Une tribune pour les luttes

Nouvelles acquisitions

Le Bulletin de la Médiathèque de Mille Bâbords n°18

4ème trimestre 2013

Article mis en ligne le vendredi 4 avril 2014

contact-biblio chez millebabords.org

Permanences : le lundi de 14 à 17 h / le jeudi de 15 à 19 h

Abonnement 8 euros (ou plus par soutien). Gratuit pour les adhérents à Mille Bâbords.

I. Nous avons reçus

II. Les précédents bulletins

III. Principe de fonctionnement de la médiathèque

pour voir le catalogue en ligne


Nous avons reçu...

Théorie Politique

  • Le mouvement situationniste : Une histoire intellectuelle /Patrick Marcolini - L’Échappée, 2012

Dans les années 1960 et 1970, partout dans le monde, des révoltes éclatent contre l’emprise grandissante de la marchandise et de l’État sur tous les aspects de la vie. Les situationnistes ont contribué à forger les outils critiques de ce soulèvement généralisé, aux côtés d’intellectuels et de groupuscules influencés par le marxisme et l’anarchisme. Mais à la différence de ces derniers, ils ne venaient pas tant du mouvement ouvrier que des avant-gardes artistiques du XXe siècle : Dada, le surréalisme, le lettrisme. Artistes en rupture de ban, mi-rebelles mi-voyous, les situationnistes s’étaient réunis sur la base d’un programme radical : le refus des conditions de vie faites à l’homme moderne, aussi bien dans les sociétés capitalistes avancées que dans les régimes dits communistes, et la volonté d’expérimenter de nouvelles formes d’existence et de communauté en rupture avec l’ordre établi.

Ce livre analyse avec précision les racines culturelles des théories et des pratiques situationnistes. Il explore également leur postérité diverse et souvent contradictoire : entre récupération et radicalisation, du côté des intellectuels postmodernes ou de l’art contemporain, chez les stratèges du pouvoir néocapitaliste comme dans les rangs des révoltés d’aujourd’hui.

  • Le grand bond en arrière : comment l’ordre libéral s’est imposé au monde /Serge Halimi - Agone, 2012

De l’Amérique de Reagan à la France de Mitterrand, en passant par la Nouvelle-Zélande, les transformations économiques amorcées à partir des années 1980 n’ont été le produit ni du hasard ni de la nécessité. Si les « décideurs » et les médias du monde occidental ont presque toujours interprété de manière identique les situations de « crise », c’est que tout un travail idéologique était intervenu au préalable, c’est que les solutions alternatives au marché avaient été détruites afin qu’il n’y ait « plus d’alternative ». D’autres lectures des événements auraient suggéré d’autres remèdes, mobilisé d’autres forces sociales, débouché sur d’autres choix.
Inspirées par les théoriciens de l’université de Chicago, les doctrines économiques libérales vont encourager les classes dirigeantes à durcir leurs politiques, à passer d’un système économique mixte acceptant une certaine redistribution des revenus à un nouveau capitalisme orienté par les seuls verdicts de la finance. Les artisans de cette métamorphose en tireront un avantage considérable ; pour la plupart des autres, au contraire, ce sera le grand bond en arrière.

  • Les ennemis intimes de la démocratie / Tzvetan Todorov – Robert Laffont, 2012

La démocratie est malade de sa démesure : la liberté y devient tyrannie, le peuple se transforme en masse manipulable, le désir de promouvoir le progrès se mue en esprit de croisade. »- Tzvetan Todorov.
Aujourd’hui, les grands dangers pour la démocratie ne proviennent pas de ses rivaux de l’extérieur – fascisme, communisme ou terrorisme – mais de ses ennemis intimes, ceux qu’elle sécrète en elle-même et qui menacent jusqu’à son existence. Comment la protéger contre ces dérives ? Dans cet ouvrage, Tzvetan Todorov, directeur de recherche honoraire au CNRS, historien et essayiste, éclaire l’actualité brûlante (guerre de Libye, tyrannie des marchés, montée des populismes) par des mises en perspective historiques qui vont du Moyen Âge au XXe siècle.

