Une tribune pour les luttes

DOSSIER INTERNATIONAL

CONNEX partout... Service public nulle part !

Des exemples en GB, Allemagne, Suède, Australie .... et France

Article mis en ligne le mardi 8 novembre 2005

Tract CONNEX. pdf

Vous trouverez ci-dessous et ci-joint la reproduction d’un tract réalisé par l’Union Solidaires transports

CONNEX partout ...

Service public nulle part !

Premiers trains privés à Dugny sur Meuse puis à Epinal, grève des transports urbains de Nancy, grève des marins de la SNCM et des traminots de la RTM et Marseille, ... la société CONNEX se retrouve ces derniers temps au coeur de nombreuses luttes sociales dans le secteur du transport en France. Mais CONNEX est une entreprise multinationale, et c’est partout en Europe que salarié-e-s et usagers sont confronté-e-s à ses méthodes.


CONNEX, bras armé du capitalisme.

CONNEX est le premier exploitant privé européen de transport public de voyageurs. Son chiffre d’affaire annuel tourne autour de 4 milliards d’euros. Mais CONNEX est une filiale de VEOLIA Environnement dont le chiffre d’affaires était de 24,7 milliards d’euros en 2004, qui n’est qu’un secteur d’un des plus grands groupes privés mondiaux : VEOLIA (ex- ViVENDI, Compagnie Générale des Eaux).
Laisser CONNEX grignoter ce qui est encore du domaine public, c’est favoriser encore plus la remise en cause des droits sociaux des salarié-e-s, la concentration des
marchés aux mains d’une minorité d’actionnaires qui n’ont que faire des besoins des usagers, du droit au transport pour tous, leur seul critère étant les profits financiers.


CONNEX et le désastreux exemple britannique.

Dans le cadre des privatisations des années 90 en Grande-Bretagne, les profits des entreprises opératrices n’ont pu passer que par une exploitation plus importante des
employés et des économies remerttant en cause la sécurité, la plupart des autres frais étant fixes ou ne dépendant pas de choix de l’entreprise (c’est le cas, par exemple, des péages).

CONNEX South Eastern a exploité le réseau de chemin fer britannique au Kent et dans le Sud-Est de l’Angleterre. L’autorité organisatrice lui a finalement retiré fin 2004 l’exploitation du réseau pour des problèmes important liés à la sécurité. C’est à ce moment là que le gouvernement français lui délivrait une licence pour circuler sur notre réseau ferré national !

Pendant la période de CONNEX, les conditions de travail ont reculé de 30 ans. La
journée de travail était de 11h et même de 11h30 du fait des heures supplémentaires
non payées. La durée hebdomadaire maximum de travail d’un mécanicien était de
77 heures. Inévitablement, du fait de ces mauvaises conditions de travail, les accidents
ont fortement augmenté. La formation des nouveaux embauchés a été réduite de 44 %.

Les problèmes techniques signalés par les cheminot-e-s étaient souvent non résolus, car
cela aurait coûté de l’argent et fait baisser les profits des actionnaires : c’est la source
de multiples accidents. Ceux qui refusaient de conduire les trains dangereux, tentaient
de se battre contre cette situation étaient licenciés... CONNEX s’est attaqué au droit
syndical, a licencié ou rétrogradé plusieurs représentants syndicaux.

Augmentation des heures de services, flexibilité, destruction des conditions de
travail, plus d’horaires décalés, plus de stress, plus de risques, voilà la « politique sociale » de CONNEX. Dans les différents sites, CONNEX, sans doute inspiré par l’exemple allemand, essaie de mettre en place un syndicat maison pour signer un accord instaurant « la paix sociale » au sein de l’entreprise.

« CONNEX South Eastern a été moins intéressé par la sécurité du personnel et des voyageurs que par son image public et la réduction des coûts », cette affirmation ne sort pas de la bouche d’un syndicaliste mais du président du tribunal qui a retiré à CONNEX sa licence en 2004 ! La conduite de CONNEX a été déclarée inacceptable, ne respectant ni le droit du travail ni les règles de sécurité.

