Une tribune pour les luttes

No Borders Morocco

Détentions et déportations de migrants subsahariens au Maroc

Article mis en ligne le mercredi 25 mars 2015

Mise à jour III sur les détentions et les déportations de migrants subsahariens au Maroc

Tiré de No Borders Morocco :

https://beatingborders.wordpress.com/2015/02/23/mise-a-jour-iii-sur-les-detentions-et-les-deportations-de-migrants-subsahariens-au-maroc/

Dans le cadre de la politique européenne de voisinage (PEV), l’UE et ses États membres soutiennent les états frontaliers pour la surveillance des frontières afin de prévenir efficacement les migrants d’atteindre le territoire . En tant que partenaire de l’« avancée Partenaire » dans le PEV, le Maroc est complice dans la création d’une zone tampon d’extériorisation du régime des frontières inhumaines entre l’UE et l’Afrique du Nord. Pour améliorer son statut , le Maroc a signé le ‘Mobility Partnership‘ incluant les négociations de réadmission ,et ont reçu “l’assistance à la stratégie pour combattre les migrations illégales (EU/Morocco Action Plan, §48) de l’UE. Le Maroc s’avère être le meilleur chien de garde de l’UE au nord de l’Afrique.Les détentions à grandes échelles et les déportations de migrants subsahariens au Maroc montrent à quoi ressemble cette lutte dans la pratique.

Le 9 Février 2015, le ministère de l’Intérieur marocain a annoncé son plan d’évacuation complète des camps de migrants dans les forêts entourant les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla. Les rafles ont débuté après la conférence de presse du gouvernement annonçant la fin du processus de régularisation. Le 10 Février, les autorités marocaines ont commencé la destruction des camps et ont arrêté plus de 1000 migrants qui vivaient dans les forêts montagneuses de Gurugu (pour plus de détails, voir Mise à jour I). Le 13 Février, les raids et les arrestations se sont poursuivies dans plusieurs forêts autour de Nador. La plupart des migrants ont été emmenés dans un camp de Kariat Arekmane pour les procédures d’identifications et ensuite dispersés dans différents camps de fortune dans le Sud du Maroc (pour plus de détails, voir Mise à jour II).
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La situation dans les camps autour des forêts autour de Melilla
Il n’y a plus eu d’autres raids à grande échelle ou des arrestations, principalement parce qu’il n’y a presque plus rien à détruire et que presque personne ne s’est laissé arrêter. Néanmoins, les quelques migrants restants sont l’objet de menaces constantes de la police . Les gens doivent rester loin de ce qui reste des camps pour échapper aux interventions potentielles de la police . Dans Gurugu, la police marocaine et les militaires sont constamment présents, obligeant les migrants à se cacher dans les forêts ou à essayer de survivre dans les villes. Dans Bolingo, les autorités ont tenté d’arrêter des gens le 18 Février, mais tout le monde a réussi à s’ échapper. Certaines des femmes et des mineurs libérés de Kariat Arekmane ont regagné les camps forestiers. Les moyens de survie ayant été détruits, les niveaux d’intimidation restant élevés, la pluie et le froid nous amènent à une situation désespérée .
En dépit de ces circonstances, plus de 100 personnes ont attaqué les clôtures de Melilla le 19 Février. Environ 70 personnes ont été arrêtées du côté marocain, et 16 migrants repoussés illégalement, mais 30 ont surmonté les barrières et sont maintenant dans le CETI à Melilla.
Une fois de plus, cela montre que la justification de la répression inhumaine des migrants aux frontières de l’Europe échoue dans sa propre logique : les déportations à grande échelle et les détentions des migrants ne dissuadent pas la traversée par les migrants des frontières fortifiées de l’Europe . Boza !

Situation dans les centres de détention à travers le Maroc
Les 1 200 migrants arrêtés dans les raids de la forêt sont toujours arbitrairement détenus et privés de leur liberté dans différentes installations improvisés dans le sud du Maroc. Le nombre élevé de lieux de détention rend presque impossible de tracer les actions des autorités marocaines. Certains des centres de détention sont identifiés : un centre agricole en Chichaoua, un centre d’accueil du ministère de la Jeunesse et du Sport à El Jadida, une maison de l’étudiant à Tiznit, un centre de soins à Youssoufia, ……voir. Les migrants détenus sont soumis à la surveillance et privés de leur liberté sans contrôle judiciaire, l’approvisionnement des besoins de base est arbitraire. Certaines installations fournissent de la nourriture et des médicaments adéquats alors qu’à d’autres endroits les personnes blessées au cours des affrontements ne reçoivent aucuns soins.
La situation à Essaouira est particulièrement mauvaise. Le centre détient 63 détenus, dont beaucoup de Guinéens, environ 8 d’entre eux sont mineurs, et le centre est entouré de militaires. Trois détenus ont été blessés lors d’une tentative d’évasion. Ils vivent dans des chambres sans fenêtres et ne reçoivent pas une alimentation adéquate. Il a été demandé aux détenus de signer des documents sans qu’ils aient eu le temps de les lire, et les gens sont laissés dans leur chambre ne sachant pas ce qui va se passer pour eux. Des visites d’amis, des militants et des ONG dans certains des lieux de détention identifiés ont été refusés. Les autorités marocaines semblent essayer de cacher la façon dont ils enfreignent systématiquement leurs propres lois et les traités internationaux.

