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L’intervention militaire sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes a commencé… et se poursuit

9 avril 2018 • Camille Martin (Reporterre)

Article mis en ligne le lundi 9 avril 2018

L’intervention militaire se poursuit sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes

Source : https://reporterre.net/L-intervention-militaire-se-poursuit-sur-la-Zad-de-Notre-Dame-des-Landes

Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

14h40 - La bataille de mottes de boue contre les gendarmes mobiles se poursuit non loin des Cent Noms, indique notre journaliste sur place. L’évacuation du toit du hangar est achevée. Les gendarmes nettoient leurs matraques et boucliers maculés. En parallèle, les informations sur d’autres lieux de la Zad circulent sur les talkie-walkie : la Chèvrerie serait expulsée.

14h30 - Un habitant des Cent Noms qui était sur le toit du hangar et a été descendu par les gendarmes nous informe qu’il ne reste que cinq personnes sur le toit. « Il y a énormément de policiers et gendarmes qui nous empêchent de rentrer dans le champ, indique-t-il. Ils ont évacué tout le monde sauf les dernières personnes sur le toit. Pour nous, cette expulsion est illégale, parce que nous sommes huit personnes s’étant signalées comme habitant sur ce lieu. C’est notre domicile principal depuis cinq ans. On ne s’attendait pas à être expulsés. On avait une inquiétude, mais on n’osait pas y croire. On a un projet agricole conséquent, crédible, on est soutenus. Sauf que ce projet agricole n’est pas déclaré comme projet individuel et ça ne plaît pas. Je dois dire mon émotion, mon incompréhension, c’est absolument scandaleux. Ils font une très grande erreur stratégique, ils ne savent pas ce qu’ils déclenchent. »

14h10 - Les gendarmes mobiles sont plus nombreux sur le toit, mais ne parviennent pas à défaire la grappe humaine qui occupe la pointe du toit. Ils tirent les corps au milieu des cris. Deux gendarmes viennent de tirer de force un occupant du toit.

14h - Réaction de Julien Bayou, porte-parole du parti Europe Écologie Les Verts :

Cette démonstration de force est démesurée. Il n’y avait pas d’urgence à évacuer. Au contraire, un peu de temps aurait permis au collectif de s’autoréguler, de déposer des projets professionnels agricoles. On est sur une guerre de communication. Le gouvernement tente de détourner l’attention de la grève SNCF. Cette opération de maintien de l’ordre va créer plus de troubles à l’ordre public que la situation qui prévalait. Plutôt que d’évacuer les quelques personnes qui n’avaient pas de projet particulier, l’État se retrouve à occuper toute la zone. C’est regrettable.
On appelle à l’apaisement et on souhaite que les expérimentations, sur le territoire, puissent se poursuivre, que les projets d’agroécologie voient le jour, que les zones humides soient protégées. Il ne faut surtout pas que ces terres soient données à des agriculteurs de la FNSEA qui voudraient faire de l’intensif. Finalement, le défi est d’arriver à reproduire ce qui a pu se passer au Larzac et a contribué à des expérimentations qui nous sont utiles aujourd’hui. L’agroécologie, ce serait une sortie par le haut pour ce territoire. »

13h50 - Des gardes mobiles casqués et encordés sont montés sur le toit du hangar agricole de la bergerie des Cent Noms et tentent de faire descendre les 21 personnes qui y sont installées.

13h 40 - Il y a 21 personnes sur le toit en taule du hangar agricole de la bergerie des Cent Noms, dont au moins une de l’Acipa, l’association des riverains opposés à l’aéroport. Un drone les surveille. Une équipe de grimpeur a apporté des échelles pour tenter de les déloger. Deux habitants réclament de récupérer deux brouettes dans lesquelles il et elle ont déposé leur affaires de première nécessité. Refus. À deux cent mètres de distance, les autres Zadistes soutiennent les occupants sur le toit. « Ah merde, on a oublié le chat », dit une occupante contente au bord du champ.

13h30 - Sur le toit du hangar des Cent Noms, un habitant du lieu nous raconte : « Nous sommes 21 personnes sur le toit. Des gendarmes grimpeurs, sans doute 25, viennent nous chercher. Ils vont détruire le lieu. »

13h20 - Les Cent Noms ne sont pas encore évacués, les personnes se tiennent toujours sur le toit du bâtiment le plus haut. Dans le champ à côté, les gens sont en pleurs, consternés. Ce lieu installé de longue date sur la Zad est très apprécié de ses habitants. Par ailleurs, si l’on en croyait les propos de la préfète ces deux derniers mois et encore aujourd’hui en conférence de presse, il apparaissait préservé d’une expulsion, car il fait partie des projets agricoles. Sur place, certains opposants font l’analyse que cette opération contre les Cent Noms va ressouder le mouvement. La tentative de la préfecture de diviser le mouvement en séparant le bon grain de l’ivraie ne tient plus : tout le monde peut se sentir à nouveau expulsable. Les habitants qui avaient joué le jeu en discutant avec la préfecture sont très émus et déçus. « Ils se sont peut-être trompés en voulant expulser les Cent Noms, c’est contre-productif », avance un habitant.