  • L’élite au pouvoir / C. Wright Mills - Agone, 2012

L’élite au pouvoir est composée d’hommes dont la position leur permet de transcender l’univers quotidien des hommes et des femmes ordinaires ; ils sont en position de prendre des décisions aux conséquences capitales. Ils commandent les principales hiérarchies et organisations de la société moderne. Ils font marcher la machine de l’État et défendent ses prérogatives. Ils dirigent l’appareil militaire. Ils détiennent les postes de commandement stratégiques de la structure sociale, où se trouvent centralisés les moyens efficaces d’exercer le pouvoir et de devenir riche et célèbre.
Ce livre offre des outils pour penser les catégories dirigeantes : différenciées à leur base, elles s’imbriquent à leur sommet et dépossèdent le grand public de son pouvoir sur la vie démocratique. Cette élite est clientéliste, clanique et corrompue. Il détaille aussi les conditions qui permettent à une telle situation de perdurer et entend expliquer comment le débat public se restreint souvent à un débat entre prescripteurs d’opinions.

Immigration

  • Dem Ak Xabaar, partir et raconter : récit d’un clandestin africain en route vers l’Europe / Mahmoud Traoré – Lignes, 2012

DEM AK XABAAR (« Partir et raconter » en langue wolof) relate le long périple africain de Mahmoud Traoré, candidat à l’exil vers l’Europe, entre 2002 et 2005.
Le récit autobiographique de Mahmoud Traoré – recueilli par Bruno Le Dantec révèle la réalité de la vie sur les routes d’un migrant irrégulier, faite d’expédients, d’attente, d’extorsions et de brutalité, mais aussi d’entraide et de bravoure. Il s’y dévoile le fonctionnement des foyers, « ghettos » et autres campements de fortune, où les clandestins réinventent une organisation sociale à la fois précaire et pleine de contradictions.

  • Enfants de l’immigration, une chance pour l’école : entretiens avec Joanna et Denis Peiron, Marie Rose Moro / Joanna Peiron, Denis Peiron – Bayard, 2012

Et si la perspective changeait ? Si on cessait de voir comme un problème la présence au sein de l’école française d’un nombre croissant d’enfants de l’immigration ? Marie Rose Moro, directrice de la Maison de Solenn, Maison des adolescents de Cochin (Paris), reçoit en consultation de nombreux enfants de migrants en proie à l’échec scolaire. Elle livre ici un point de vue courageux et constructif : oui, on peut aider les enfants de migrants à réussir à l’école et à y être heureux et, de ce fait, permettre à tous les élèves d’accéder à une diversité, une altérité, qui les prépare à un monde de plus en plus ouvert et complexe.

Féminisme

  • Contre les publicités sexistes / Sophie Pietrucci, Chris Vientiane, Aude Vincent - L’Échappée, 2012

La publicité exploite le corps des femmes pour susciter du désir, générer de l’envie, exacerber les frustrations et rendre le produit à vendre attirant. Soumise aux normes aliénantes d’une beauté stéréotypée, symbole du plaisir sexuel, ou encensant la ménagère passive cantonnée dans sa cuisine, l’image des femmes n’a jamais été autant instrumentalisée. Omniprésentes et conçues pour marquer les esprits, ces représentations modèlent notre imaginaire et participent à la construction des normes de genre : d’un côté, la féminité associée à la jeunesse, à la beauté et à la maternité et, de l’autre, la virilité à la force, à la puissance et à l’action. Loin d’être un art, tout sauf inoffensive – c’est-à-dire perçue au second degré par des consommateurs responsables –, la publicité véhicule les pires clichés sexistes et renforce la domination patriarcale.

