Une tribune pour les luttes

Autour du mouvement dans les écoles marseillaises

Pousse les murs

par Christophe G.

Article mis en ligne le samedi 7 juin 2014

L’école Nationale dans le 3ème arrondissement s’est déjà fait connaître pour du riz avarié servi par la Sodexho cet hiver. Depuis un mois c’est la question de la surcharge des effectifs qui est au centre de la mobilisation de cette école situé chez les pauvres.

« A l ‘école de la Busserade, il y a certes des toilettes, mais ils sont pour adultes. » m’explique Lamia, une parent d’élèves en congé parental. C’est une école en Algeco comme le vante la société qui propose maintenant des écoles modulaires. Sa fille aurait du être à l‘école Pommier mais l’école déborde. « Comme la plupart des écoles marseillaises » analyse Mylène de Sud Education. Florimond Guimard qui tient le mégaphone ce matin devant l’école National, dans un des quartiers les plus pauvres de France, invite les familles à rendre visite à la direction de la vie scolaire. Les mères, elles, veulent voir Gaudin et traverser Marseille. Des classes surchargées, des écoles où s’entassent des mouflets, elles sont légion dans Marseille. L’hypercentre vomit ses enfants sur d’autres établissements tandis que le nord de Marseille vit déjà la situation du Burkina Faso : des Algecos sont en place depuis des années. L’école Eydoux à qui on envoie le surplus des Bergers et de Saint Savournin envoie ses petits à Loubière et le scénario se répète partout. Au sud dans les quartiers plus huppés, il n’y a pas non plus de constructions d’écoles confirme Marie Batoux du Front de gauche mais les habitants vont dans le privé. Il est vrai que certaines écoles confessionnels sont flambantes neuves. « Il y a un choix tourné vers le privé depuis Gaudin et une opacité des financements de la mairie » ajoute-elle.
L’école maternelle Strasbourg qui a été bloqué lundi dernier manque de tout : le personnel est défaillant, la cour trop petite et les enfants s’entassent dans les classes. « On est pas des sardines » clament les parents comprimés de cette école du 3éme.
Lamia raconte qu’à la Busserade afin de faire tenir tout le monde ensemble, on a rajouté une classe dans la salle polyvalente, comme à National ce que confirme un enseignant qui n’a plus assez de salives pour raconter toutes les difficultés de son école : « Trois enseignants sont en maladie et non remplacés. Le nombre d’enfants par classe atteint les 30, mais la mairie nous répond qu’on est dans la moyenne » L’école contient tant bien que mal 409 marmots alors qu’ils devraient être 250. Une situation pire que dans les prisons. Mme Casanova déléguée de la mairie aux écoles nie toujours son manque d’anticipation. La ville de Marseille n’aurait pas assez d’argent non plus pour passer à la semaine de 5 jours ; Benoit Hamon vient pourtant de proposer de passer l’aide de 90 euros par élève à 140…en ponctionnant la CAF des BDR. Il oublie que celle-ci est sous tutelle et se porte bien mal avec 62 000 dossiers en souffrance. Il est vrai qu’à Marseille on aime prendre son temps. La réforme des rythmes scolaires attendra bien Noël pour qu’on sache quoi faire en septembre. Et les enfants qui ne vont pas dans les piscines municipales auront largement le temps de se noyer vers les Terrasses du Port, où l’on vient d’achever un nouveau centre commercial.

« Il y a des jeux interdits » raconte Lamia car la cour est trop petite. « Quant à ma fille, elle fait ses besoins à la maison le midi. On pousse les murs » Dommage pour cette femme qui a toujours voté socialiste. L’ascenseur social est toujours en panne mais il est en réparation dans le privé. D’ailleurs la justice enquête actuellement sur une subvention de 250 000 euros pour une école religieuse dans le 13 arrondissement : elle avait besoin d’un gymnase.
La manifestation s’est rendue cette fois à la mairie pour porter la voix d’habitants exaspérés par l’apartheid social de la ville.

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