Une tribune pour les luttes

Déclaration du Réseau Education Sans Frontière (RESF)

COMMENT L’ENTENDEMENT VIENT AUX MINISTRES

24 octobre 2005

Article mis en ligne le mercredi 26 octobre 2005

Le 9 septembre dernier, martial, le ministre de l’Intérieur s’adressait aux préfets pour exiger d’eux « une obligation de résultats » en matière d’expulsion d’étrangers en situation irrégulière. Il leur assignait des objectifs chiffrés : une augmentation de 50% des résultats. A cette fin, il leur ordonnait de « savoir résister aux pressions de tels ou tels collectifs ou coordinations qui ne représentent qu’eux-mêmes ». Le 25 octobre, l’entendement semble être en partie venu au ministre : il déclare au Monde « entendre les protestations concernant les expulsions d’élèves en situation irrégulière ». C’est un progrès... dû, pour l’essentiel, aux multiples mobilisations dans des dizaines de villes et de localités dans tout le pays : Nantes, Lyon, St-Nazaire, Beauvais, Cormeilles en Parisis, Angers, Bordeaux, Brest, Perpignan, Mulhouse, Tours, Bourges, Carcassonne, Lille, Montélimar, etc... Pas une région de France sans mobilisation d’écoles, de collèges, de lycées, de quartiers, parfois de villes entières, pour empêcher l’expulsion, dans des conditions honteuses, d’élèves, jeunes majeurs ou familles entières. Kankou, jeune malienne d’Orléans menacée d’excision en cas de retour au pays et sa mère ont a mère ont obtenu le statut de réfugié contre la volonté du préfet du Loiret, Guy Effeye, lycéen d’Epinay (93) a échappé à l’expulsion grâce à la mobilisation de ses enseignants et de ses camarades de classe, la famille Mekhelleche, Algériens de Pantin que le préfet de Bobigny prétendait expulser sans ses enfants ne l’a pas été après que les écoles des enfants se sont mobilisées. Quant à Rachel et Jonathan, les enfants de Barbe Makombo en cavale depuis deux mois et demi pour bloquer l’expulsion de leur mère et de leurs sœurs, ils tiennent bon face au silence du ministre. L’issue ne peut être que la régularisation de Barbe Makombo.

Face à ces mobilisations tous azimuts, le ministre a dû faire mine de lâcher du lest : « La solution » assure-t-il, « consiste à ne pas reconduire les élèves à la frontière pendant l’année scolaire en cours. Mais ce n’est pas parce que des enfants sont scolarisés que les parents ont droit au séjour au-delà de la période scolaire ». Un recul en trompe-l’oeil. Qui s’il ne l’était pas devrait se traduire en actes. Par l’abrogation immédiate de tous les refus de séjour et des mesures d’éloignements concernant des jeunes scolarisés et/ou leur famille Par la délivrance d’un titre de séjour permettant de travailler aux parents des élèves concernés et aux élèves majeurs.

Pour le reste, les faux-semblants du ministre ne résolvent rien sur le fond : il ne fait que reporter l’exécution à juin 2006, condamnant des milliers de jeunes et leurs parents à vivre dans l’angoisse d’un bannissement annoncé. Pas plus que celle auxquelles Monsieur Sarkozy dit avoir dû renoncer, ces expulsions programmées à l’été n’ont de justification. Les jeunes et les enfants dont il est question sont des élèves comme les autres. Le nombre et l’intensité des mobilisations autour d’eux l’attestent. Leur expulsion ne sera pas plus tolérée en juillet 2006 qu’elle ne l’a été en septembre ou en octobre 2005. Le sursis obtenu doit être mis à profit pour réclamer et obtenir la régularisation pleine et entière des jeunes et des adultes concernés. Si le ministre misait sur une démobilisation du milieu de ces élèves consécutive aux vacances d’été, il a de sérieuses probabilités de devoir déchanter. Les événements du mois d’août dernier devraient le lui annoncer.

Réseau national des militants,
collectifs d’établissements, syndicats et associations
pour l’information et le soutien
aux jeunes scolarisés étrangers sans papiers

Adresse postale : C/o EDMP 8 Impasse Crozatier 75012 Paris
educsansfrontieres chez free.fr
www.educationsansfrontieres.org
Contact sur ce dossier : Richard Moyon 06 12 17 63 81

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