Histoire Ouvrière

  • Le goût de l’émeute : manifestations et violences de rue dans Paris et sa banlieue à la Belle époque : Anne Steiner - L’Échappée, 2012

Malgré la poussée de la gauche aux élections législatives de 1906, les conflits sociaux se multiplient, impulsés par une CGT acquise au syndicalisme révolutionnaire. Entre 1908 et 1910, Paris et sa banlieue sont le théâtre de manifestations violentes rassemblant des milliers de participants que le sentiment d’injustice et d’impuissance face à la répression transforme en émeutiers. Ils attaquent des bâtiments, saccagent le mobilier urbain, brûlent trams et bus, élèvent des barricades et tirent sur les policiers à coups de browning.
À l’origine de ces explosions de colère, il y a des morts. Le 2 juin 1908, deux terrassiers grévistes de Draveil sont abattus par la gendarmerie. En octobre 1909, en Espagne, le pédagogue libertaire Francisco Ferrer est fusillé dans les fossés de Montjuich après une parodie de procès. En juin 1910, l’anarchiste Henri Cler est frappé à mort par un policier devant le quartier général des ébénistes en grève du faubourg Saint-Antoine. En juillet de la même année, des milliers de Parisiens se massent autour de la guillotine pour empêcher l’exécution du jeune cordonnier Liabeuf. Au printemps 1909, les boutonniers de Méru, engagés dans un long conflit, saccagent les demeures et les fabriques des patrons les plus haïs.
Ce livre raconte ces événements et dresse le portrait de ces foules sensibles et inflammables, versatiles parfois, courageuses toujours, affrontant avec des armes improvisées ou à mains nues les dragons casqués et montés envoyés pour les mater.

  • L’enfer continue. De la guerre de 1940 à la guerre froide. La Gauche communiste de France parmi les révolutionnaires (1942-1953) - Sans patrie ni frontières

Nous ne sommes pas uniquement « condamnés à vivre dans le monde où nous vivons », nous devons sans cesse revenir sur notre histoire, l’histoire du mouvement ouvrier. Nous gagnerons un avenir uniquement parce que nous aurons réinvesti notre passé pour le dépasser en l’assimilant.

L’analyse minutieuse et la critique sans concession de ce passé et des erreurs commises par nos camarades sont les seuls gages permettant de dépasser la situation présente. Nous constatons forcément, à la lecture de l’histoire passée, que leur situation politique n’était pas meilleure que la nôtre. Loin s’en faut !

« J’ai été jeté dans la vie en plein brasier révolutionnaire, écrivait Marc Chirik en 1949. C’était les années glorieuses de la Révolution d’Octobre ! Depuis, cela va faire trente ans que j’ai parcouru physiquement et moralement tous les degrés du calvaire du prolétariat. J’ai suivi personnellement ce mouvement rétrécissant qui va de la IIIe Internationale à l’Opposition de Gauche, de l’Opposition à la Gauche italienne pour aboutir aux petits groupes qui sont les nôtres aujourd’hui. Dans l’histoire et même dans l’histoire d’une classe, trente années c’est peu de choses, mais pour un pauvre diable c’est presque toute une vie. » (Lettre à Jean Malaquais)

La Gauche communiste internationale et la Gauche communiste de France (GCF) nous apprennent à penser librement en remettant en cause nos certitudes et en observant les modifications survenues au sein du capitalisme mondial, qui favorisent la tendance au capitalisme d’État. Elles nous apprennent à nous situer d’abord au niveau international et à celui de la classe ouvrière, pour analyser des situations.

Avec la GCF apparaît pour la première fois en France un courant de gauche dans le mouvement communiste, courant rattaché aux tendances de la Troisième Internationale qui ont été critiquées dans les années 20 par Lénine dans son ouvrage La maladie infantile du communisme.

En publiant cet ouvrage, nous adressons un salut tout spécial aux membres de la Gauche communiste de France qui ont vécu ce que décrivait Programme Communiste dans un article à la mémoire du camarade Ottorino Perrone qui venait de disparaître en 1957. « Pour affronter un tel désastre (la contre–révo­lution et la guerre), il fal­ait aux mili­tants une loyauté envers le prolétariat, un désintéressement, un mépris de la popularité et même, devant les méthodes de voyou de l’adversaire, un courage absolument sans limites. »

Surveillance et contrôle

  • Un espace indéfendable : l’aménagement urbain à l’heure sécuritaire / Jean-Pierre Garnier - le Monde à l’envers, 2012

La globalisation du capitalisme a eu pour effet de fragiliser, paupériser et marginaliser de larges fractions des couches populaires. Face aux « désordres locaux » qui en résultent - violence, incivilité et insécurité -, les pouvoirs publics mettent en place des dispositifs de « pacification » où urbanisme et architecture sont mis à contribution. La reconfiguration de l’espace public doit, à la fois, dissuader le nouvel « ennemi intérieur » de passer à l’acte et faciliter la répression, confirmant ainsi le lien entre urbanisme et maintien de l’ordre social.

