Une tribune pour les luttes

Communiqué d’attac france

Les quartiers populaires subissent au quotidien la violence du libéralisme

Article mis en ligne le jeudi 10 novembre 2005

Chômage de masse, logement social en désuétude, logements insalubres,
absence de moyens pour l’éducation nationale, régression des services
publics, insuffisance des transports en commun, pauvreté, exclusion sociale
et ségrégation asphyxient les habitants des quartiers populaires. Malgré les
efforts et les actions menées par des élus locaux et les associations qui
s’époumonent à lancer des cris d’alarme sur la situation de ces quartiers,
les inégalités ne font que s’accroître et la misère économique sociale et
culturelle s’est peu à peu enracinée dans les cités. Cette situation est le
produit direct des politiques néolibérales menées depuis près de 30 ans.

Les dispositifs de politique de la ville prétendaient réparer les dégâts les
plus criants de l’abandon par l’Etat de son rôle régulateur et
redistributeur des richesses. Malgré leur caractère pourtant insuffisant,
les gouvernements Raffarin-De Villepin n’ont cessé de rogner sur ces
dispositifs, supprimant les subventions aux associations, ce qui a entraîné
la mort de nombre d’entre elles, liquidant les mesures de prévention au
bénéfice du répressif, gelant en 2005 plus de 350 millions d’Euros destinés
aux banlieues, mettant fin aux emplois jeunes sans solution alternative,
diminuant de 10% ses apports pour le logement social. Mais cette politique
n’est pas une "erreur" tactique. Elle est l’expression, en France, des
politiques libérales menées aussi au plan européen et international. Se
généralisent délocalisation des entreprises, dérégulation du droit du
travail, mise en concurrence accrue des travailleurs du sud et du nord,
diminution des recettes de l’Etat (toujours moins d’impôt pour les plus
favorisés). Les plus précaires, les moins "adaptables au système" sont
touchés les premiers et le plus violemment. Ce sont eux qui peuplent les
quartiers populaires des banlieues. Parmi ceux-ci, les jeunes, français ou
non, nés de parents immigrés, subissent de surcroît une exclusion et des
vexations liées à la couleur de leur peau, à l’origine de leur nom. Une
génération entière est privée d’espoir et de perspectives de vie, l’école n’
étant même plus en mesure de remplir son rôle. Leur désespérance s’exprime
aujourd’hui de la manière la plus brutale, d’autant qu’elle a été exacerbée
par les propos d’un ministre de l’Intérieur répressif qui cherche à capter
les voix de l’extrême droite pour les futures élections présidentielles de
2007. La stratégie politicienne de Nicolas Sarkozy, qui consiste notamment à
jouer sur la peur, est celle d’un libéral convaincu.

Les quartiers populaires présentent aujourd’hui le visage d’un laboratoire
du libéralisme sauvage que l’on retrouve sur d’autres territoires de la
planète.
Alors que les profits boursiers et la spéculation financière ne cessent
d’augmenter, que les paradis fiscaux prospèrent, la pauvreté s’installe dans
les pays les plus riches et ce de façon organisée et délibérée. Les
discussions de l’OMC prévoient, lors du sommet de Hong Kong qui se tiendra
en décembre 2005, de continuer à organiser et amplifier les bénéfices des
multinationales. Au plan européen, la directive Bolkestein, réactivée, sera
à l’ordre du jour le 22 novembre.

C’est l’ensemble des citoyens, salariés ou chômeurs, français ou immigrés,
qui doivent s’engager massivement dans la déconstruction de l’idéologie
néolibérale. Attac appelle les associations d’éducation populaire, celles
qui sont impliquées dans les quartiers, les banlieues et les zones rurales,
tous les citoyens et citoyennes, à participer à toutes les initiatives
contre l’OMC, contre la directive Bolkestein, pour le développement des
services publics qui auront lieu en novembre et en décembre. Elle appelle
ses adhérents, les comités locaux, à poursuivre le travail engagé pour
ouvrir les rangs de l’association aux catégories populaires.

La révolte qui s’exprime aujourd’hui par la violence est un cri de désespoir
d’une génération abandonnée. Toutefois, les cibles de cette violence
(écoles, gymnases, autobus, etc.) constituent des biens collectifs dont les
quartiers en souffrance ont impérieusement besoin, ou des biens appartenant
aux habitants de ces quartiers. Ces actions ne peuvent en aucun cas apporter
de réponses en faveur de l’amélioration des conditions de vie des habitants
ni offrir de perspectives concrètes. Victimes de la violence du libéralisme,
les quartiers populaires souffrent aussi, depuis ces derniers jours, d’une
violence menée par une partie de la jeunesse, qui s’apparente parfois à des
actes d’autodestruction. Cette double violence accroît le risque de
développement des politiques sécuritaires et répressives, de division des
habitants et de remontée des idées portées par le Front National.
Les mesures annoncées le 7 novembre par le Premier ministre se situent quasi
exclusivement dans cette perspective. L’exhumation d’une loi d’exception,
instaurant le couvre-feu, datant de la guerre d’Algérie, en est le signe le
plus fort. Elle risque d’aggraver les tensions et de raviver la mémoire la
plus douloureuse de parents et grands-parents. Attac dénonce la mise en
oeuvre de cette loi liberticide qui permet des assignations à résidence, la
fermeture des lieux de réunions, leur interdiction, la censure de la presse
et peut donner une compétence civile aux autorités militaires. En aucune
manière elle ne constitue une réponse responsable et efficace à la situation
actuelle.

Jeunes et habitants des quartiers, salariés ou chômeurs, retraités ou actifs
 : nous avons pour tâche d’organiser ensemble nos ripostes et nos résistances
face à l’adversaire commun qui pille nos richesses et défait les
solidarités. Il s’agit bien d’un combat politique dans lequel il appartient
à chacun de prendre sa part et ses responsabilités afin que les quartiers
populaires ne soient livrés ni à la violence, ni à la répression, ni à la
misère, ni aux mouvements religieux. Attac exprime sa solidarité avec toutes
celles et ceux - élus locaux, militants associatifs, travailleurs sociaux,
et simples citoyens - qui, par leur présence sur le terrain, s’efforcent de
nouer le dialogue, de prévenir des affrontements et des destructions
supplémentaires.

La situation des quartiers populaires est l’affaire de tous, elle est une
affaire de solidarité et de citoyenneté. La résolution du problème passe
évidemment par l’arrêt des discriminations et par l’accès à l’emploi. C’est
la priorité numéro un. Dans l’immédiat, l’accès au revenu est indispensable
pour les jeunes qui ne perçoivent ni les allocations chômage - car beaucoup
n’ont jamais travaillé -, ni le RMI quand ils ont moins de 25 ans.

Seul un changement radical de politique pourrait répondre aux aspirations
des catégories populaires et des jeunes plongés dans le désarroi. Rien ne
pourra être fondamentalement résolu sans remise en cause de la dictature des
marchés. Des alternatives économiques, des modes de développement solidaire
et une répartition équitable des richesses sont possibles. A nous tous de
porter et de promouvoir ces alternatives. Pour que l’espoir d’une
transformation sociale radicale ouvre des perspectives de vie à chacun et à
chacune.

Le bureau d’Attac,
Le 8 novembre 2005

http://www.france.attac.org/a5626

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