Une tribune pour les luttes

Ceci est ma réponse au dernier discours de M. Valls.

Article mis en ligne le lundi 28 juillet 2014

Pour commencer et afin d’éviter toute confusion, j’aimerai me situer rapidement :
je suis l’un des organisateurs des manifestations de solidarité envers Gaza dans ma ville, et suis également un militant antifasciste actif.

J’ai écouté avec attention votre discours de commémoration de la raffle du Vel d’Hiv, et ai été choqué par les amalgames qui le ponctuent et les graves confusions qu’il crée.

Non Monsieur Valls, le conflit israélo-palestinien n’est pas une guerre entre deux communautés religieuses, mais bel et bien la lutte d’un peuple qui ne demande que la reconnaissance de ses droits face a un état colonialiste.

Dans nos manifestations se côtoient musulmans, juifs, chrétiens et athées. Et c’est ensemble que nous crions notre indignation face à l’oppression d’un peuple qui fait les frais de la politique d’apartheid d’israël.

Non et encore non : la politique sioniste fascisante d’Israël ne représente pas la totalité de la communauté juive. L’affirmer est une grossièreté. C’est comme si vous vous réclamiez le représentant de toute la gauche en France.

Non l’anti-sionisme, la haine de la politique de l’état israélien, n’est pas de l’antisémitisme.
C’est grâce à ce genre d’affirmation, dont votre discours fourmille, que l’amalgame se crée, que le fanatisme se renforce et que vous écartez la majorité progressiste des manifestants. Que ça soit vous ou les fanatiques, vous vous nourrissez les uns les autres.

J’ ai passé ma soirée à réfléchir à une réponse possible à votre discours.
Finalement, il m’a apparu suffisant d’en reprendre les « termes » :

Si nous manifestons aujourd’hui en solidarité avec le peuple de gaza, c’est parce que le silence face à une telle injustice serait un déshonneur, et l’indifférence une complicité.
Nous ne pouvons pas faire semblant de ni voir ou ni savoir.
Les larmes des enfants, la terreur de tout un peuple nous indigne.
Nous manifestons pour montrer la réalité de ce que vivent les palestiniens.
Le compromis n’est pas possible.
Le silence c’est la trahison, le silence c’est la collaboration.
J’aimerai vous parler du sens de ce que nous faisons aujourd’hui. Nous ne faisons que notre devoir et notre devoir c’est d’être à la hauteur, c’est de veiller à ce que la vérité apparaisse et qu’elle éclate aux milieux des mensonges des médias, qui se transforment en outils de propagande.
Être à la hauteur, c’est transmettre, éveiller les consciences et informer.
La vérité doit être dite et martelée.
Il faut lutter sans relâche.

Et c’est bien là le sens de ce que nous faisons : être solidaires avec les résistants, même avec nos petits gestes anonymes, afin que nos valeurs et nos principes, ceux du respect, de la tolérance et du refus de tout fanatisme soient éternelle et l’emportent sur la barbarie de l’état israelien.
Banaliser la souffrance d’un peuple, c’est insulté tout humain.

Dans votre discours vous ne comprenez pas le débordement au nom d’un conflit ayant lieu à des milliers de kilomètres. Et pourtant, vous soutenez de manière virulente la politique d’Israel. Vous avez choisi votre camps et vous interdisez aux autres d’exprimer leur avis. Vous prônez la tolérance alors même que certaines de vos paroles vous ont vallu d’être cité à comparaître pour incitation à la haine raciale, suite à vos propos sur les Rroms.
Vous dites que la jeunesse des quartiers populaires est sans repère ni conscience de l’histoire. Cette phrase montre au grand jour votre mépris des pauvres, de ceux d’en bas, du peuple. Si vous trouvez les classes populaires si ignorantes, si inconsciente de son histoire, puis-je vous suggérer de mettre plus de moyens dans l’éducation et les centres sociaux, d’arrêter les coupes dans les effectifs des enseignants, de donner une vraie priorité aux zep ? Si vous avez un si grand problème avec les classes populaires, puis-je vous suggérer également une meilleur répartition des richesses ?
Vous parlez de protéger tout les citoyens de la république mais vous oubliez que les quartiers font eux aussi partie de la société – y aurait-il une France et l’en-dehors : les quartiers ? Sans eux, le pays ne serait plus le même et nous replongerions dans un remake des pires périodes de l’histoire.
Vous parlez de troubles à l’ordre publique et de la violence des manifestants, mais c’est belle et bien votre interdiction qui sème le trouble et votre répression qu’est violente. Concernant les débordements, vous n’attendiez que ça, ils vous sont utiles.
Au final, vous défendez votre camps, et vous suivez d’une manière provocatrice la stratégie du pire établie par la milice d’extrême droite, la LDJ, organisation interdite au sein même d’Israël. Vous, ancien ministre de l’intérieur, comment pouvez-vous trancher sur un événement aussi grave avant même qu’il y ait eu une enquête, avant même que la justice ait pu trancher ? Le peuple attend avec hâte une investigation concernant les origines des incidents de la rue de la roquette. Nous sommes curieux des résultats, et de l’identité des fouteurs de troubles.
Je me sens solidaire des interpellés, et pointe votre responsabilité concernant ces violences.
On ne peux museler le peuple. Rappelons que même à Tel Aviv, les manifestations de soutien à la résistance palestinienne sont autorisées.
L’interdiction de cette manif me rappelle tristement une autre manifestation de soutien à un autre peuple colonisé : celle du 19 octobre 61 où, dans ce même quartier, les CRS ont obéi aux ordres et ont fait la chasse à l’homme, bloquant, traquant, frappant, gazant, tuant les manifestants.

Que les juifs de France se rassurent, si nous manifestons aujourd’hui c’est pour être solidaires des opprimés face à l’oppresseur. Contrairement à ce que M. Valls dit, nous sommes conscient du poids de l’histoire et c’est bien pour cela que nous luttons. Nous ne faisons pas l’amalgame de M. Valls, nous ne généralisons pas, nous ne considérons pas une communauté religieuse comme une entité, d’ailleurs beaucoup d’entre vous ont manifesté avec nous, et ils sont des nôtres. Que ça soit dit et redit : si la présence des fanatiques progresse dans nos manifs, c’est belle bien la responsabilité de M. Valls et, à travers lui, de son gouvernement.
Rassurez vous, nous ne vous portons pas responsable de la politique israélienne.
Nous ne vous enfermons pas dans une identité fixe : uniquement celle de votre religion.

Si nous manifestons aujourd’hui, c’est parce que nous appelons à la responsabilité collective, à un sursaut de la société. Nous voulons que les palestiniens puissent eux aussi lever la tête et construire.
De ne pas veiller sur cela est un déshonneur.
Oui la Palestine est ma cause.
Oui la Palestine est une cause juste et internationale.
Que vive la lutte de son peuple.

Hazem

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