  • La domination policière : une violence industrielle / Mathieu Rigouste - La Fabrique, 2012

La violence policière n’a rien d’accidentel, elle est rationnellement produite et régulée par le dispositif étatique. La théorie et les pratiques de la police française sont profondément enracinées dans le système colonial : on verra dans ce livre qu’entre les brigades nord-africaines dans les bidonvilles de l’entre-deux-guerres et les brigades anti-criminalité (les BAC) dans les « cités » actuelles, une même mécanique se reproduit en se restructurant. Il s’agit toujours de maintenir l’ordre chez les colonisés de l’intérieur, de contenir les territoires du socio-apartheid. Le développement des armes « non létales » – Flash Ball, Taser... – propulse aussi une véritable industrie privée de la coercition.
Rigouste montre comment l’expansion du marché international de la violence encadre la diffusion des doctrines de la contre-insurrection et permet de les appliquer à l’intérieur des métropoles impériales.
Cette enquête, fondée sur l’observation des techniques et des pratiques d’encadrement et de ségrégation depuis ceux qui les subissent et les combattent, montre comment est assurée la domination policière des indésirables, des misérables et des insoumis en France.

  • Contre le recensement : la police, ce n’est pas ce que vous croyez - le Monde à l’envers, 2012

S’il se trouve chez les statisticiens des personnes sincères (qui veulent améliorer la vie des gens) ou naïves (votre agent recenseur n’est pas à priori un nazi en puissance), qu’elles sachent que leurs idées généreuses ne valent guère, quand elles sont au service de la cynique raison d’État.

Ecologie Politique & Critique du productivisme

  • Résignation est complicité /Marco Camenisch - Editions Entremonde, 2013

Alors qu’en Suisse, malgré une forte résistance, la construction de centrales nucléaires se poursuit, Marco Camenisch fait partie de ceux qui, au sein du mouvement antinucléaire, refusent de se résigner. En 1980, il est arrêté pour le dynamitage d’un pylône de ligne à haute tension et d’une centrale de transformation électrique. Lors de son procès, il lit une longue déclaration : Paix aux chaumières, guerre aux palais ! En cavale ou en prison, Marco Camenisch ne cesse de lancer ses mots contre les puissants. Ses textes contribuent au développement et au renforcement de la lutte contre toute forme de domination, d’oppression et d’exploitation, en défense de tous les êtres vivants. La prison devait détruire Marco Camenisch, guerrier captif depuis maintenant vingt ans, mais il mène depuis sa cellule une intense résistance et participe aux luttes des prisonniers. Il ne se laisse ni détruire, ni pacifier. Se résigner, c’est être complice.

Après avoir abandonné son apprentissage de fermier, Marco Camenisch (né en 1952) s’engagea dans le mouvement antinucléaire suisse des années 1970. Il fut arrêté en 1980 pour le dynamitage d’un pylône de ligne à haute tension. S’échappant de prison en 1981, arrêté de nouveau en 1991 en Toscane et extradé en Suisse en 2002, il est actuellement emprisonné à Lenzburg.

Les Prédateurs du béton / Nicolas de la Casinière - Editions Libertaria, 2013
Créé en 2000, Vinci est vite devenu un champion du CAC 40 et l’un des leaders mondiaux du BTP. Autoroutes, parkings, aéroports (dont celui de Notre-Dame-des-Landes), voies ferrées, industrie nucléaire et réseaux d’eaux constituent les marchés de Vinci pour la phase construction et pour l’exploitation. Pour les partenariats public-privé et les grands chantiers, Vinci a constitué avec quelques autres majors une oligarchie très restreinte, surpuissante, imposant son ordre au monde économique et aux collectivités. Vinci incarne le capitalisme moderne avec un discours de façade écolo, une rhétorique bien rodée sur l’humain au cœur de l’entreprise, des œuvres de bienfaisance bien orchestrées. Ce qui n’empêche pas des pratiques de prédateur en profitant des opportunités ouvertes par la crise financière et économique, l’exploitation de la précarité des salariés, les proximités avec le pouvoir et quelques ennuis devant les tribunaux

  • La mystique de la croissance / Dominique Méda – Flammarion, 2013

La croissance faible, une bonne nouvelle ? Pour Dominique Méda, sociologue, c’est le moment de s’en libérer pour bâtir une société plus respectueuse de l’humain.

