Une tribune pour les luttes

Nuit du 9 avril 2016

Nuit gravement à la santé des Puissants.

Nuit debout à Marseille par CG

Article mis en ligne le samedi 16 avril 2016

La nuit debout c’est tous les soirs au Cours Julien et c’est partout ou la parole s’exprime librement.

La nuit a commencé le jour avec la manifestation du 9 avril où des jeunes plus turbulents que des syndiqués fatigués de tracter dans leurs boîtes respectives le jour, et de s’ajouter des réunions en soirées, ont débordé facilement le service d’ordre de la CGT encordé comme dans un enterrement curieux. Un membre des Jeunesses Communistes considère que « C’est le syndicat Solidaires qui manipule les lycéens. » On ne le détrompera pas si facilement. Il a vu le mot Solidaires sur une pancarte tenue par un jeune étudiant. Lui seul sait où marche le prolétariat dans son ascension vertigineuse vers l’obtention du ticket resto …généralisé. En tête, une autre manif part vers le boulevard Baille tandis que la CGT désarme à Castellane. La semaine dernière, ce sont des membres de son service d’ordre qui ont gazé les lycéens. Après les CRS ont fini le travail et embarqué quelques personnes au commissariat pour leur apprendre la vie. Celle de la détention.
La manifestation « sauvage » mais tout ce qu’il y a de plus raisonnable s’est donc dirigée vers le Cours Julien où des manifestants de toutes obédiences, de tous syndicats et même… des gens libres de tous liens ont attendu que le dernier quarteron de manif revienne gazé de la Mairie de Marseille.
Après un long tour de Djembé, la sono de Solidaires 13, « les manipulateurs » a permis à tout un chacun de s’exprimer par apport à la Loi El Khomri et son monde, comme dirait l’autre.
Ce soir du 9 avril, je me rappelle surtout d’ Antoinette, expulsée par un incendie de l’armée sur les hauteurs de Carpianne et qui remercie la jeunesse tout en prenant des allures de starlette. Il y eut aussi le numéro théâtral de Nino, avec ses deux feuillets en main, réclamant la Commune de Marseille, comme celle qui fut vaincue en 1871. Malgré la sono tout n’était pas audible car j’avais derrière moi, Sabine de la Plaine, avec son panneau en carton où on pouvait lire : « Guestapo = Comico » éructant comme une harengère contre tout ce qui ne tramait contre le peuple. Les Enragés de Nino étaient bien tapis dans la nuit de Marseille. Tout se jouait sur ce ton magnifié de la Révolution Française. Manquaient les avocats, tous passés dans les affaires. A quelques milliers autour du cadavre de Desmoulins, certains proposaient déjà une nouvelle constitution. On se lançait du citoyen mais sans ce coté nouveau de l’Après-Ancien Régime. On employait plutôt sa récupération étatique. Un long poème aux accents de Maldoror reçut des compliments. Il y eu des hésitants, des réconciliateurs, des situationnistes pour nous rappeler pompeusement : « Ne travaillez Jamais » Il y eut le talent du porte micro assailli durant deux heures par un fracas de la Plaine au chapeau noir. On se demanda comment débarquer les banques comme Cantona. Certains parlèrent de la NEF, on échangea sur les bonnes pratiques écologiques, chacun donna une recette alternative au libéralisme. Par moment on tournait comme le mouvement Alternatiba, à d’autres on prônait l’insurrection.
On ne manqua pas de porter l’estocade sur notre coté Bobo, centre ville, alors qu’on laissait les fameux et bien pratiques Quartiers Nord dans l’ombre. Ceux là étaient bien là mais pas forcement avec le faciès adéquat. Il y eut des tout petits dérapages mais alors vraiment malheureux sur les juifs, les femmes et le voile et toutes ces catégories si commodes à dézinguer. On oublia les gens percés. On aurait pu se prendre aux roux. J’en avais un prés de moi. J’entendis même Etienne rappeler fort justement que nous étions des exploités et que la constitution, il s’en foutait comme Renaud en 80 tringlait la République. Un squatteur tout mimi déclara à qui voulait l’entendre ses voeux de lutte à toutes les Zad. Un parisien épuisé de son voyage à cheval, essuya les quolibets – on ne dira pas lesquels- de la plèbe marseillaise à cause de son numéro de cocher de la république appelant à l’aide deuis Paris. L’Assemblée de Marseille fut belle mais moins rebelle qu’elle n’aurait pu. Elle fut un commencement, un ajout d’egos où les plus révoltés se tenaient cois en attendant l’étincelle qui embarque tout le monde dans une spirale vertueuse de révolutions. Elle fit honneur au feu et à la parole. Elle entretint le feu des mots, le bouillonnement des égos qui se cherchent des frères sans jamais se frapper. On y vu de l’égalitarisme. Il fut surtout question de fraternité mêlée de liberté. D’autres diraient respect et bienveillance. Une assemblée condamne les tièdes et privilégie les exaltés. Elle ne laisse pourtant aucune chance aux mal intentionnés et aux brouillons.
Le lendemain une autre assemblée dans Marseille redonna à des orateurs plus politiques le micro. Elvina, une professeure Marseillaise protesta contre les violences policières démesurées et inqualifiables. Quelques uns s’écharpèrent avec un membre de la FSU qui parlait de massification tandis que les plus jeunes insistaient sur la violence de l’état. Le combat continuait. La Parole y contribuait.

P.-S.

CG

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