Une tribune pour les luttes

L’exigence de réponses urgentes pour des quartiers en souffrance

Article mis en ligne le mardi 8 novembre 2005

Depuis plus d’une semaine, la banlieue parisienne, ainsi que certaines grandes villes sont le théâtre de violences dont les dégâts infligent à ces populations une véritable double peine, celle d’une part de l’exclusion et de la précarité du quotidien et d’autre part les dégâts conséquents à ces violences.

Le MRAP consterné tient à condamner sans réserve ces violences dévastatrices et porteuses d’amalgames.

Cependant, ces violences sont l’expression d’une prévisible insurrection des victimes de l’exclusion. Elles trouvent leur origine dans le désespoir, les discriminations et les relégations :

- Désespoir des jeunes qui sont confrontés à l’exclusion, à la précarité, au chômage et dont le vécu quotidien est rythmé par les contrôles au faciès

- Désespoir des adultes qui assistent impuissants aux violences des plus jeunes

- Désespoir de certains de ces élus locaux qui voient en quelques nuits s’effondrer le difficile travail de construction d’un tissu social

Ces souffrances ont des causes :

Elles sont le fruit des politiques successives de gouvernements qui n’ont pas su ou pas voulu traiter les zones de relégation sociale en dossier prioritaire.

Elles résultent depuis plusieurs années des coupes sombres opérées dans les budgets sociaux.

Elles se nourrissent avant tout de l’insécurité sociale entretenue par les politiques d’Etat sur lesquelles se greffe la violence autodestructrice de ces derniers jours.

Elles découlent de l’ambition électoraliste d’un ministre de l’intérieur, qui chasse sur les terres du Front National, et qui provoque les habitants des quartiers avec des cocktails de mots incendiaires. Cette politique de racolage de l’électorat extrémiste qui reçoit le soutien du Premier Ministre favorise la violence, l’extrême droite et les intégrismes.

Elles procèdent enfin de la rupture dramatique entre la jeunesse des quartiers
et la police de la République.

Face à cette situation, des mesures urgentes s’imposent. D’abord, la justice doit être rendue et toute la vérité doit être faite non seulement sur la mort tragique des deux adolescents de Clichy-sous-Bois dans un transformateur EDF, mais aussi sur les responsabilités du jet de grenade dans la mosquée de Clichy par des policiers.

Il est temps de mettre en oeuvre un véritable plan Marshall des banlieues avec et pour l’ensemble des populations sans exclusive, sans plus attendre d’ores et déjà : débloquer toutes les subventions gelées par la politique gouvernementale.

Le MRAP estime comme une priorité la mobilisation effective de l’Etat, avec
obligation de résultats, contre les discriminations racistes dans les domaines Emploi, Logement, Loisirs et Institutionnel dont sont victimes au quotidien les populations de ces quartiers.

Il convient que l’Etat dégage des moyens nouveaux pour susciter ou aider des projets culturels et associatifs mais aussi économiques dont les habitants eux-mêmes seraient les porteurs. Au coeur des évènements, des habitants jeunes et moins jeunes se mobilisent contre la violence, pour la paix dans le quartier, ils doivent être aidés.

Il est temps aussi de restaurer la police de proximité, de façon à privilégier la prévention sur la répression et en finir avec la politique de police spectacle.

Le MRAP estime par ailleurs, urgent d’envoyer un message positif vis-à-vis des
ces populations, le droit de vote pour tous serait à cet égard, une mesure de
justice attendue.

Le MRAP tient à exprimer son inquiétude devant l’émergence de solutions religieuses à ces violences là où s’imposent uniquement des réponses politiques, laïques, républicaines et citoyennes.

Seuls le respect de la dignité des populations concernées et des mesures urgentes en faveur de plus de justice sociale pour tous seront de nature à ramener la paix. La confiance dans les valeurs de la République ne se ramènera pas à coups de matraques.

Par ailleurs, le MRAP tient à exprimer son immense émotion après le décès de
Jean-Jacques Le Chenadec et assure à la famille sa totale solidarité dans cette épreuve.

Paris, le 7 novembre 2005

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