Cette expérience a laissé des traces importantes : le coût personnel et individuel
reste très important, tout d’abord pour les victimes des nombreux accidents dont la
seule cause était la recherche du profit. De nombreux/ses salarié-e-s, parce qu’ils/elles
ont osé résister, se retrouvent sur des « listes » noires, sans emplois, d’autres devant être
réintégrés mais toujours dans l’attente.

Financièrement aussi le coût est important : la privatisation a permis aux sociétés privées d’engloutir des centaines de millions de subventions ... publiques ! Quelques mois avant d’être chassé de ce réseau, CONNEX avait ainsi empoché 85 millions d’euros sur les fonds publics ...

National Union of Rail Maritime & Transport Workers


CONNEX, pièce maîtresse de la privatisation des transports en Allemagne.

CONNEX en Allemagne, ce sont 27 compagnies de bus, 11 compagnies ferroviaires
régionales, 1 compagnie ferroviaire Grandes Lignes, 1 filiale spécialisée dans le
transport ferroviaire fret (CONNEX Cargo Logistics) qui a elle-même créée 11 sous
filiales et entend étendre son domaine vers les Pays Bas, le Luxembourg, la Pologne, la
Suisse, ... et la France.

CONNEX s’organise de manière à gagner les appels d’offre, en proposant la
filiale qui y correspond exactement, répondant par les moindres coûts. Ils
réussissent à faire cette offre en payant des salaires souvent sous le tarif
conventionnel de la branche.

CONNEX est toujours prompte à prendre les subventions pour les destinations déficitaires. Les seuls salariés directs de CONNEX sont ceux de la direction (150 personnes).

Lorsque la privatisation des réseaux de transport de courtes distances a commencé, Il y avait environ 640 entreprises de transport de courtes distances privées et publiques en Allemagne, les experts estiment qu’elles ne seront plus qu’une dizaine au final.

En Allemagne, les conventions collectives font l’objet d’accord avec les centrales syndicales qui s’engagent alors à « maintenir la paix sociale », à ne plus recourir à la grève jusqu’aux prochaines négociations.
Il existe deux conventions collectives de secteur concernant les transports. La
convention collective Transport Public et la convention collective Transport Privé. La
convention collective Transport Public est plus favorable aux salariés que la
convention collective Transport Privé. Les salaires y sont supérieurs de 30%, des
jours de congés supplémentaires sont accordés, etc.

Un conflit important a eu lieu au sein de Rhein-Bus, lors de la privatisation de la
compagnie qui était jusqu’alors communale. Les employé-e-s ont fait grève pour maintenir la convention collective Transport Public dont CONNEX ne voulait pas.
Leur mot d’ordre était « même travail, même salaire ! » La nouvelle convention leur faisait perdre 25% de leur salaire.

Après sept semaines de grève, ils n’ont pas conservé la convention de secteur mais obtenu une convention collective d’entreprise équivalente. Cette convention s’applique à d’autres entreprises du groupe CONNEX qui avaient fait une grève de solidarité
après plusieurs semaines de conflit.


Grèves contre les pratiques de CONNEX en Suède

CONNEX est la plus importante compagnie d’autobus en Suède. CONNEX gère
aussi 4 lignes de train, le métro de Stockholm, et des ferries dans l’archipel de Göteborg. La section du métro et des tramways de Stockholm du syndicat SAC-Syndikalisterna a mené plusieurs conflits contre CONNEX.

Ces derniers mois, CONNEX a dénoncé unilatéralement des accords qui permettaient
au personnel de partir à la retraite à 63 ans, et veut obliger à travailler jusqu’à l’âge de 65 ans. C’est pourtant un lieu de travail constamment classé dans la catégorie des lieux
de travail les plus stressants et les plus dangereux de Suède.

