Une tribune pour les luttes

Casses des écoles Belle de Mai - Les faits.

Récit d’une matinée de luttes et de bacs cassés ...

Témoignage de parent d’élèves de Marseille, présente à l’Ecole Strasbourg le 12 juin

Article mis en ligne le dimanche 15 juin 2014

Contexte :
Cette journée s’inscrivait dans la continuité d’actions menées depuis quelques semaines par des parents et d’enseignants opposés à l’ouverture d’une sixième classe dans les locaux de l’école (ouverture confirmée par un syndicat enseignant, la Mairie et l’IA, lors d’échanges et entretiens).
Deux courts blocages-information et tractage, une pétition signée entre autres par l’équipe enseignante, jour de grève pour un enseignant E. Redon accompagnant notamment les parents à l’IA, manifestations conjointes avec d’autres écoles du quartier et un syndicat enseignant, voici les actions jusque-là menées dans l’école.

Objectifs de la journée du 12 juin :
Le lundi 2 juin, après réunion, les enseignants approuvaient la proposition de parents d’organiser une journée « occupation de l’école avec pique-nique et échanges ». Une enseignante prépare les affiches, un parent pose une journée … Des mails et sms confirment le projet d’une journée « porte ouverte ». Personne ne la remet en question ni par mail ni par information dans la cour.

Début de la journée :
Les parents et l’enseignant E. Redon découvrent en arrivant le matin la présence auprès du reste de l’équipe enseignante de 3 représentants délégués du Rectorat en charge de la gestion des conflits et situation de violence (EMAS) et de trois représentants délégués de l’IA en charge de la sécurité et de la santé au travail. Sur la liste de diffusion Matstrasbourg, incluant enseignants et de nombreux parents, rien d’annoncé. Le syndicat majoritaire, le Snuipp, invité par les éducateurs en lutte, n’est pas là.
Discussions informelles et assez détendues dans la cour. Une déléguée de l’EMAS du Rectorat indique que la situation ne semble pas rentrer dans ses compétences. Néanmoins, il est décidé de se réunir dans une salle pour une discussion plus formelle, sans les enfants. A la proposition des délégués de ne recevoir que quelques représentants de l’école, les parents et l’enseignant E. Redon demandent et obtiennent que tout le monde le souhaitant participe, l’information pouvant ainsi être accessible. Sont également présents un membre d’une association de parents (Coordination Parents 13) et deux parents de l’école voisine la Busserade qui subit la situation crainte pour l’école Strasbourg. Car le problème n’est pas circonscrit à l’école Strasbourg, ce qui est rappelé lors des échanges. Les agents sollicitées ne se joignent pas, disant qu’elles n’ont « pas le droit » de parler.

Réunion dans la salle d’accueil :
Le ressenti des parents est exprimé. Deux parents opposées aux blocages rejettent la responsabilité de ces blocages sur l’enseignant, ce que démentent vivement les parents bloqueurs. Des arguments en faveur ou non de l’ouverture de la sixième classe sont échangés. L’inquiétude de certains parents face aux 2 ouvertures de classe successives déjà ces deux dernières années est exprimée.

