Une tribune pour les luttes

Communiqué des enseignants et parents délégués de l’école Busserine Soutenus par le SNUipp-FSU et Sud-Education

Pressions d’élus FN sur la communauté éducative d’une école des quartiers nord (Marseille)

Article mis en ligne le mardi 17 mars 2015

Menaces individuelles, collectives, et sabordage d’un Conseil d’Ecole

Jeudi 12 mars s’est tenu le conseil d’Ecole de la Busserine Elémentaire (Marseille, 14ème arrondissement). Le comportement inacceptable du représentant de la mairie FN du 7ème secteur a conduit à l’interruption définitive de la réunion.
En effet, l’élu en question a d’abord appelé un enseignant, par ailleurs représentant syndical, par son prénom alors qu’il ne le connaissait pas. Puis prétendant « bien connaître » (ce qui est faux) une déléguée parent d’élève absente, il indiquait à ce même enseignant : « on ne peut pas être mauvais partout, vous allez voir… ».
Plus tard, alors qu’il lui était fait remarquer que l’atelier théâtre n’avait pu se dérouler dans les conditions ordinaires cette année en raison de la suspension par la mairie de secteur des contrats école-quartier de septembre à décembre, il s’emportait : « oui, c’est ça, nous sommes responsables de tout ! Et le trou de la couche d’ozone aussi, c’est de la responsabilité de la mairie de secteur ! » « non, je ne suis pas au courant », la discussion étant pourtant alors posée et calme. Après quelques minutes où parents d’élèves et enseignants lui indiquaient qu’effectivement l’atelier théâtre n’avait pu commencer avant février et exprimaient leur surprise sur le fait qu’il n’ait pas été au courant, le calme finissait par revenir.
Puis, en aparté et menaçant, toujours l’enseignant : « je saurai m’en souvenir… ». Puis quelques instants plus tard et sur le même ton : « je saurai m’en souvenir… ».
L’enseignant exprimait alors publiquement son indignation face à ce ton menaçant. Les enseignants et parents situés à proximité des échanges confirmaient la version de l’enseignant.
Le « Je saurai m’en souvenir » était alors adressé à tous.
L’émoi ressenti et partagé par l’ensemble des participants au conseil d’Ecole (18 personnes) suite au nouveau clash provoqué par l’élu de secteur les conduisaient à mettre fin à cette réunion de manière prématurée ! Impossible de poursuivre dans un cadre serein les échanges du fait du comportement indigne de cet élu de la République ! La séance fut levée.
L’enseignant qui faisait office de directeur ce soir-là (le directeur étant en arrêt maladie) raccompagnait alors l’élu au portail de l’école. Au « au revoir Monsieur ! », l’élu rétorquait alors par de nouvelles menaces et provocations. Approchant sa tête presque jusque front contre front, il indiquait : « On se reverra à un autre moment, dans un autre endroit et la situation sera bien différente ! »
Nouvelles menaces allant même jusqu’à l’intimidation physique qui conduisent cet enseignant et l’équipe à envisager de déposer une main courante ou une plainte.

Exécution des menaces proférées par le maire lui-même ?

Un Conseil d’Ecole doit rester un lieu de débat calme et apaisé. Si les élus y participent, ils doivent pouvoir rendre des comptes sur l’institution qu’ils représentent de manière sereine. Ils sont là pour ça.
En l’occurrence, ce ne fut pas le cas. Et il semble évident que ce comportement soit l’application directe des menaces proférées par le maire de secteur lui-même, M. Ravier. Interpelé lors du dernier conseil municipal de Marseille, il avait indiqué, désignant explicitement le quartier de la Busserine : « Nous allons éradiquer les dernières métastases rouges du secteur ».
Choquant ! Profondément choquant !

Parents et enseignants de la Busserine ne sommes pas rouges, nous sommes blancs, jaunes, gris, roses, marrons, noirs…Peu importe. Et encore moins des « Métastases à éradiquer ! »
Nous habitons et travaillons dans ce quartier depuis bien longtemps (la majorité de l’équipe enseignante est présente depuis plus de 7 ans !) et aspirons à y vivre sereinement.
Nous n’avons jamais eu à voir de tels comportements, de telles menaces ! Un tel fonctionnement !

A l’origine du courroux des élus FN, le refus de la communauté éducative de les associer à leurs mobilisations

Que nous reproche-t-on ?
En janvier dernier, parents et enseignants, nous nous sommes mobilisés parce que nous considérions que les travaux inachevés de la nouvelle école en construction ne garantissaient pas aux enfants des conditions de sécurité et de travail suffisantes.
Nous avons refusé la participation des élus FN à notre mobilisation pour plusieurs raisons :
- la mairie de secteur ne s’est jamais souciée de ce déménagement bien qu’elle en ait eu la connaissance par sa participation au conseil d’école d’octobre 2014.
- les élus FN ont voté contre toutes les subventions ANRU au prétexte, dixit le maire de secteur qu’ « avant de réhabiliter, il faut supprimer les crapules car même 3% de délinquants, ça gangrène tout ! »…et se sont abstenus sur le vote sur le Plan de Rénovation Urbaine Picon-Busserine.
- les élus FN ont voté contre les subventions aux centres sociaux, le maire affirmant que « la médiation sociale, c’est de la collaboration avec les crapules et les délinquants ».

