local d’Attac / Solidaires, 29 bd Longchamp, 13001
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Face à la crise écologique et climatique, « l’espèce humaine » est sommée de réagir et d’assumer ses responsabilités.
L’urgence et l’ampleur du défi impliqueraient de dépasser les « vieux » clivages, pour entrer dans une nouvelle ère et assumer, ensemble, notre communauté de destin : nous serions, en effet, toutes égales et tous égaux face aux basculements qui s’annoncent. Il n’y aurait pas de place pour la politique : l’enjeu serait de trouver des réponses techniques (pour ne pas dire technologiques).
La communauté internationale et une bonne partie des acteurs de la société civile se mobilisent et agissent sur cette base dès lors qu’il est question de lutte contre le réchauffement climatique. Sans succès jusqu’à présent : les sommets des Nations Unies se suivent et se ressemblent, qui se soldent tous par un constat d’échec. La situation est donc plus que paradoxale : nous disposons d’une connaissance suffisamment précise et objective pour savoir l’urgence de la situation, mais nous sommes, collectivement, incapables d’engager les transformations nécessaires.
Peut-être faut-il alors prendre le problème à rebours et partir de la réalité : nous ne sommes pas égales et égaux face au changement climatique. Les rapports de domination (de genre, de classe, de race) subsistent et se renforcent : la nature est un champ de bataille.
Partir de ces formes de domination, et des luttes de celles et ceux qui les subissent permet de repolitiser la question du changement climatique - et de ne pas l’abandonner au capitalisme, qui, par la financiarisation et les guerres climatiques, étend son emprise.
Razmig Keucheyan, La Nature est un champ de bataille. Essai d’écologie politique, 2014, éditions Zones/La Découverte,
et « Quand la finance se branche sur la nature », le Monde Diplomatique, mars 2014.