* L’atelier du 22 janvier 2015 a été encore une fois très sympathique et enrichissant. Pouvoir rire tout en analysant "la véridiction de soi dans l’examen psychiatrique" me paraît salutaire !
Le pouvoir disciplinaire est individualisant, et cette individualisation ne réussit qu’à la condition que le sujet reprenne en première personne le discours de vérité que le savoir-pouvoir disciplinaire lui assigne en 3e personne. Il faut donc non seulement construire ce discours, et donc ses conditions de possibilités concrètes ( dispositifs de surveillance,etc), mais aussi
 faire valoir ces savoirs comme savoirs, précisément aux yeux de ceux sur qui pèse ces pouvoirs
 et intégrer ces sujets à la production de ces savoirs.
C’est là l’effet, ou en tous cas l’enjeu de l’examen psychiatrique. Nous l’avons abordé en 4 temps :
1/ en suivant Foucault, qui souligne l’importance de la "marque du savoir" dès l’origine de la discipline psychiatrique, et comment, par quelles "recettes" cette marque s’impose lors de l’entretien individuel avec le medecin. (remarque : ce faisant, nous mettons entre parenthèse toute prétention à un savoir effectivement vrai : nous ne nous appuyons pas sur un tel présupposé pour justifier cet exercice du pouvoir. Cette démarche me semble similaire à celle de l’ethnopsychiatrie ou de l’antipsychiatrie de Laing ou de Basaglia refusant comme étape thérapeutique première la recherche de diagnostic, mettant leur "savoir" entre parenthese, précisément pour essayer de saboter leur fonction de pouvoir). Ces recettes sont assez simples : le médecin doit toujours en savoir un peu plus que ce que le "malade" pense qu’il sait de lui, et lui montrer, par la façon dont il /dirige /l’entretien, que la signification du discours du "malade" est dans le savoir préconstitué du médecin.( questions rituelles et ordonnées).

2/ en suivant le chapitre 5 du livre de Robert Barrett /La traite des fous /( 1996), on a pu mesurer à quel point ces "recettes" perduraient dans la psychiatrie moderne. De nombreux témoignages des participants sont venus préciser cela ( Yann : réseau informatisé collectant tout événement du parcours médical, y compris la plus légère indiscipline ; quand le médecin n’a pas de préconnaissance du cas, c’est prozac en attendant ; impossibilité d’avoir accès à son dossier ( pour des raisons médicales !) alors que c’est désormais un droit, etc. Barrett insiste sur le dossier comme élément important du rapport de pouvoir psychiatrique, et sur la nécessaire collaboration du malade à la rédaction de ce dossier qui pourtant /construit /artificiellement son identité : "véridiction de soi dans l’examen".

3/ retour à Foucault, "le grand jeu de la clinique" (encore un truc pour apposer la "marque du savoir" et et pour y aspirer le patient).

4/ dernier texte de Foucault, où il expose l’enracinement historique de l’importance de l’aveu, de la reconnaissance en 1re personne de ce qu’on nous dit être en 3e personne ( "objectivement").

* à venir ( en février) : la normalisation, l’autonomie, le médicament, et un film /walk away Renée, /de Jonathan Caouette.