La démocratie doit pouvoir autoriser aux organisateurs d’une mobilisation qu’ils refusent la participation d’élus dont les votes et les propos publics sont, en toute chose, en contradiction complète avec les mots d’ordre et les revendications de ce mouvement….Sans avoir à subir les foudres de ce parti !

Distinguer le débat public et les réunions institutionnelles

Par ailleurs, suite à leur demande, M. Ravier (maire de secteur) et Mme D’Angio (adjointe éducation) avaient été reçu par le directeur le jeudi 12 février à l’école de la Busserine pour faire état de la situation sur les travaux de l’école. Il ne leur a jamais été interdit de venir se rendre compte par eux-mêmes des travaux en cours mais ils n’en ont jamais pris l’initiative.

Nous avons informé et accueilli le représentant de la mairie à chaque conseil d’Ecole.
L’élu qui s’est présenté au Conseil d’Ecole ce jeudi 13 mars 2015 n’est pas le représentant désigné par la mairie de secteur (liste pourtant votée en conseil d’arrondissement). Malgré cela, il a été accueilli et a pu participer aux échanges. Il a été informé du vote du conseil d’école sur les nouveaux rythmes scolaires sans en avoir fait la demande ; vote auquel il n’avait pas assisté car il était arrivé 10 minutes en retard.

Exigences de la communauté éducative ; méthodes et propos inacceptables d’un élu
Donc :
- oui, les décisions de la mairie de secteur ont contribué à empêcher la tenue de l’atelier théâtre de septembre 2014 à janvier 2015.
- oui, nous refusons que des élus menacent des enseignants, en général, et plus encore dans l’exercice de leur fonction
- oui, nous trouvons surprenant voire risible, que ce même élu ait fait référence plusieurs fois à l’existence divine lors d’un conseil d’école : « si Dieu le veut ! » « Inch’allah », notamment pour un représentant d’une majorité qui prétend incarner la laïcité.
Encore plus surprenant et risible, que cet élu s’exprime en arabe en s’adressant à une mère d’élève au cours de ce même conseil alors que la majorité qu’il représente a démarré sa mandature en intimant l’ordre (sans aucune justification) aux employés de mairie de « parler français » au prétexte soit disant de « combattre le communautarisme ».
Mieux que cela, ce même élu s’est permis à plusieurs reprises (lors du Conseil d’Ecole de la Maternelle, puis par téléphone le vendredi 13 mars) d’indiquer à une déléguée de parent d’élève qu’ « il était musulman comme elle », qu’il venait des mêmes quartiers et qu’il « fallait arrêter d’écouter les enseignants qui ne vivaient pas dans ces quartiers ».[Plusieurs d’entre eux vivent dans le secteur, en viennent, ou ont fait une partie de leur scolarité en ZEP]. Il lui confiait même qu’ « il avait enregistré les débats du Conseil d’Ecole » alors qu’aucun des participants du Conseil d’Ecole n’était au courant et promettait « de faire intervenir les forces de l’ordre lors du prochain conseil d’Ecole » si c’était nécessaire. Nouvelles méthodes inacceptables !

Nous, parents, ne sommes pas influencés par les enseignants, c’est nous qui avons été à l’initiative du blocage de l’école et nous prenons nos décisions nous-mêmes.

Témoignage d’une mère d’élève présente au conseil d’école du jeudi 12 mars 2015 :
Bonjour,
Je confirme avoir assisté à une scène surréaliste ou un représentant d’un élu de la république menace et intimide un enseignant lors du conseil d’école qui a eu lieu ce jour à l’école de la Busserine.
Je ne m’attendais à ce qu’il vienne avec des fleurs mais une attitude aussi violente, agressive est INTOLÉRABLE. Ce monsieur qui se dit aussi arabe que moi, aussi musulman que moi !! Me prend-il pour une débile ?? Je suis à ce conseil d’école car Parent d’élève, rien à voir avec mon appartenance religieuse ou autre ... Si une plainte est déposée j’en suis car pour moi en tant que citoyenne française, c’est la bonne chose à faire !

Pour que cela cesse…

Aussi, nous faisons remonter ces incidents à la direction de l’Education Nationale ;
Nous prendrons lundi la décision concernant un dépôt de main courante ou de plainte ;
Nous demandons que cet élu ne représente plus la mairie lors des conseils d’école ;
Nous dénonçons l’entreprise de déstabilisation de la communauté éducative sur le groupe scolaire Busserine et demandons qu’elle cesse !
L’Ecole de la République et la République elle-même méritent mieux que cela !

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