Une tribune pour les luttes

Le vrai problème

Le Camp No Border

Article mis en ligne le jeudi 20 août 2015

Le camp No Border n’a jamais voulu prendre part à des débats stériles qui ne sont pas constructifs. Récemment, nous avons toutefois observé que des journalistes et des policitiens locaux se sont montrés critiques à l’égard de notre projet. Nous croyons que leurs déclarations servent à détourner l’opinion publique du vraiproblème.

Ce que nous observons à Vintimille et à Menton, un phénomène qui s’étend jusqu’à Calais, est la résurgence de politiques racistes dont nous croyions qu’elles faisaient partie du passé. Dans le discours médiatique, le “problème” ce sont les gens coincés sur les rochers de Vintimille et leurs soutiens. Nous estimons que le débat devrait s’orienter vers le sort réservé aux milliers de migrants touchés par les politiques répressives européennes. Pendant qu’à Calais, des migrants meurent en tentant de rejoindre l’Angleterre, la police perquisitionne systématiquement les trains à Menton et à Nice, avec un contrôle au faciès systématique à l’égard des non-blancs. A Vintimille, la police empêche les migrants de rejoindre le camp de solidarité, et préfère les jeter en pâture aux passeurs qui continuent leur travail en toute tranquilité.

Nous devons répondre aux déclarations des politiciens locaux, parcequ’il y a une différence entre émettre une opinion et mentir sciemment. Il y a 60 migrants au No Border Camp, et seulement environ 30 activistes. Malgré des difficultés dans l’application des normes d’hygiène et de propreté, il n’y a jamais eu de maladies infectueuses et des docteurs viennent fréquemment sur le camp.

Nous avons décidé des règles du camp tous ensemble, migrants et activistes. Les migrants sont libres de rejoindre ou de quitter le camp quand ils le veulent, de participer au camp comme ils le souhaitent, et notamment en participant aux décisions collectives. Contrairement à ce que disent certains, ils ne sont donc pas exploités par des activistes fanatiques. Au camp, il n’y a pas de “centres sociaux” : les activistes viennent d’eux-mêmes, et pas en tant que représentants de groupes ou factions politiques. Ils travaillent en tant qu’individus libres pour ce qu’ils considèrent être une juste cause.

De nombreuses organisations ont exprimé leur solidarité avec notre cause et nous soutiennent. Nous remercions ceux qui nous aident, notamment l’Imam de Nice, Médecins du Monde, Amnesty International, A.D.N., la coopérative “Oltre il giardino”, la communauté de San Benedetto al Porte et chaque collectif ou personne qui nous a apporté une aide matérielle ou tout autre type de solidarité avec notre projet.

Il est triste de constater que des journalistes professionnels ne comprennent pas des choses fondamentales. Demander à ce qu’il n’y ait pas de photos ou de vidéos des migrants et autres personnes présentes sur le camp n’est pas une attaque au droit à l’information. Il s’agit plutôt de protéger des personnes dont l’identification pourrait les mettre en danger. Nous sommes choqués par l’attitude invasive de certains journalistes professionnels qui, au nom de l’information, violent l’intimité d’individus et exposent aux caméras un lieu de refuge. Le problème, ce ne sont pas les journalistes, mais les mauvais journalistes.

Sur quoi peut-on se baser pour demander l’expulsion du camp, ou sa “normalisation” ? Notre camp ne représente pas un trouble à l’ordre public. C’est l’expression d’une réponse aux problèmes politiques et sociaux sur lesquels nous devrions ouvrir les yeux. A savoir, la situation dans laquelle se trouve les migrants, réfugiés ou non, dans la Forteresse Europe. Pendant que nous nous confrontons quotidiennement à ces questions avec des réponses pratiques, d’autres spéculent sur une situation “d’urgence”. A ceux-là,nous disons simplement que nous ne reculerons pas. We are not going back !

No Border Camp - Vintimille

P.-S.

Video du bloquage de la frontière le 25 juillet 2015 :

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