CONNEX, afin de faire des économies, abuse des temps partiels et contrats d’emploi « à l’heure », provoquant une explosion de la précarité parmi les salarié-e-s.
CONNEX a dénoncé l’accord local réglant les heures des programmes de service et de travail. Ils veulent présenter des programmes de travail qui sont une détérioration
importante des conditions de travail, où par exemple les durées journalières de service de dix heures ne sont pas rares. La proposition signifie également qu’il est pratiquement impossible d’être parent en travaillant dans le métro, constituant ainsi une violation de la loi suédoise au sujet des conditions de travail et d’égalité Homme/Femme.

Depuis plus de six mois, CONNEX a remis en cause unilatéralement les accords locaux de système d’administration du personnel concernant le temps de travail et les régimes de travail. Les bulletins de paye sont envoyés avec des erreurs, le calcul des congés annuels et les commandes sont aussi truffés d’erreurs. Et sous le nouveau système administratif, il n’y a pratiquement aucun moyen pour qu’un employé obtienne un rapport complet et détaillé de son travail par heures, ainsi les travailleurs/ses ne peuvent donc pas vérifier leurs bulletins de paye !

Il y a quelques jours, c’est sous l’impulsion d’un autre syndicat suédois, SEKO, qu’une nouvelle grève a éclaté. Un représentant syndical local, a été licencié le 30 septembre par CONNEX, pour « manque de loyauté » à l’égard de la compagnie.

Ce militant syndical a été licencié pour avoir critiqué des pratiques de CONNEX qu’il
jugeait néfastes pour la sécurité et l’environnement de travail. Le licenciement a
provoqué une grève sauvage des conducteurs le 6 octobre, paralysant tous les services de métro de la capitale. En Suède, il est illégal de licencier un employé pour motif de « manque de loyauté »

Le président de SEKO a déclaré : « CONNEX s’est comportée d’une manière ridicule dans ce cas précis, comme elle l’a déjà fait ailleurs. Cette compagnie remet en cause les droits syndicaux, le droit d’expression et la liberté d’action syndicale ».


En Australie CONNEX défend le harcèlement
et s’oppose au droit syndical des employé-e-s.

En juin dernier, des aiguilleurs employés par CONNEX en Australie ont cessé le travail à Melbourne, en solidarité avec un collègue, harcelé par son supérieur direct. CONNEX prétendait lui interdire ses droits syndicaux, notamment d’être représenté par son syndicat lors d’une audience disciplinaire.
CONNEX a essayé de retirer ledit salarié du poste d’aiguillage, ce qui a déclenché un mouvement de protestation dans la journée. « Par cette action, les aiguilleurs ont voulu montrer sans équivoque que les travailleurs avaient le droit d’être représentés par leur syndicat », a déclaré le secrétaire du syndicat RTBU.


En France, CONNEX tisse sa toile ...

Jeudi 20 octobre, les salarié-e-s des transports urbains de Nancy (STAN, groupe CONNEX) décidaient lors d’un vote en assemblée générale de mettre un terme à 17 jours de grève et d’accepter un protocole d’accord signé entre la direction de l’entreprise et les représentants syndicaux des grévistes. Le résultat du vote a été serré, mais les grévistes sont restés uni-e-s. De nombreux syndicats SUD avaient exprimé leur soutien à cette lutte, à travers un texte qui en résume les enjeux :

Contre la prise d’otages patronale, soutenons les grévistes de la CONNEX ! Nous apportons notre soutien aux grévistes de la CONNEX (filiale de VIVENDI). En effet, hormis l’alignement des salaires sur ceux fixés par la convention collective des
transports publics (à travail égal, les chauffeurs de la STAN peuvent toucher 160 € de moins par mois), les salarié-e-s revendiquent de meilleures conditions de travail et l’amélioration des conditions de sécurité des transports.

