Une tribune pour les luttes

Petit Journal antinucléaire sur l’actualité de Fukushima et d’ailleurs

Voyage de Naoto Matsumura en Europe

Article mis en ligne le mardi 29 avril 2014

22 avril 2014
Ce que dit Naoto Matsumura

Naoto Matsumura vit à Tomioka. Il est une des rares victimes de la catastrophe nucléaire de Fukushima à être restée vivre dans la zone interdite. En mars 2014, il est venu en France, en Allemagne et en Suisse pour témoigner de ce qui lui est arrivé, de ses choix et de son combat. Beaucoup de médias ont rapporté sa venue ; vous trouverez dans cette page une sélection de messages qu’il a portés de Paris à Genève, en passant par Bure, Fessenheim ou le Parlement européen.

Merci à tous ceux qui ont rendu possible cette aventure, à tous les organisateurs bénévoles et à tous les donateurs. Car l’objectif de ce voyage a été pleinement atteint. Naoto Matsumura a non seulement rencontré des centaines de lycéens avides de connaissances sur la catastrophe de Fukushima mais il a également livré son témoignage à des millions d’Européens à travers de nombreux médias : l’accident nucléaire est possible en Europe, et spécialement en France ; il est encore temps d’arrêter le nucléaire avant de devenir tous des victimes.

Première interview de Naoto Matsumura en France à RTL le 5 mars 2014 avec Yves Calvi

A propos du prochain accident nucléaire

« Le prochain accident nucléaire, ce sera soit au Japon, soit en France. Je connaissais l’accident de Three Mile Island et de Tchernobyl mais je pensais que ça ne nous concernerait jamais, que la technique japonaise était suffisamment bonne... Je pense qu’EDF juge également que les centrales nucléaires françaises bénéficient d’une technique de meilleure qualité. Tepco, c’était pareil. Ils nous disaient qu’il n’y avait pas de danger, que c’était sûr... Il faut dire haut et fort qu’il faut arrêter le nucléaire, il faut se battre. » (AFP, 6 mars 2014)

« Si l’Europe ne décide pas très vite de sortir du nucléaire, elle connaîtra forcément une catastrophe aussi grave que Fukushima » (France Info, 16 mars 2014)

« Chez vous en Europe, les pays sont collés les uns aux autres, s’il y a un accident, ce sont plusieurs pays qui seront affectés. » (RTS, 18 mars 2014)

Conférence de presse de Naoto Matsumura, Michèle Rivasi et Sandrine Bélier le 11 mars 2014 au Parlement européen

A propos du projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure

« L’Andra a des réponses toutes faites qui, selon moi, ne sont pas fiables. Personne ne peut dire qu’il n’y aura jamais d’accident. Avant, Tchernobyl, c’était loin pour moi et je ne croyais pas que cela pouvait m’arriver. Maintenant, je suis concerné. La France fait comme les autres pays. Elle choisit Bure car il n’y a pas beaucoup de population. Ils considèrent qu’il y aurait moins de dégâts en cas d’accident. Les habitants de Bure sont déjà des victimes du nucléaire. Partout, il faut sortir du nucléaire » (Est Républicain, 9 mars 2014)

Naoto Matsumura a visité le centre CIGEO à Bure le 7 mars 2014.

A propos de l’efficacité de la décontamination des sols

« Ce que je souhaite dire en France et en Europe, c’est qu’avant une catastrophe, une centrale nucléaire c’est toujours nickel. Je pense que c’est ce que doit vous dire EDF. C’est que nous disaient en tout cas les dirigeants de Tepco : qu’on n’était pas à Tchernobyl dans l’ex-Union soviétique, qu’il fallait au contraire avoir confiance dans la technique japonaise. Et moi, comme la grande majorité des Japonais, je les croyais. Maintenant, trois ans après l’explosion, ils ne contrôlent plus rien. A tel point, que le gouvernement japonais a dû prendre le contrôle du chantier de décontamination. Depuis janvier, je les ai vus dans ma ville faire enlever la terre trois fois pour la décontaminer. Sans résultat : il y a toujours autant de radioactivité dans le sol... » (La Vie, 7 mars 2014)

