Une tribune pour les luttes

Du 5 au 21 mars

Semaine anticolonialiste et antiraciste à Marseille

Article mis en ligne le jeudi 5 mars 2015

Manifesten, la librairie Transit, Dar Lamifa, l’Équitable Café, Le Kiosque, la Casa Consolat et Mille Bâbords vous convient à la semaine anticoloniale et antiraciste à Marseille du 5 au 21 mars 2015 !

Tout le programme ici :
http://semaine-anticoloniale-et-antiraciste-marseille.over-blog.com/

http://www.millebabords.org/IMG/jpg/semaineanticolonialemarseille2015.jpg

Quels que soient les nouveaux masques derrière lesquels il se cache, le colonialisme a toujours les mêmes stratégies oppressives : occupations militaires, asservissements des populations, pillage des ressources locales, création d’administrations économiques, juridiques et culturelles hégémoniques, contrôle et répression des migrant-e-s… Cette politique ethnocentriste et expansionniste des pays dominants s’accompagne de la réactivation constante des mythologies racistes, permettant à la fois la mise à l’écart et l’humiliation des populations exploitées, et l’activation, entre elles, de querelles rendant plus difficiles les solidarités nécessaires à l’émancipation des peuples. La France, si elle a perdu "officiellement" ses colonies (en niant l’histoire de "ses" îles), n’a jamais cessé sa politique colonialiste. Elle l’a particulièrement affirmée ces dernières années, en se distinguant par un durcissement de sa logique impérialiste : - à l’extérieur de ses frontières, par son alliance affirmée aux gouvernements totalitaires (nous n’oublierons jamais le soutien du gouvernement à la politique d’apartheid de l’état sioniste, le permis de tuer qu’Hollande décerna cet été à Netanyahu, et le soutien diplomatique à Idriss Déby…), et par son ingérence militaire et économique, notamment sur le continent africain (opération Serval au Mali, opération Barkhane au Sahel…) ; - mais également sur son propre territoire, en stigmatisant les populations des quartiers, en menant une politique ouvertement raciste et en protégeant avec cynisme une police assassine, bras armé de cet état postcolonialiste. L’après-Charlie aura accentué, sous couvert "d’union nationale", la volonté de dessiner une nouvelle carte de la population, où une ligne de partage séparerait d’un côté une population française ouvertement rangée derrière la bannière d’un état ségrégationiste ; et de l’autre, un peuple multiple où se repère, désorganisés mais dans une netteté de plus en plus à vif, tout ce que l’homogénéité morale, raide, absolue d’une France machiste, raciste et colonialiste peut considérer comme singularités indésirables : les étranger-e-s, avec ou sans papiers, les enfants des ex-colonies, qu’ils aient la nationalité française ou non, les Rroms, les pauvres et les précaires lorsqu’ils cessent d’être soumis-e-s, les chômeur-e-s, les sdf, les errant-e-s – volontaires ou non. La propagande d’état, largement relayée par les médias dominants, permet d’asservir des peuples entiers au nom des droits de l’homme, de participer au massacre de la population palestinienne sous couvert de combat contre l’antisémitisme, de mener une politique raciste au nom de l’antiracisme, d’asseoir sa domination militaire en Afrique sous couvert de guerre contre le terrorisme et pour la démocratie et, aujourd’hui, de mener une guerre sans merci à toute forme de pensée critique... sous couvert de combat pour la liberté d’expression – avec, comme emblème, le nom d’un journal islamophobe et sexiste. Nous le savons, la confusion est la pire des armes politiques, elle divise les forces progressistes. Cette semaine anticoloniale et antiraciste nous permet de travailler contre cette confusion, en réunissant des militant-e-s, des penseur-e-s, des artistes qui, de là où ils sont, pensent et agissent pour la décolonisation des peuples, mais également des esprits. C’est l’occasion de croiser des paroles différentes, de partager des expériences, de confronter des pratiques de lutte, de diffuser et d’apprendre des réalités souvent cachées. Cette manifestation marseillaise existe grâce à la complicité, et à l’aide communicationnelle et logistique de sa grande soeur parisienne, qui fête cette année sa dixième édition. Elle a été imaginée et réalisée en urgence par quelques militant-e-s d’horizons différents, qui ont mutualisé pour l’occasion leurs moyens et leurs réseaux. Elle a vocation à devenir un rdv annuel. Nous écrivons ces lignes avec, à l’esprit, deux noms : - tout d’abord celui d’Ibrahim Ali Abdallah, adolescent de 17 ans tué il y a tout juste 20 ans par des militants d’extrême droite, colleurs d’affiche du front national, alors qu’il rentrait chez lui, dans une cité des quartiers nord de Marseille. Pour la presse et les dirigeants politiques, il s’agit d’un fait divers ayant coûté la vie d’un jeune français d’origine comorienne. Pour nous, c’est l’assassinat d’un enfant de Marseille par le pire que peut produire notre société capitaliste ; - et enfin, celui de George Ibrahim Abdallah, militant communiste révolutionnaire et résistant, luttant contre la guerre criminelle menée par l’état israélien contre son pays le Liban dans les années 1980 et pour la libération de la Palestine, depuis plus de 30 ans enfermé dans les geôles françaises. Malgré l’avis des juges qui s’étaient prononcés pour sa liberté conditionnelle, Valls a décidé de le garder derrière les barreaux, afin de satisfaire la volonté de vengeance des États-Unis et d’Israël. Ainsi la France détient, avec les USA (Léonard Pelletier, militant de I’American Indien Movement, est emprisonné, lui, depuis 1976) l’insupportable record du plus vieux prisonnier politique du monde. Cette nouvelle édition de "La semaine anticoloniale et antiraciste de Marseille" leur est dédiée.

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