Dans le discours officiel (voir ici), les « évacuations » ont pour but de « placer les migrants dans les structures de soutien marocains » et offrent une « occasion pour les migrants de s’intégrer dans le tissu social du Maroc ». Comment les migrants sont censés intégrer quand ils sont traités comme des criminels et empêchés de quitter les camps de détention est une question laissée sans réponse. La justification officielle de « l’intégration » ignore complètement le fait que les gens qui ont été pris de force dans les forets autour de Melilla sont là pour la raison inverse – quitter le Maroc et atteindre l’Europe. Ces destructions et ces détentions sont loin d’être une « aide » aux migrants, il permet à l’UE de renforcer ses frontières extérieures par la répression et l’intimidation.

Arrestations et accusations
12 migrants ont été arrêtés lors des rafles à Gurugu et emmenés au commissariat de police de Nador, 9 du Cameroun et du 3 Nigeria . Les autorités les ont accusés d’assassinat, de trafic et de consommation de drogues. Leur maintien en détention est illégal en vertu de la loi marocaine, qui est limitée à 24 heures de garde à vue, sauf si une ordonnance judiciaire étend la garde à vue à 48 heures. Le 16 Février, 9 qui ont été mis en garde à vue à Kariat Arekmane ont été transférés à Agadir, mais les trois personnes restantes continuent d’être emprisonnées sous des accusations de trafic et sont menacées d’emprisonnement ou de déportation
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Menaces d’expulsions imminentes
Le 18 Février, le ministère marocain de l’Intérieur a publié une déclaration disant qu’ils avaient l’intention de démanteler tous les camps de forêts mais pas d’expulser les migrants subsahariens en provenance du Maroc dans leurs pays d’origine. Ceci est contredit par les témoignages des migrants détenus. Deux bus avec environ 100 migrants ont été envoyés à la frontière mauritanienne, mais refoulés par les autorités Mauritaniennes, obligeant le bus à retourner à Dakhla (sud de Marrakech).
La Mauritanie est le pays de transit vers le Sénégal et le Mali, ces deux pays auraient accepté les déportations. Les autorités de Nador ont rencontré des représentants de l’ambassade pour les inciter à coopérer à des expulsions massives. Les gardiens à Essaouira ont annoncé que les représentants de l’ambassade viendraient les visiter. Les ambassades ont pris des photos et les détails des migrants et leurs ont demandé qui était prêt à retourner dans son pays d’origine. Les migrants détenus à Marrakech indiquent qu’ils leurs ont donnés deux options : soit signer un document acceptant leur expulsion soit accepter d’entrer dans un processus de régularisation au Maroc. Des migrants détenus à Essaouira, Goulmima et d’autres camps disent avoir été invités à signer des documents sans traduction ou le temps de les lire. Les gens continuent à vivre dans l’incertitude et sous la menace constante d’une expulsion.

Le programme de régularisation au Maroc
En 2014, le Maroc a offert un programme de régularisation pour certains migrants en situation irrégulière, en particulier les femmes et les enfants. Sans donner d’indications sur ce qui allait arriver aux recours en cours, le ministère de l’Intérieur a annoncé la fin du programme de régularisation, et a commencé à piller les foret autour de Melilla le jour suivant. Cette régularisation “bienveillante” est la face cachée d’un régime frontalier plus strict et plus brutale. Les migrants ont été arrêtés, qu’ils soient régularisés ou pas, un permis de séjour sur le papier ne fait aucune différence pratique à la discrimination par l’État contre les migrants subsahariens. De meme lors d’autres rafles dans d’autres villes des migrants sont arrêtés meme avec des papiers prouvant leur demande d’asile au HCR ou leur statut de réfugié. La campagne de régularisaton permet en fait à l’état de contrôler les migrants qui passerait à travers leur réseau de surveillance.

Le traitement inhumain et dégradant des migrants aux frontières externes de l’Union européenne démontre que derrière cette façade des “droits de l’homme” se cache une guerre raciste et inégale menée contre les migrants jusqu’à ce qu’ils meurent ou acceptent le retour “volontaire”.

STOP A LA GUERRE AUX MIGRANTS !
LIBERTE DE CIRCULATION POUR TOUS !
NO BORDERS !

Communiqués de presse des organisations de migrants et les droits de l’homme au Maroc :
Nador : http://www.gadem-asso.org/Communique-de-presse-sur-les
AMDH : http://www.amdh.org.ma/fr/communiques/amdh-solidaire-migrants-17-2-15

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