« Finalement, d’après mes propres expériences vécues dans une zone interdite, j’estime que la décontamination du territoire est irréalisable et que le retour dans les zones contaminées est impossible. Car les zones contaminées ne sont plus habitables. Si jamais un accident pareil arrivait en France, vous perdriez certainement une vaste étendue de votre territoire. » (Conférence au Parlement européen, 11 mars 2014)

A propos des mensonges de Tepco

« Avant le 11 mars 2011, les techniciens de Tepco nous disaient qu’il n’y avait pas de danger, que cela n’arriverait jamais. Des menteurs !

Quelques jours après le 11 mars 2011, un de mes voisins, un technicien Tepco m’a dit que tout était désormais sous contrôle, que tout serait revenu à la normale après quelques jours tout en évacuant sa famille au loin : Menteur !

Depuis le début de la catastrophe, Tepco nous répète que tout va bien. Menteurs !
Ils nous disent maintenant qu’il faudra 30 à 40 ans pour y remédier. Menteurs !
Ils nous ont menti avant, ils nous ont menti pendant, et ils nous mentent même encore maintenant. » (Enjeux énergies, 8 mars 2014)

A propos de Fessenheim
« La centrale nucléaire de Fessenheim est une vieille centrale. Ce sont ces centrales qui présentent le plus de risques » (Arte Journal, 9 mars 2014)

« Si une catastrophe survient ici, il ne restera rien de vos vignes, de vos forêts et de vos champs de maïs. Il faut fermer toutes les centrales du monde. » (L’Alsace, 10 mars 2014)

A propos de sa ville natale, Tomioka
« Ce n’est pas possible d’expliquer la situation de ma ville avec des mots mais après l’explosion de la centrale et l’évacuation, ce qui m’a le plus choqué, c’est le silence. Avant, c’était une ville très animée, aujourd’hui elle est déserte et irradiée définitivement. » (I-Télé, 9 mars 2014)

« Je pense que la terre n’a plus de valeur, que personne ne va vouloir des terres de Tomioka. Je suis de la 5ème génération de riziculteurs, mes ancêtres avant moi ont protégé ces terres, mes parents m’ont appris à m’occuper de ces terres, et moi je voulais transmettre ces valeurs à la génération suivante... Il n’y a aucune chance que les générations futures reviennent s’installer à Fukushima. Il n’y a aucune chance pour ça, ça se terminera avec moi. » (RTS, 18 mars 2014)

A propos de son choix de rester en zone contaminée
« Au bout de 3 jours, je suis sorti de ma maison, ce qui m’a frappé c’est le silence. J’ai vu un pauvre chien attaché, il n’avait rien à manger ni à boire. Je l’ai donc nourri et un autre chien à côté a commencé à aboyer pour me réclamer aussi de le nourrir. Et c’est comme ça que je me suis aperçu qu’il y avait des milliers d’animaux abandonnés autour de Fukushima. » (France Info, 11 mars 2014)

« Au lendemain de l’accident, la seule chose à laquelle j’ai pensé a été de sauver des animaux. Maintenant, je ne peux plus arrêter » (Metronews, 10 mars 2014)
« La centrale nucléaire m’a tout pris, ma vie et mes biens. Rester ici, c’est ma façon de combattre pour ne pas oublier, ni ma colère, ni mon chagrin » (L’Alsace, 10 mars 2014)
« Une partie de la population ne comprend toujours pas pourquoi j’ai décidé de rester dans la zone rouge pour m’occuper des bêtes. Ces gens-là se demandent si la vie d’un humain n’est pas plus importante que la vie des bêtes. Mais aujourd’hui, je n’ai aucun regret. Si c’était à refaire, je prendrais la même décision. » (La Télé, 18 mars 2014)

