Une tribune pour les luttes

Petit journal antinucléaire sur l’actualité de Fukushima et d’ailleurs

KAZUHIKO KOBAYASHI adresse au monde un message important : Aidez les enfants de Fukushima, arrêtez les centrales nucléaires !

Article mis en ligne le samedi 17 janvier 2015

9 janvier 2015

" Je m’appelle Kazuhiko Kobayashi et j’ai vécu en Europe pendant près de 29 ans. En 1997, je suis retourné au Japon. Depuis l’accident de Fukushima, le pire accident qui se soit jamais produit, je fais chaque année le tour de l’Europe pour faire des conférences pendant six semaines sur les armes et les centrales nucléaires. Cette fois-ci, je récolte des dons pour les enfants, qui sont les victimes de cette catastrophe. L’autre soir, j’ai fait une conférence en Autriche dans la ville de Krems où j’ai passé la nuit et c’est de là que je m’adresse à vous, mes chers auditeurs japonais.

Tepco, les ministères responsables et en particulier l’actuel ministère de l’Économie et de l’Industrie ainsi que tous les partis au pouvoir au Japon jusqu’à présent, n’ont pas tenu compte du fait pourtant essentiel que le Japon est connu pour être un pays extrêmement sujet aux séismes. Ils étaient bien conscients que d’un point de vue technique, il n’y a pas de sécurité absolue quant aux accidents qui peuvent se produire dans les centrales nucléaires. Malgré cela, ils ont répandu largement et délibérément parmi tous les citoyens japonais le mythe des “centrales nucléaires sans danger” ; ce faisant ils ont trahi la confiance de la population. L’accident de Fukushima démontre sans conteste la grave responsabilité et le remords qu’ils ont à porter. Malgré cela, tous les responsables n’ont fait que déclarer que la magnitude du séisme et du tsunami avaient largement dépassé ce qu’ils avaient imaginé. Tout ce qu’ils ont fait jusqu’ici, c’est donc d’essayer de se débarrasser de leur responsabilité.

Tous les Japonais savent pertinemment qu’un séisme des plus violents peut frapper n’importe où et à n’importe quel moment au Japon. Ceux qui gèrent les centrales nucléaires dans un pays où la probabilité de séisme est si forte auraient dû avant tout mettre au point et appliquer les mesures de sécurité les plus fiables. Mais ils savaient que ces techniques n’existaient pas. Et malgré cela, ils ont poursuivi leurs programmes nucléaires.

On ne peut que qualifier cette attitude d’absolument criminelle ! Or, ces responsables ne sont toujours pas prêts à admettre leur culpabilité dans cette catastrophe. En outre, ils ont l’intention de redémarrer leurs centrales, bien qu’on soit encore très loin d’avoir éliminé les conséquences de l’accident de Fukushima. Les sommes nécessaires pour compenser les dommages dépassent de loin les capacités financières de Tepco.

Comment se fait-il que Tepco ne soit pas encore en faillite ?

Compte tenu des principes de l’économie de marché et de l’éthique des affaires, tous les actifs de l’entreprise devraient être mis sur le marché. Les actifs de Tepco ont une valeur élevée et il existe suffisamment d’entreprises douées de pouvoir financier et de compétences techniques qui seraient intéressées pour assurer le fonctionnement. Tous les revenus obtenus par la vente des actifs et des droits de Tepco devraient servir à aider les gens qui ont été touchés par la catastrophe. Ce n’est qu’une fois que tout cet argent a été dépensé que les deniers publics devraient venir à la rescousse.

En réalité, c’est tout le contraire qui se passe. Les ministères en charge et le gouvernement veulent sauver Tepco de la faillite. Sans hésiter, ils utilisent l’argent public pour préserver de pertes gigantesques les grandes banques, qui sont en fait les plus gros actionnaires de Tepco. Ils veulent aussi absolument ne pas perdre le contrôle et leur pouvoir sur l’alliance qui relie les politiciens, les employés du gouvernement ainsi que les directeurs de Tepco.

Par contre, les paiements versés aux victimes innocentes que sont les citoyens de Fukushima sont calculés au centime près !

Tel est le vrai visage d’une politique fondamentalement mauvaise et injuste.

En vérité, on demande à la population japonaise de payer des sommes énormes pour sauver Tepco. En même temps les gens – et cela concerne tout particulièrement les gens de Fukushima - sont loin de recevoir une indemnisation suffisante pour les blessures physiques et psychiques incommensurables causées par la catastrophe. C’est donc comme s’ils étaient doublement punis.