Le positionnement des représentants de l’EN :
La confirmation de la sixième classe est niée par un représentant du Rectorat, au sens où il n’accordera de crédit qu’à la décision de la Commission Paritaire en charge du dossier. Les conséquences de cette ouverture sur le projet éducatif et pédagogique font l’objet de débats. Les intervenants du Rectorat et de l’IA minimisent la dégradation du service public d’éducation que redoutent parents et l’enseignant. La perte automatique de la bibliothèque ou de la salle d’activités n’est pas prise en considération malgré l’interpellation de parents qui revendiquent le droit à ces espaces pour leurs enfants. Le choix d’organiser deux services de récréation est présenté favorablement. Des parents et l’enseignant Redon évoquent la complexification de l’organisation, la circulation, le bruit et la charge supplémentaire de travail pour les agents. Le directeur de l’école qui s’était exprimé, en pétitionnant et encore dans un courrier diffusé sur serveur académique contre l’ouverture de la sixième classe, annonce qu’il n’a « pas d’avis ». La personne membre de l’association de parents rappelle au directeur avoir reçu ce mail et l’opinion qui y était émise, et signale au représentant du Rectorat qu’il lui a été envoyé en réponse à des échanges privés, rendus de fait par ce mail, également publiques sur le serveur académique.... L’interpellation de ses deux collègues présents par l’enseignant E. Redon sur leur participation à la décision et la préparation de la journée reste sans réponse. Mais le Directeur s’adresse à un parent qui l’interpelle sur son positionnement et dit qu’il ne s’exprimera « qu’à qui de droit »… La responsabilité et la légalité des actions de blocage menées sont alors reprochées à l’enseignant E. Redon, les parents en lutte s’indignent. Il est signalé que sur une affiche annonçant la journée figure le mot « blocage », pourtant non annoncé dans les mails et sms échangés. Le reste de la discussion porte sur ces questions de procédures. L’enseignant E. Redon prend la parole pour rappeler le projet éducatif autour des enfants qui est au cœur de la mobilisation des parents et de lui-même. Les membres du Rectorat et de l’IA prennent congé, des parents et l’enseignant E. Redon annoncent poursuivre la réunion dans cette salle, les membres du Rectorat et de l’IA les laissent et sortent accompagnés du Directeur, de l’enseignante et de quelques parents.

Réunion de parents et de l’enseignant E Redon dans la salle d’accueil
La réunion entre les parents (qui gardent auprès d’eux leurs enfants, d’autres sous la responsabilité d’une enseignante jouant dans la cour cette matinée-là) et l’enseignant E. Redon dure à peu près une heure. Au bout d’une heure, le représentant du Rectorat et le directeur reviennent dans la salle et enjoignent aux parents, enfants et enseignant de quitter les lieux, « les règles de sécurité n’étant pas respectées », les personnes présentes étant en « intrusion », selon le terme du directeur qui a pourtant laissé, avec les représentants du Rectorat et de l’IA ces parents et enseignant disposer de cette salle pendant une heure, au mépris donc de toute règle élémentaire de sécurité ! Ces parents et l’enseignant sortent de l’établissement avec leurs enfants.

P.-S.

CQFD

Une maman déstabilisée et sous pression annonce à un autre parent mobilisé qu’elle ne continuera pas. Cette même maman avait décidé de s’investir très concrètement dans le projet d’école notamment en s’engageant à traduire les informations sur la vie de l’école, en arabe pour les parents allophones, ce lors de réunions de réflexion sur le projet éducatif et la vie à l’école organisées notamment par E. Redon… D’autres mamans sont découragées.
La veille, même projet d’occupation d’école / pique_nique / informations à l’école Busserade, surchargée (3 toilettes pour 200 enfants, une cantine coupée en deux…). Les parents sont en lutte depuis quelques semaines, au début appuyés par le SNUIPP et ont monté un collectif. Elles se sont retrouvées à midi, enfermées à clef dans la cour avec enfants et quelques « tatas ». Plus aucun enseignant, ils ont quitté l’établissement. Impossibilité de sortir. L’arrivée de représentants de la Municipalité permet l’ouverture des portes, "on" retrouve les clefs pour eux. On leur signale l’illégalité de leur occupation, pourtant déjà effectuée au début de leur mouvement, et malgré l’information transmise au directeur de l’école et au secrétaire départemental adjoint du Snuipp qui travaille dans l’établissement, absent ce midi de mobilisation.
Menace de recourir à la force policière. Mères avec enfants en pleurs. Démobilisation de plusieurs d’entre elles.
A Strasbourg, les plants de tomates dans les bacs installés dans cette petite cour sans jardinet par des enseignants et des parents sont arrachés lors de la venue de la délégation académique car "toxiques" ; un bac est cassé. C’est une maman qui s’était occupée de les acquérir, d’autres parents et des enseignants avaient récupéré et porté des sacs de terre un dimanche d’octobre, le 6 exactement. Pour que les enfants touchent un peu de terre. Un projet éducatif...

On est à la Belle de Mai, à Marseille. Et c’est le Service Public d’Education de cette ville.

Annie-Claude Jeandot

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