Une tribune pour les luttes

Contre la fermeture de la CAF et la traque des pauvres !

Rassemblement devant la CAF de Malaval à partir du 15 mai à 9h

un collectif d’allocataires à Marseille

Article mis en ligne le lundi 12 mai 2014

reçu par mail.

Depuis plus d’ un mois, les allocataires qui passent à l’une des CAF de Marseille, se heurtent à des grilles baissées, derrière des vigiles qui tentent de calmer la colère des usagers. Pendant quelques semaines, la direction de la CAF a justifié ces fermetures par la « pression » que « subissaient » les agents de la CAF de la part des usagers en colère, face aux 100000 dossiers en retard de traitement. Pourtant, depuis 2012, certains de ces agents font régulièrement grève, conscients que ces retards ne sont pas de la faute des usagers, mais bien de la direction, qui entend « améliorer » les conditions de travail des agents et « traiter » les retards de dossiers à coup de réduction de personnel et de fermeture définitive des accueils au public.
Les retards de dossiers que subissent les usagers depuis plusieurs mois font en réalité partie d’une stratégie générale qui vise à réduire le nombre d’allocataires. En réduisant continuellement les personnels, et en fermant les accueils, l’objectif est de rendre l’accès aux allocs dignes des 12 travaux d’Asterix et d’en priver les usagers en les décourageant.

En effet, le département des Bouches-du-Rhône a été désigné en 2012 laboratoire d’ un nouveau dispositif de gestion des allocations familiales qui sera ensuite étendu à toute la france. Désormais, la CAF comme lieu physique n’existera plus. Le traitement des dossiers, des demandes et des galères se fera par internet, avec des bornes financées par les allocations que nous n’aurons plus, ou par téléphone avec un super 0800 sur lequel on pourra passer une heure pour éventuellement se faire envoyer balader, avoir l’immense privilège d’obtenir un vrai RDV avec un délais d’attente d’un mois en moyenne, ou tout simplement lâcher l’affaire parce qu’au bout d’une heure on aura eu personne au bout du fil...

En ces temps de crise où l’État préfère faire trinquer les pauvres pour sauver le libéralisme, les premières « coupes budgétaires » sont celles faites sur le dos des bénéficiaires des minimas sociaux, c’est à dire les plus pauvres. Et comme il ne va pas de soi que nous acceptions sans broncher de se faire sucrer le RSA ou de se faire expulser de nos apparts faute d’APL, l’État restructure dès aujourd’hui les CAF à moindre frais pour mieux nous isoler, et investit dans le sécuritaire pour mieux nous contrôler et nous réprimer.

Le mardi 22 avril, les usagers, excédés, ont manifesté leur colère devant la CAF de la rue Malaval à Marseille, en haranguant et en interpellant énergiquement les vigiles et le personnel, en escaladant les grilles pour s’installer dans la cour, en cassant une porte du garage, et en promettant de revenir le lendemain. Plusieurs personnes, présentes dès le mardi, se sont retrouvées tous les matins devant cette CAF, afin d’expliquer aux usagers ce qu’il était en train de se produire. Cela a poussé des agents de la CAF et des allocataires à organiser le rassemblement du 29 avril devant la CAF de Gibbes, où se situe le bureau de la direction des CAF de Marseille. Ils ont obtenu un entretien avec l’équipe de direction, au cours duquel l’administrateur provisoire de la CAF des Bouches-du-Rhône, dépêché par l’Etat depuis 2012 pour mener à bien cette restructuration a confirmé que : « Pour que les liquidateurs, euh, les agents puissent travailler dans des conditions sereines », il fallait réduire les « stocks ». Néanmoins, à l’issue de l’entretien, des allocataires ont pu obtenir satisfaction quant à leurs dossiers grâce au rapport de force mis en place.

Cette restructuration de la CAF et ses conséquences ne sont que les premiers jalons d’une politique d’austérité, dont nous allons tous -ou presque- faire les frais. Dans ce contexte de crise, c’est encore aux pauvres, avec ou sans travail, qu’on va demander de se serrer la ceinture et qu’on va isoler de plus en plus, pour prévenir toute forme de contestation. C’est en s’organisant collectivement dès maintenant qu’on va pouvoir résister aux offensives qui nous sont faites et à cette crise du capitalisme qu’on nous demande de payer, pour sauver le système et les patrons qui nous exploitent. En se rassemblant à nombreux devant les CAF et en les occupant, on peut obtenir des traitements de dossiers et éviter des radiations . En mettant la pression à la direction on peut empêcher cette restructuration de la CAF, et l’isolement qu’ils voudraient nous imposer pour nous faire taire.

La « CGT chômeurs rebelles » appelle à une manifestation devant la CAF de Malaval le jeudi 15 mai à 9h. Même si nous nous méfions des syndicats, nous pensons que cette manifestation est l’occasion de nous retrouver pour commencer à nous organiser entre usagers et construire un rapport de force face à la casse des services sociaux.

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