Parmi les gens vivant à Fukushima, nombreux sont ceux qui non seulement s’inquiètent pour leur propre santé, mais sont en outre terrifiés à l’idée des malformations génétiques qui peuvent frapper leurs enfants. Ils n’ont pas suffisamment accès aux traitements médicaux et thérapeutiques. Ils sont obligés de rester à Fukushima, sans soutien suffisant du gouvernement.

Et surtout il y a là-bas 300 000 enfants en grand danger, car ils sont 6 à 8 fois plus affectés par la contamination radioactive que les adultes.

Toutes les instances responsables du Japon sont parfaitement conscientes que le danger des radiations de faible niveau a été prouvé scientifiquement. Elles n’hésitent pas cependant à laisser des gens vivre dans la région dangereuse qu’est Fukushima, et tout particulièrement ces enfants innocents qui vont porter notre avenir, en leur disant tout simplement : “il n’y a aucun danger”.

C’est à nous d’empêcher des actes aussi irresponsables et injustes. Pendant mes interventions en Europe, j’ai l’intention d’informer la communauté internationale de la situation et de lui demander son soutien pour dénoncer publiquement les coupables. En même temps, je demande aux gens en Europe de faire des dons pour les victimes les plus durement touchées, c’est-à-dire les enfants de Fukushima qui sont bien sûr obligés de rester et de vivre là-bas.

Et partout où je vais durant cette tournée, les gens expriment leur profonde inquiétude et leur compassion pour la population de Fukushima et donnent beaucoup d’argent. Mais on entend simultanément de violentes accusations et des accès de colère contre les ministres japonais responsables, le gouvernement et Tepco. On se demande si les fonctionnaires, les hommes politiques japonais et les directeurs de Tepco ont la moindre parcelle de conscience ou le moindre sens moral ou éthique.

Quand on regarde leur façon d’agir, on ne peut qu’être choqué de cette démonstration de leur énorme avidité et de leur soif de pouvoir.

Toutes les technologies développées par l’homme peuvent s’avérer défectueuses. L’application de la sécurité maximum durant le déploiement d’une technologie dépend entièrement de l’existence de mesures de sécurité extensives et adaptées même aux pires des scénarios.

Dans un tel cas, nul ne peut mettre un terme aux dégâts provoqués. Les conséquences de la contamination radioactive s’étalent que des milliers et des milliers d’années, voire plus. Elle détruit entre autres le patrimoine génétique de tous les êtres vivants, mettant ainsi en péril les générations suivantes. Comment les opérateurs de centrales, qui vont vivre au maximum cent ans, pourraient-ils prendre la responsabilité des dommages permanents et de la destruction à long terme causés par la contamination radioactive ?

Et même sans parler d’accidents, chaque centrale nucléaire produit des déchets nucléaires. À cette date nous ne disposons d’aucune technologie capable de neutraliser les déchets nucléaires qui sont quasiment éternels. Ils sont tout simplement déposés sous le sol dans des conteneurs spéciaux. Peut-on parler ici de technologie responsable ?

Aujourd’hui les lobbies représentant les intérêts des partisans de l’énergie nucléaire font pression sur les gouvernements et répandent le mythe de la sécurité nucléaire qui n’est qu’un tissu de mensonges, juste pour pouvoir faire fonctionner leurs centrales et en construire de nouvelles. L’AIEA ne peut pas être considérée comme un organisme indépendant, puisqu’elle ne fait que représenter les intérêts des industries nucléaires du monde entier.

Nous avons aujourd’hui atteint un stade où de plus en plus de gens dans le monde entendent parler des dangers et de l’irresponsabilité de la technologie nucléaire. Je peux le confirmer durant mon tour actuel à travers l’Europe, où de plus en plus de gens crient de plus en plus fort : Nucléaire ? Non merci !

Chers concitoyens japonais, l’énergie nucléaire implique un risque de contamination irréparable et permanent pour toute la population, toute la nature et l’environnement.

Nous devons donc empêcher toute expansion future dans le monde !
Unissons nos efforts pour lutter contre les centrales nucléaires en ignorant les frontières !

Source : http://www.fukushima-blog.com/

P.-S.

Traduction française : Odile Girard (Fukushima is still news)
d’après la traduction anglaise http://vimeo.com/114145144 diffusée par Projekt Soziales EVidéo en français :

https://www.youtube.com/watch?v=29F...
ou
https://vimeo.com/115666657

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Vos commentaires

  • Le 6 juillet 2015 à 08:38, par chryssi dervissi d asterios En réponse à : Petit journal antinucléaire sur l’actualité de Fukushima et d’ailleurs

    merci de votre article je trouve qui il est tres important j ai appris que le gouvernement japonais a l intention de forcer les habitants qui sont partis des zones dangereuses a y retourner je suis contre et je trouve sa injuste une societe prive est responable de la catastrophe nucleaire en fukushima et un gouvernement elu doit respecter les citoyens

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