Nous sommes prisonniers de la croyance en la croissance. Elle est dans les têtes. Nos indicateurs sont tous pointés vers cet objectif. Notre système économique et social est entièrement organisé autour d’elle. Et pourtant, ne serait-ce que pour sauver la planète, il faut sortir de la logique de la croissance.

C’est la thèse que défend la sociologue et philosophe « gorzienne » Dominique Méda, professeure à l’université Paris-Dauphine, dans son dernier essai, « La Mystique de la Croissance » (Flammarion, 2013). Entretien.

  • Oublier Fukushima / Arkadi Filine - Les éditions du bout de la ville
    Année de publication : 2012

La catastrophe nucléaire au Japon serait résolue. Catastropher, liquider, évacuer, réhabiliter, banaliser : autant d’épisodes d’un feuilleton destiné à nous faire oublier Fukushima. Autant de chapitres de ce livre pour défaire les mensonges des États nucléarisés. « Je ne veux plus y retourner. Là-bas, la vie a été effacée », explique une grand-mère japonaise qui a fui la zone contaminée. La catastrophe dans laquelle se débattent les Japonais n’est pas seulement un aperçu de ce qui nous attend partout ailleurs, c’est aussi le miroir grossissant de notre condition présente, celle de prisonniers d’un monde clos. Chaque foutue aspiration à la liberté se cogne aux murs des installations nucléaires, se perd dans le temps infini de la contamination. Quelle existence reste-t-il à mener avec un dosimètre autour du cou ?

De Tchernobyl à Fukushima, du Japon à la France, des textes, des récits, des documents. Pour contribuer à l’histoire immédiate du désastre nucléaire. Pour nourrir quelques esprits qui refusent de se résigner.

Ni héros, ni martyr, Arkadi Filine est l’un des 800 000 liquidateurs de Tchernobyl. Svetlana Alexievitch lui donne la parole dans son livre La Supplication. Pour ce livre, trois personnes de la génération Tchernobyl ont choisi d’emprunter son nom. Elles se reconnaissent dans son sens de la dérision, au bord du gouffre, son attitude désespérée mais pas résignée.

Univers carcéral

  • Les derniers forçats/Henry Marty-Philippe Martinez - Editions Albache, 2012

C’est le bagne, celui des illégitimes qui d’habitude ne témoignent pas, que la lecture de ce livre dévoile. Ces témoignages de bagnards ne sont pas des pamphlets politiques, des manifestes contre l’injustice sociale ou contre l’univers carcéral. Leurs auteurs, Marty et Martinez, ne sont pas anarchistes, n’ont pas lu Proudhon ou Hegel. Et pourtant, c’est leur conscience de classe qui les pousse à écrire. Ni réfléchis, ni structurés, ces récits instinctifs sont nés de la plume de deux bagnards, de ces rares anonymes qui ont écrit sans pourtant
avoir défié la chronique lors de leurs procès ; des milliers qui, meurtriers ou petits voleurs, finissent par mourir dans l’indifférence. C’est du bagne, celui de la pègre et des assassins dont ces écrits sont les témoins.

Ils révèlent cette histoire que l’on tait, ces hommes que l’on oublie, ces parias que l’on exile pour mieux se convaincre qu’ils ne sont pas les produits d’une société inégalitaire et répressive.

Dans ces pages sont libérés les écrits, jusque là inédits, des inconnus du bagne.

