Faculté de Droit, Amphi Mistral, avenue Robert Schuman, 13100
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On pouvait attendre de la crise qui s’est déclarée à la fin des années 2000, et continue à affecter les économies des États-Unis et d’Europe, une profonde remise en question des pratiques néolibérales. Mais, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique, les politiques des droites se poursuivent inexorablement. L’austérité européenne vise à "rassurer" les banques concernant la solvabilité des États, bloquant toute reprise économique et inversion de la courbe du chômage. De nouvelles tendances se dessinent aux États-Unis – manifestant un nouvel engagement de la part du gouvernement et de la banque centrale, très éloigné des principes néolibéraux – mais toutes ces politiques témoignent des mêmes choix au profit des plus favorisés et visent à réduire le pouvoir d’achat de la grande masse des salariés. L’urgence est grande d’une grande "bifurcation", à gauche cette fois. Telle est la thèse défendue par Gérard Duménil et Dominique Lévy, nourrie par une enquête sur la dynamique historique du capitalisme depuis un siècle et supportée par l’analyse des plus récents développements économiques.
* Gérard Duménil est économiste, directeur de recherche au CNRS, et auteur, avec Dominique Lévy, de nombreux ouvrages, dont leur second livre publié en anglais chez Harvard University Press, « The Crisis of Neoliberalism » (2011), confirme leur position d’intellectuels d’envergure mondiale.
Avec « La grande bifurcation » G. Duménil et D. Lévy actualisent l’analyse marxienne de la structure des classes du capitalisme. Ils donnent aux "cadres" (dirigeants) un rôle crucial dans une possible sortie de crise hors des sentiers du néolibéralisme, telle que pourrait la susciter un renouveau des luttes populaires. L’intervention du sociologue Paul Bouffartigue permettra d’ouvrir le dialogue, en s’appuyant sur les travaux sociologiques d’inspiration critique. Sans nier le caractère toujours plus aigu du conflit de classe fondamental, au centre du débat sera la dissolution des anciennes identités de classe et les tendances à l’éclatement du vaste ensemble formé par les classes populaires et moyennes. Détacher les cadres dirigeants des capitalistes, comme le suggèrent Duménil et Lévy, ne suppose-t-il pas de surmonter les obstacles à la "solidarisation" de ce vaste ensemble ?
**Paul Bouffartigue est sociologue, Directeur de Recherche au CNRS. Il a publié, entre autres : « Les cadres. Fin d’une figure sociale », La Dispute, 2001 ; et « Le Retour des classes sociales. Inégalités, dominations, conflits », La Dispute, 2005.
Renseignements au 06 42 37 78 55