchée et ils se sont fait assaillir de toutes parts par « les amis du rugby » de M. Fauconnier.
Repliés à l’intérieur puis enfermés, voyant poindre le lynchage, qui peut prétendre qu’il ne paniquerait pas, et ne chercherait pas par tous les moyens à s’échapper ? L’humain reste instinctif face au danger, et il ne faut pas aller chercher plus loin les dégradations commises à l’intérieur de l’édifice. Pendant ce temps, M. Fauconnier ameute ses troupes, pour faire front face aux autres carnavaliers venus pacifiquement réclamer qu’on libère les enfermés. Courageusement, la milice distribue gratuitement châtaignes et autres coups de bâton avant de se replier derrière les tasers de la gendarmerie. Deux femmes qui attendaient passivement le dénouement se retrouvent au sol. Ecchymoses, contusions, yeux au beurre noir... le « maintien de l’ordre » tourne au passage à tabac. M. Fauconnier harangue les troupes et va lui aussi courageusement au coup de poing par dessus l’épaule des gendarmes. Des scènes
scandaleuses où l’on voit le premier élu de la ville se muer en participant actif d’une bastonnade du samedi soir, où l’on voit les gendarmes protéger des agresseurs et taper sur les innocents... La République dont parle M. Fauconnier serait-elle celle des gangs et des communautarismes ? Finalement, la tension retombera quand les quelques prisonniers, sentant que le pire pourrait se produire sur la place,
préfèreront risquer le tout pour le tout et prendre la poudre d’escampette.

Il est bien triste et morose qu’un si beau carnaval se termine dans de si piètres circonstances. Mais comment s’étonner que les symboles d’un pouvoir soient malmenés lorsque celui-ci attise haines et tensions par de piteux amalgames (carnavaliers = casseurs irresponsables = Lieu-dit = surréaliste) C’est une ficelle électorale un peu trop grosse pour qu’on l’avale !

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