  • Brique par brique : Se battre contre la prison (Belgique 2006-2011) - Tumult Editions, 2012

Cinq années de troubles dans les prison belges. Cinq années de révoltes, de mutineries, d’évasions. Cinq années d’agitation, d’actions et d’attaques contre la prison et son monde. cinq années de douleurs, d’isolement, de punitions, de tabassages et de morts aussi. Cinq années de paroles qui esquissent la liberté et posent en conséquence la destruction nécessaire de tout ce qui lui fait obstacle. Cinq années sans trajectoire rectiligne, sans autre logique, sans autre rythme que les palpitations de la vie même et le combat pour la liberté qu’elle inspire. Ce livre n’est alors qu’une tentative de partager cette force vivante, qui a encouragé tant de prisonniers du dedans comme du dehors, tant de compagnons, tant d’inconnus et d’anonymes à se battre contre l’univers carcéral.
Ce livre rassemble textes, lettres, tracts, affiches, actions et attaques de ces dernières cinq années issus de la lutte contre les prisons et son monde.

International

  • L’or noir du Nigéria : Pillages, ravages écologiques et résistances / Xavier Montanyà – Agone, 2012

Dans la riche zone pétrolière du delta du Niger, Shell ou Total opèrent en dehors de tout respect des droits humains. Après cinquante ans d’exploitation sauvage et de marées noires, l’air, les sols et les cours d’eau sont empoisonnés. Les nombreuses résistances, pacifiques ou armées, des populations locales privées de leurs terres et de leurs moyens de subsistance se heurtent à une sanglante répression menée par les compagnies pétrolières et l’armée nigériane.
Le Nigeria, premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, est un cas extrême mais exemplaire pour saisir l’ampleur du désastre engendré par l’extraction intensive des ressources naturelles dans les pays africains, et identifier ses causes, ses acteurs et ses enjeux. Pour l’écrivain nigérian Wole Soyinka « Le monde doit comprendre que le combustible qui fait fonctionner ses industries est le sang de notre peuple. ».

  • Les années terribles (1926-1945) : La Gauche italienne dans l’émigration, parmi les communistes oppositionnels / Michel Roger - Ni patrie ni frontières, 2012

Cet ouvrage propose les débats qui ont agité l’émigration italienne des communistes de gauche, principalement en Europe. Il retrace aussi le parcours individuel d’un certain nombre de militants, courageux, tenaces, qui ont défendu leurs convictions communistes et leur engagement révolutionnaire au péril de leur vie, et n’ont jamais renoncé à leurs convictions révolutionnaires.

  • Israël/Palestine / Pierre Stambul - La Bussière : Editions Acratie , 2012

Pourquoi cette guerre du Proche-Orient depuis presque un siècle ? Pourquoi le colonialisme discrédité ailleurs est-il ouvertement à l’œuvre dans les Territoires occupés ? Pourquoi le peuple palestinien, continue-t-il à payer pour un génocide européen ? Comment le sionisme a-t-il réussi à manipuler de façon aussi efficace l’histoire, la mémoire et les identités juives tout en assurant l’impunité d’Israël et son soutien inconditionnel par les États occidentaux ? Comment fonctionne le complexe de Massada qui persuade les Juifs que ce sont toujours eux les victimes ? Comment la société palestinienne résiste-t-elle ? Pourquoi le boycott, le désinvestissement, les sanctions sont-ils la meilleure arme pour l’aider ?
Pierre Stambul explique "son" identité, la forme de judaïté qui lui a été transmise et sa rupture avec le sionisme. L’antisionisme juif est devenu fondamental car cette guerre n’est pas une guerre raciale ou religieuse. Ce livre regroupe toutes les brèves et analyses parues dans L’École émancipée avant 2002 puis dans L’Émancipation et montre le rouleau compresseur colonial qui détruit peu à peu la Palestine. Des questions clés sont abordées : l’antisémitisme instrumentalisé par le sionisme pour criminaliser toute critique, les religions qui ont compliqué cette guerre sans en être à l’origine, le monde arabe en une période de révolutions inachevées. On y vit les débats quotidiens de l’UJFP (Union juive française pour la paix) dans laquelle Pierre Stambul milite depuis 10 ans.