Des incidents, considérés comme « minimes », et la restructuration du réseau sont révélateurs du peu d’intérêt de la direction pour assurer aux usagers un transport sûr et décent : incidents mécaniques (moteurs qui prennent feu, freins défaillants, etc.),
vétusté des bus (alors que des bus neufs sont inutilisés depuis mars 2000), réduction des temps de trajets imposant des cadences insoutenables et des vitesses excessives (source de danger tant pour les usagers que pour les piétons et les cyclistes),
suppressions de lignes, etc. Tout cela au nom d’une rentabilité contraire à l’intérêt de tous (sauf des actionnaires qui, eux, ne prennent pas le bus) De plus, nous trouvons intolérable que les médias criminalisent la lutte de ces salariés en inversant la
situation : le seul preneur d’otages est la direction de la CONNEX ! C’est par la solidarité entre usagers et grévistes, et en sortant des luttes corporatistes, que
l’on pourra contrarier la logique mercantile des transports publics. A la logique du profit, opposons la loi du nombre : tous unis dans la grève !

Refusant de négocier avec les grévistes de Nancy qui réclamaient quelques euros de plus par mois, CONNEX annonçait dans le même temps des investissements colossaux pour aider à la privatisation de la SNCM. Mais il est vrai que ceci n’est pas à fonds perdus, loin s’en faut : l’exemple de la RTM montre comment, une fois de
plus, CONNEX pompe l’argent public pour mieux privatiser !

Depuis des dizaines d’années, la Régie des Transports Marseillais assume pleinement sa mission. A l’affût de toute privatisation possible, les « libéraux » ont saisi l’opportunité du futur tramway pour remettre en cause le fonctionnement en service public.

La mairie (UMP) a lancé un appel d’offres pour une Délégation de Service Public. Et elle a « fortement incité » la RTM à s’allier avec CONNEX.

Dans quelles conditions ?

La majorité UMP parle de trois cadres CONNEX qui seront détachés pour « aider la Régie à faire des prévisions de trafic sur...8 ans, ce que la RTM ne sait pas faire ». Les cadres de la Régie apprécieront !

En contrepartie du détachement de ces trois cadres, CONNEX demande à la RTM 300 000 €, par année d’exploitation, Ce qui fait 100 000 € annuels par cadre, cela représente, sur 8 ans, 2,4 millions d’€ pour trois salaires à la charge de la RTM.

CONNEX demande aussi 300 000 € par an pour son « assistance technique » et 250 000 € pour ... « la marge et les aléas » ! On arrive à un total de 850 000 € de contreparties financières par an. Le coût pour la RTM de l’alliance avec CONNEX, pour 8 ans s’élève à 6,8 millions d’euros.

Quant au partage des risques, l’accord CONNEX/RTM révèle que c’est bien la RTM qui prendra le maximum de risques, notamment sur les dépenses, CONNEX
supportant principalement le risque sur les recettes d’un tramway, risque très limité pour un matériel neuf et un mode de transport attractif. Cette alliance fait bien ressortir une perte chiffrée pour la RTM sur le trafic métro de 14,1 millions de
voyageurs par an, puisque les lignes du tramway doubleront celles du métro. Comme ce n’était pas suffisant, le directeur de la Régie a confirmé que « les recettes du tramway ne pourront être transférées au métro », puisqu’il y a une gestion
séparée »

Au public les pertes, et au privé les bénéfices. Et ainsi dans quelques temps des « économiste » aux cerveaux musclés nous diront que la RTM a des pertes et que CONNEX faisant des bénéfices est plus performant ! C’est contre cette même logique que nous refusons les trains privés et que notamment le 17 septembre à Dugny sur Meuse nous avons enlevé les rails parce que nous refusons que le train privé CONNEX pille le service publicferroviaire !

Coordonnons nos luttes !

Ensemble et uni-e-s, nous pouvons gagner !

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