Une tribune pour les luttes

Cible unitaire : la Justice ! C’est ce qu’on veut tous !

par Eleuthère Qwark

Article mis en ligne le dimanche 10 avril 2016

Il me semble que la problématique d’unité réelle la plus vive, c’est sur les Panama Papers. On a de la chance que les résultats d’investigation tombent pendant une montée de colère contre la tête de foreuse à fric El Khomri enfoncée dans la chair de la "ressource humaine" en france (non, merci la correction auto, je fais exprès de ne pas majusculer cette petite république bananière), ça serait dommage de ne pas la saisir.

Avant d’avancer mieux dans ce que je veux dire, me présenter. Je ne voudrais surtout pas avoir l’air d’évacuer les problématiques locales de l’habitat, de la distribution commerciale des denrées, des transports, de l’éducation et de la culture, de l’emploi de la ressource humaine flexible, ni les problématiques de négociations syndicales nationales et sectorielles. Seulement ce n’est pas mon point d’efficacité, j’y débarquerais certainement comme un demi-intello dans les choux, je confirme que j’y suis un tantinet, et que je suis sans doute plus un quart qu’un demi intello, avec pas plus de dents que Fath mais un dentier en plus payé par la sécu et un délire assez proche bien que beaucoup plus intériorisé, pour des raisons comparables (je parle de la vie, pas de la chimie).

Tout le monde est d’accord pour cibler une prédation exercée sur les femmes et les hommes, c’est simple et commun de savoir qu’on est "bouffés par des requins" ou "tondus par des loups", tellement qu’on se fait moquer si on parle sur ce registre.

"Les quartiers nord" et "la rue" sont les premiers à connaître ça par cœur depuis bien avant le premier pet d’une pensée de Loi El Khomri, mes proches aïeux ritals n’avaient pas un autre statut que n’importe quel ressource humaine "étrangère" délocalisée sur le marché de l’emploi marseillais, c’était la Belle de Mai des années 1900—> 1950 et après c’était les barres où Chute La Vie, le roman familial n’a pas été perdu et les traces en ont été taguées sur des murs de lumière blancs par des ascendants plus proches.

C’est très très objectivement de ça qu’on souffre, TOUS, de plus en plus objectivement même les petits bourgeois (si on aime les étiquetages j’en étais un "moyen", avant de jouer au saut à l’élastique avec le trottoir depuis un 6° étage de HLM dans le 93). On le sait même si on ne sait pas le dire avec des chiffres et des références universitaires à l’appui. On n’a jamais eu besoin d’experts ni même de savoir lire et écrire pour comprendre le principe des vases communicants, qui se vident ou se remplissent selon comment on fait pencher leur balance. On essaye de nous montrer qu’on ne peut rien capter parce que le tuyau est un plat de spaghettis, ce qui était déjà d’une commerie d’enfer.

Mais justement on ne peut même plus nous la jouer comme ça (même Sapin a bien du mal à rester crédible face à Cash Investigation), quelque chose vient de changer : on a la radiographie complète de la dentition du requin et les noms de ceux qui commandent la machine. On voit très bien que ça n’a pas grand chose à voir avec une "nature humaine" (ou alors on n’a vraiment pas la même !!), et que c’est bel et bien juste une très très grosse machine, protégée par les forces armées les plus puissantes du monde, qui imposent la monnaie sans valeur que cette machine fait enfler. Le combustible principal n’est pas le pétrole, mais le sang humain, c’est précisément ce que dit le concept cyniquement réaliste de "ressource humaine" (avant on disait le personnel de l’entreprise.... on lit bien la différence).
Les petites batailles franco-françaises pré-électorales pour savoir quel syndicat va le mieux négocier son social-démocratisme fondamental avec Hell Saloperie tout en réussissant à garder une ligne de com unistaire globale, on s ’en fout. C’est dommage que ceux qui ont le plus de moyens d’organisation (enfin... ce qu’il en reste) se mettent à jouer le jeu des divisions sur ce terrain pour ratisser des adhérents, il ne jouent que le jeu du requin. Mais ça non plus c’est pas de mon ressort, qu’ils se débrouillent avec leurs problèmes de communication, quand ils sont là ils sont bel et bien là, leurs adhérents, et leur capacité d’organisation aussi.

Je crois très humblement, depuis mon petit studio précaire de retraité précaire où je le morfle et d’où j’emmerde la morfle, que si la rue peut et doit (pardon) exercer une pression, c’est sur la Justice Internationale, ne serait-ce que pour tester si ça existe comme ça nous est médiatisé. On avait déjà quelques têtes de bouc-émissaires, souvent d’une autre couleur de peau que la blanche (pas moins coupables, c’est sûr, mais ce n’est pas eux qui ont chiffré le coffre d’où on les sert, pas plus ni moins que des directeurs de chaine d’info ou des politiques). Les mafias n’ont jamais hésité à sacrifier des pions à n’importe quel rang des faisceaux quand c’est nécessaire, ici on est un peu plus particulièrement au courant qu’ailleurs.

C’est bien, d’avoir tenu compte de la mise en garde des "habitants du Cours-Ju". Le kiosque à musique c’est bien, mais si on ne va pas occuper les quartiers nord où on dérangera peut être encore davantage (je n’en suis pas bon juge, je demande), le Palais de Justice ce serait plus fort, symboliquement.

Sur le plan de la pression intellectuelle, il faudrait qu’avec nous des juristes, des avocats, des juges, des politiques, des journalistes, fassent remonter une notion de qualification des pratiques pannama-paperrassières comme "Crime en réseau contre l’Humanité". Ça ne peut pas être moins que ça.

C’est en tout cas sur ce clou que je tape inlassablement, je le fais dans Médiapart systématiquement, j’ai posté ce post sur le site Anti-K, je le passe à mes relations et je vais tirer ce texte en tract demain.

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