Une tribune pour les luttes

Solidarité avec les mineurs dans les CAOMIE à Biscarrosse et avec toutes les protestations contre la politique des CAOs en France

Article mis en ligne le mercredi 28 décembre 2016

Dans plusieurs CAO (Centre d’Accueil et d’Orientation) pour mineurs (CAOMIE) à Biscarrosse (près de Bordeaux) les dernières semaines il y a eu des manifestations auto-organisées et des grèves de la faim pendant plusieurs jours pour protester contre la décision de gouvernement anglais d’arrêter d’ accepter des mineurs en Angleterre.
Comme partout en France, les mineurs attendent depuis le démantèlement de Calais (cela fait maintenant presque 2 mois) que soient mis en pratique les promesses des gouvernements français et anglais de pouvoir rejoindre leurs familles en Angleterre. La semaine dernière les associations gestionnaires des CAO à Biscarrosse ont communiqué aux mineurs que l’Angleterre n’acceptera plus les mineurs qui attendent dans des CAOMIE - au contraire des promesses que toutes les familles pourraient être réunies. Les gestionnaires des CAO ont alors essayé de convaincre les mineurs de demander l’asile en France ou de rejoindre l’Irlande, mais évidemment, les mineurs veulent rejoindre leur famille en Angleterre et n’acceptent pas une autre possibilité. Ils ont donc répondu qu’ils n’accepteraient que le transfert en Angleterre, mais il n’y pas eu de réaction de la part des autorités anglaises. Les mineurs demandent le respect de leurs droits, ce qui leur était promi par deux états européens, leurs revendications prennent la forme de manifestations et de grèves de la faim.

Comment est-il possible de faire confiance à des « États de Droit » qui promettent d’accorder des droits à des milliers de personnes - comme à Calais - pour ensuite ravaler leurs promesses et trahir les personnes ? Car une fois leur usage servi les promesses sont non seulement retirés et les droits jamais accordés, mais pire, trompées par cette mascarade « humanitaire » les personnes en CAO et CAOMIE se retrouvent dans des situations encore plus précaires. Ces promesses avaient une utilité avant tout instrumentale : permettre le déplacement massif sans contestation ou résistance. Le démantèlement achevé, il n’y avait plus intérêt pour l’État de mettre en œuvre ses promesses. Promesses mensongères, donc, proférées et violées en toute impunité, sans conséquence aucune pour les autorités énonciatrices.

Cet avis est partagé par beaucoup des personnes déplacées de Calais lors du démantèlement, dans les CAOMIE et CAO, qui ont accepté de partir avec l’espoir de pouvoir rejoindre leur famille en Angleterre pour les mineurs ou de déposer une demande d’asile en France, selon des promesses initiales des gouvernements français et anglais.

Totalement désespérés en apprenant qu’après tout ils ne pourront rejoindre leurs proches en Grande-Bretagne, ou qu’ils ont été placés en « procédure Dublin » et risquent l’expulsion dans des pays où ils ont aucune perspective, ils veulent faire entendre leurs voix partout en France.
La « procédure Dublin » permet à la France (mais aussi l’Allemagne, l’Angleterre, etc.), dans le cadre d’un règlement européen, de décharger la responsabilité du traitement de la demande d’Asile sur les pays des rives sud de l’union européenne, soit majoritairement l’Italie, la Grèce, la Bulgarie, Roumanie, Espagne, Hongrie. Pays dans lesquels l’« asile » est encore plus inexistant qu’en France et où les demandeur.e.s d’asile risquent encore plus d’être déportés dans leur pays d’origine.

Les réfugiés manifestent à Louchon et des adolescents quittent presque la ville à pied, pour exprimer ses colères totalement désespérés après avoir appris qu’ils ne pourraient pas regagner leurs proches en Grande-Bretagne, organisent des rassemblements devant les Préfectures d’Albi, de Toulouse et de la sous-préfecture du Havre, se mettent en grève de la faim plusieurs jours à Réalville, dans le Tarn-et-Garonne, à Paris (Porte de la Chapelle) , et organisent des manifestations à Batz-sur-Mer.

Beaucoup des gens, pressentant la tromperie, se sont déjà enfuis, adultes et enfants y compris, et ont été raflés sans pitié par des déploiements policiers dans les gares et lieux d’articulation de transports en voie vers le nord sur tout à Paris. D’autres ne tarderont à partir.

Christina Cordes

contact : alliaaa724 chez gmail.com

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