  • Le livre noir de l’occupation israélienne Les soldats racontent - Editions Autrement, 2013

« C’est un monde complètement différent là-bas, avec des règles
complètement différentes. Dans ce monde-ci, cette histoire
est inacceptable, en tout cas pour moi... Là-bas, c’est tellement naturel.
Les règles sont tellement différentes.
Personne ne comprend ça à moins d’avoir été là-bas. »
Réveiller un village en pleine nuit à coups de grenades pour faire régner
la terreur, démolir des maisons au prétexte de chercher des armes
qui ne s’y trouvent pas, passer à tabac des prisonniers menottés, participer
à des opérations de vengeance meurtrière, arrêter des enfants, annexer
des terres, tuer et s’en trouver félicité : dans les Territoires occupés
de Palestine, l’insupportable est devenu banal.
En 145 témoignages, les soldats de l’armée israélienne racontent
leur quotidien fait de violences ordinaires et de tensions permanentes.
Dans ce que certains décrivent comme un Far West, les limites morales
de chacun sont sans cesse mises à l’épreuve. Et tous sont marqués à vie.
Dix ans d’enquête ont permis à l’organisation Breaking the Silence de
récolter ces paroles de guerre qui disent les objectifs réels de la politique
israélienne dans les Territoires : renforcer son emprise sur la terre
et contrôler la population palestinienne.

  • On s’en câlisse : Histoire profane de la grève printemps 2012, Québec / Collectif de Débrayage – Entremonde, 2013

Qu’est-ce qui fait qu’un mouvement « prend » ? Voilà la question à laquelle le collectif de débrayage tente d’apporter des éléments de réponse, à partir du cas de figure de la grève étudiante au Québec. Le dernier en date des printemps de révolte prend ici un caractère paradigmatique, en ce que tous les éléments caractéristiques des mouvements récents y ont trouvé une forme achevée. « La loi spéciale, on s’en câlisse », pouvait-on entendre à Montréal entre deux coups de casserole ou pendant une des centaines de manifs nocturnes. Le récit de ce mouvement qui aura duré plus de 6 mois, allongé par une loi d’exception qui n’a suscité que dérision et défiance, est interprété dans cet essai à l’aune des caractères culturels et politiques spécifiques du Québec, mais également des techniques les plus récentes à la fois de la police et des protestataires. Alors que le discours officiel montre les étudiants comme vainqueurs, parce qu’ils auraient suscité l’élection d’un parti qui a finalement aboli la loi spéciale et la hausse des frais de scolarité qui avait causé la grève, l’histoire se complique à la lecture de ce livre. Une grève est-elle vraiment faite pour gagner, alors que cette victoire est toujours prononcée au moment où la grève prend fin ? Devrions-nous plutôt faire l’hypothèse que la façon dont la grève peut « faire l’Histoire » se trouve dans sa manière de la défaire ? Loin d’un discours de clôture et autres commémorations, On s’en câlisse veut raconter la nouveauté de ce mouvement du point de vue des minorités actives qui l’ont animé.

  • La bataille d’Alep : chroniques de la révolution syrienne / Pierre Piccinin da Prata, - L’Harmattan, 2012

Historien et politologue, l’auteur a effectué six séjours d’observation en Syrie. En mai 2012, son arrestation par les services de renseignement syriens lui a valu la une des médias : torturé à Homs et détenu prisonnier à Damas, il a fait le récit de l’enfer des geôles du régime. Rejoignant Alep en octobre, il a ramené une série de chroniques témoignant des crimes de guerre et du combat de tout un peuple pour gagner sa liberté.

Jeunesse

  • Défends-toi ! / Géraldine Collet, Mélanie Allag - Éditions de l’Élan vert, 2013