A propos de sa santé
« J’ai renoncé à manger mes propres cultures, elles sont trop contaminées. Et moi aussi ! » (Ouest-France, 6 mars 2014)
« Pour l’instant je n’ai rien. Peut-être que dans trois ou cinq ans, je verrai les conséquences de la catastrophe sur ma santé » (Metronews, 10 mars 2014)
« Peut-être je serai atteint un jour ou l’autre d’une leucémie ou d’un cancer. » (RTL, 11 mars 2014)

A propos des liquidateurs de Fukushima
« Pour Tepco, les travailleurs à la centrale ne sont pas des humains » (JOL Presse, 10 mars 2014)

A propos de la gestion de la catastrophe de Fukushima

« Aujourd’hui, il faut révéler ce qui se passe vraiment à Fukushima, dire aux chaînes de télévision qu’on ne peut plus gérer les problèmes à Fukushima Daiichi. Le gouvernement assure que la situation est maîtrisée, mais c’est loin d’être le cas… La réalité c’est que Tepco ne sait pas comment gérer, ni maîtriser l’accident de Fukushima » ». (JOL Presse, 10 mars 2014)

« Personne ne peut maîtriser l’accident. Il n’y a aucune technique, aucun moyen d’arrêter cela. » (France Inter, 11 mars 2014)

A propos de l’idée qu’il se faisait du nucléaire

« Avant la catastrophe, je n’étais pas du tout un militant écologiste. Le nucléaire ne me faisait pas peur, j’avais totalement confiance. » (Ouest-France, 6 mars 2014)

« J’étais convaincu que les centrales nucléaires étaient sûres, qu’il n’y avait aucun danger. C’est comme cela que j’avais été formé. » (RTL, 11 mars 2014)
« Je n’étais pas anti-nucléaire avant, Tepco m’avait lavé le cerveau. » (France Info, 11 mars 2014)

A propos de l’attitude de l’OMS vis-à-vis des victimes du nucléaire

Naoto Matsumura n’a rien dit mais a porté cette pancarte : « Fukushima, another WHO cover up just like Chernobyl ». Le 19 mars 2014, il a participé silencieusement à la vigie d’Hippocrate devant l’OMS à Genève, comme le font chaque jour ouvrable tous les autres militants d’Independent WHO depuis le 26 avril 2007.

A propos des évacués

« Les personnes âgées sont déboussolées, stressées. Beaucoup en meurent. » (Ouest-France, 6 mars 2014)

Une semaine auparavant, le matin du 11 mars 2014, Naoto Matsumura avait fait une conférence au Parlement européen et délivrait également ces revendications :

Droits de l’homme
« Les victimes doivent être reconnues comme des réfugiés irradiés et soutenus comme tel. Des droits doivent leur être accordés : Droit de réclamer l’évacuation en fonction du niveau de radiation. Droit de protéger les enfants de Fukushima contre la radioactivité. Droit de se procurer des aliments propres non contaminés pour les enfants aussi bien que pour les adultes. »

Droits de l’animal
« Les animaux doivent être évacués et protégés en cas d’accident nucléaire. Les animaux abandonnés dans les zones contaminées ne doivent pas être tués. »

Le 6 mars 2014, Naoto Matsumura était l’invité de Mathieu Vidard pour la tête au carré

Liberté d’expression
« Avant Fukushima, c’était Tepco, grand sponsor des médias japonais, qui censurait les opinions publiques. Maintenant c’est la nouvelle loi sur la protection des secrets qui fera taire les médias et les dénonciateurs. Il est plus facile de ne rien dire sur Fukushima Daiichi que de chercher à résoudre les vrais problèmes du nucléaire.

Avec cette nouvelle loi, nous n’aurons plus le droit d’accéder aux informations ni de critiquer l’Etat. Nous risquerons d’être considérés comme terroristes, quel que soit notre statut car c’est une loi qui stipule que celui qui avance sa propre opinion peut être considéré comme terroriste. »

le texte en entier et les photos sur : http://www.fukushima-blog.com/

P.-S.

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