Une tribune pour les luttes

L’heure des peuples a sonné

Tournée du Conseil Indigène de Gouvernement au Chiapas

Article mis en ligne le mardi 7 novembre 2017

C’est le début d’un nouveau Ya Basta, d’un nouveau soulèvement. C’est le début du premier gouvernement indigène, collectif, horizontal, anti systémique et anticapitaliste dans l’histoire de ce pays, au niveau mexicain. C’est le début de l’organisation collective, depuis la base, comme alternative à la violence et à la spoliation.

Ce n’est plus le moment de se laisser faire, ni de permettre que le mauvais gouvernement nous marche dessus et nous humilie. Ce n’est plus le moment de permettre la disparition de nos jeunes. Ce n’est plus le moment de permettre des massacres. Il est temps de défendre la vie de nos peuples, de nos enfants, comme nous nous savons le faire. L’heure des peuples a sonné.

Ce furent quelques-unes des paroles prononcées par Guadalupe Vásquez, survivante du massacre d’Acteal et membre du Conseil Indigène de Gouvernement (CIG), qui s’est réuni les 12 et 13 octobre dernier dans les installations du Cideci/Université de la Terre, à San Cristobal de las Casas.
Deux journées de réunions à huis clos, durant lesquelles furent discutées les prochaines étapes à mener à bien en vue de la candidature de la porte-parole du CIG, María de Jesús Patricio Martínez, "Marichuy". Vers 14h30, l’accès fut autorisé à la presse afin d’écouter les paroles de clôture de l’assemblée, avant que les plus de 130 femmes et hommes membres du Conseil ne montent dans les cars qui leur feront visiter durant les prochains jours les cinq zones zapatistes au Chiapas.

La tournée marque aussi le démarrage du processus de collecte des presque un million de signatures nécessaires afin de pouvoir enregistrer Marichuy en tant que candidate indépendante à la présidence en 2018.

Mais c’est bien plus que cela. C’est le début d’un nouveau Ya Basta, d’un nouveau soulèvement. C’est le début du premier gouvernement indigène, collectif, horizontal, anti systémique et anticapitaliste dans l’histoire de ce pays, au niveau mexicain. C’est le début de l’organisation collective, depuis la base, comme alternative à la violence et à la spoliation.

Il y a un an exactement, au même endroit, durant les célébrations du 20e anniversaire du Congrès National Indigène (CNI), l’EZLN proposait au CNI la création d’un Conseil Indigène de Gouvernement et l’élection de sa porte-parole, une femme indigène, afin qu’elle postule en tant que candidate indépendante durant les élections présidentielles de 2018. A ce moment-là, l’assemblée du CNI décida de faire parvenir la proposition aux communautés afin de réaliser une consultation pour approuver ou rejeter la proposition.
Durant le mois de décembre et en janvier dernier, le CNI s’est de nouveau réuni au Chiapas, et le 1er janvier, au caracol d’Oventic, le résultat de la consultation fut rendu public : la décision de créer un Conseil Indigène de Gouvernement collectif, régi par les 7 principes de gouvernement de l’EZLN et du CNI ; que la voix de ce conseil serait celle d’une femme indigène appartenant au CNI ; et que cette porte-parole postulerait comme candidate aux élections présidentielles de 2018.

Du 26 au 28 mai de cette année le CNI s’est de nouveau réuni au Chiapas, cette fois pour l’élection de l’assemblée des femmes et hommes membres du Conseil Indigène de Gouvernement, ainsi que de sa porte-parole.

Et le samedi 7 octobre dernier Marichuy, accompagnée de femmes membres du Conseil et de membres du CNI, s’est présentée à l’Institut National Electoral (INE) pour enregistrer sa candidature. A cette occasion, elle annonçait la décision du CIG de n’accepter aucun financement de l’INE, et dénonçait les différentes embûches qui ont été mises afin d’empêcher l’enregistrement de sa candidature.
(Voir http://radiozapatista.org/?p=23159)

Le CNI tout comme le CIG et sa porte-parole ont toujours clairement précisé qu’il ne s’agit pas de miser sur la prise du pouvoir ; qu’ils n’ont ni l’espoir ni l’ambition de gagner les élections ; que ce dont il s’agit, c’est d’utiliser le propre système pour montrer à quel point il est défectueux, et que les alternatives se trouvent ailleurs : dans l’organisation collective, autonome, depuis en bas.

Une nouvelle étape de cet important effort collectif des peuples originaires du Mexique débute maintenant. Une étape qui, comme eux-mêmes le disent, est pour toutes et tous, pour la défense de la vie.

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