Défends-toi ! ressemble à un album documentaire narrativisé, pour petits. Chaque double page présente un système de défense particulier. Le hérisson se roule en boule, l’opossum fait le mort, le chien mord, le lapin guette devant son terrier, le bélier fonce tête baissée… Cette revue des modes de défense s’achève par une question au lecteur « et toi comment te défends-tu ? Tu fuis ? Tu ruses ? Tu mords ? Tu griffes ? /Oui, parfois… Mais avant, je préfère en parler à un grand ». L’enfant ainsi interpellé pose devant un dinosaure sympathique qu’il a peut-être maîtrisé. L’objectif de l’album se dévoile donc. Se défendre est normal et naturel, comme l’annonce le titre, mais quand on est un enfant, on cherche une médiation. Pour installer cette morale, chaque épisode est construit de façon identique : un petite phrase rimée le plus souvent, pose le sujet et le mode défense « qui a peur des souris ? C’est l’éléphant qui fuit ! ». Le protagoniste est mis en situation et commente au style direct, la situation. L’illustration de cette petite comédie est complètement anthropomorphisée. On est dans les codes de certaines BD pour enfants : ton comique, bulle. Par exemple, la moufette chevauchant une moto envoie au renard qui la poursuit en voiturette, un jet malodorant et dit à son poursuivant « désolée, renard, mais c’est tout ce que j’ai trouvé ». L’ensemble bénéficie d’un rythme aussi bien dans la forme que dans le fond mais les moyens déployés pour cette leçon de morale ne sont pas vraiment convaincants.

Question Sociale

  • La nostalgie de l’Occupation : peut-on encore se rebeller contre les nouvelles formes d’asservissement ? / Bertrand Méheust - La Découverte, 2012

La « nostalgie de l’Occupation », c’est avant tout le sentiment d’une perte, peut-être irrémédiable. Le monde meilleur dont les membres du Conseil national de la Résistance avaient jeté les bases n’a-t-il été qu’une courte parenthèse ? Peut-on encore se dresser efficacement contre ces nouvelles forces qui se sont déchaînées et menacent l’humanité dans son existence même ?
Ce livre ne traite donc pas de l’Occupation allemande, il dresse le portrait de cette « Occupation » d’un genre inédit sous laquelle nous semblons destinés à vivre. Il cherche à comprendre les raisons pour lesquelles toutes les issues semblent bouchées. Pourquoi les grands moments d’effervescence qui ont scandé la vie des sociétés et permis le renouvellement de leurs structures semblent-ils se raréfier et perdre leur puissance transformatrice ?
Comme toutes les sociétés, la nôtre cherche à persévérer dans son être. Elle a donc développé des technologies qui tentent de maintenir la température du groupe en dessous du seuil à partir duquel le changement devient possible. Pourra-t-on encore dévier l’histoire d’un cours qui semble inéluctable ?

Médias & Propagande

  • Les patrons de la presse nationale : tous mauvais / Jean Stern - La Fabrique, 2012

Machine à décerveler, moutonnière, banale, égocentrique, la presse nationale a perdu des millions de lecteurs depuis 20 ans. Coïncidence ? C’est le temps qu’il a fallu au CAC 40 pour s’emparer de la plupart des journaux, du Monde à Libération, des Inrockuptibles aux Échos. Les industriels du luxe, de l’armement ou de la communication se sont offerts des journaux devenus « voix de leurs maîtres ».
Il est de bon ton, pour expliquer l’échec de la presse française, de mettre en cause la montée en puissance d’Internet ; ou encore quelques journalistes vedettes zélateurs de l’ordre social, qui resteraient confinés dans un étroit réseau d’amitiés élitistes. En réalité, ce sont les patrons qui sont les véritables responsables de cette défaite. Ils en tirent un double profit. Idéologique d’abord. Maintenue tout juste hors d’eau, la presse enquête peu, analyse peu et sert en copié-collé les mêmes idées. Faute de moyens, les enquêtes économiques, sociales et internationales sont largement délaissées.
Profit financier ensuite. Les nouveaux propriétaires milliardaires se sont nourris du spectaculaire échec d’un système de cogestion mis en place à la Libération entre l’État, les gaullistes et le PCF, puis de la complicité de leur « bon ami » Mitterrand. Ils ont achevé de soumettre une presse qui avait fait depuis longtemps le deuil de ses utopies. Il ne leur en coûte en réalité pas un euro, malgré leurs jérémiades et leurs dignes postures de mécènes. Car pour les milliardaires, comme Bernard Arnault, Serge Dassault ou Xavier Niel, s’offrir des journaux est fiscalement avantageux, grâce à l’astucieux système des holdings dites « familiales » mis à jour avec l’affaire Bettencourt.
La presse à la niche… fiscale ? Mais pas que. Les patrons de la presse nationale dresse l’incroyable récit de ce naufrage et décortique les réseaux qui ont organisé la soumission des journalistes.


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