13h00 - Aux Cent Noms, selon notre journaliste sur place : « Les gendarmes mobiles ont pris des positions au bord de la D281 face aux Cent Noms. Il y a des gaz lacrymogènes dans le champ. Les ânes qui broutaient là viennent d’être évacués. Les opposants, en sous-nombre, refluent vers les haies à l’arrière de la prairie. Énième face à face de la journée sous les bruits de l’hélicoptère. »
« Au bout de ce champ se trouvent une maison en ossature bois en voie de finition et une plate-forme en matériaux de récupération, belle fondation ronde d’une cabane dont la construction commençait à peine. »
« De l’autre côté du champ, les mottes de terre boueuse volent sur les visières des gendarmes mobiles. »

« Impressionnante vision d’une prairie cernée de gardes mobiles avec un maître chien et des escouades casquées apparaissant dans les trous de haies. Une douzaine d’habitants se trouvent sur le toit en taule de leur maison tandis que la bergerie est cernée de gendarmes mobiles, certains couverts de boue. “Ils sont en train de ressouder l’unité entre nous”, dit un zadiste les yeux rougis par les lacrymos. »
« On demande des soutiens en renfort aux Vraies Rouges. »

12h49 - François Verchère, porte-parole du Cédpa, association des élus doutant de la pertinence de l’aéroport : « Nous soutenons les projets nés sur la Zad qu’ils soient agricoles, sociaux, etc. mais il faut qu’ils rentrent dans une forme, même minime, de droit. Le Cédpa ne peut plus dire non à toute intervention policière, non à toute expulsion. Mais nous aimerions être sûrs que l’opération se limite à libérer la route. Mais j’ai très peur que, comme à chaque fois qu’il y a une intervention policière, elle aille trop loin, dérape. Ils vont aux Cent Noms, qui n’empêchaient pas la route de circuler et qui portent des projets intéressants. On voyait arriver cette affaire. La route n’était pas sécurisée, et pas la moindre convention précaire n’était signée parce que la négociation bloquée entre deux positions inconciliables : d’un côté, la préfecture veut des conventions d’occupation individuelles, et le mouvement voulait une convention collective… J’espère que les expulsions vont se limiter aux squats à côté de la route [la RD 281, dite « route des chicanes »] mais je n’en suis pas sûre du tout. »

12h15 - Témoignage d’un soutien des habitants, présent sur la Zad depuis plusieurs semaines : « On se rassemble aux Cent Noms, une centaine de personnes sont là pour défendre le lieu. On ne comprend pas pourquoi ils veulent expulser ce lieu. Ici c’est plein de projets agricoles, il y a un potager énorme, des animaux, des poules, des moutons. C’est un des lieux que l’on pensait rentrer dans les critères de la préfecture. C’est un lieu qui fait vraiment consensus, aussi défendu par l’Acipa [l’association des riverains opposés à l’aéroport]. Les habitants des Cent Noms ont demandé les documents permettant l’expulsion aux gendarmes, ils ont refusé, disant que les documents étaient entre les mains de la préfète. Visiblement ils veulent raser la maison. Il y a un tractopelle non loin, des gendarmes dans les champs autour. »

11h20 - La conférence de presse de la préfète, Mme Klein, s’est achevée, à la mairie de Notre-Dame-des-Landes. Elle a notamment déclaré : « Le premier critère qui nous guide dans les expulsions, c’est la route, pour la rendre à la circulation. Il s’agit de cabanes et de squats. Quand les squats sont vides, ils sont démolis, c’est comme ça qu’on opère. Les démolitions ont commencé pour dix squats. Les gens expulsés sont sans droit ni titre. Ils ne rentrent pas dans le processus de discussion. Pour rentrer dans le processus, il faut montrer sa volonté, et indiquer son nom et ses projets. Seule une partie des gens vont rentrer dans la discussion. Il faut du temps, et là-dessus, tout le monde est d’accord. »

11h00 - Lors de la conférence de presse, le représentant de l’Acipa a aussi déclaré : « On a travaillé des années avec nos camarades de la Zad. Il est inenvisageable d’abandonner aujourd’hui la Zad à son sort. Nous appelons tous nos adhérents à venir défendre notre lutte commune, qui continue sur la Zad. »


Source : https://reporterre.net/L-intervention-militaire-sur-la-Zad-de-Notre-Dame-des-Landes-a-commence

Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

10h42 - Conférence de presse des habitants à La Rolandière. Elle est tenue conjointement par des habitants et des représentants de l’Acipa, de Copain 44 (les paysans), les Naturalistes en lutte et la Coordination. Tous se disent « très en colère », soulignant la contradiction incompréhensible entre la « volonté d’éradication de la Zad » par 2.500 gendarmes et les déclarations de la préfète parlant d’apaisement et de laisser du temps au processus. La Coordination met aussi en cause la « concertation », à laquelle ils ont participé activement, menant un « gros travail qui semblait constructif et qui amène une grosse déception ». Les habitants observent aussi qu’on parlait « d’expulsions ciblées » alors qu’en fait 40 lieux de vie sont visés. Ils indiquent qu’ils n’ont pas d’informations sur les lieux qui auraient pu être détruits. Mais la maison Jessy James, sur la D281, a subi une expulsion. Il y a par ailleurs eu un blessé.

10h25 - Témoignage d’un habitant : « Je suis à la Grée, on a évacué tout le matériel de l’atelier rap et les instruments de musique qui craignaient. Il y a des barricades tout autour. Les gendarmes sont à environ 50 mètres d’ici et ne bougent pas. Tout le monde s’observe mutuellement. Les tractopelles arrivent. Ils vont commencer à détruire les cabanes qui sont si mignonnes, notamment à l’Est de la “route des chicanes”, qui est l’endroit le plus joli du monde, une sorte de pays de Peter Pan. On avait mis le réveil à 4 heures du matin. Finalement, on m’a réveillé à 3h30, les gendarmes étaient déjà là depuis 3 heures du matin. Une partie de notre travail de la matinée était de garder les barrages filtrants. Il y a des chicanes, mais on veut que les gens qui vont travailler puissent passer. La plupart nous ont demandé gentiment s’ils pouvaient passer et nous ont dit qu’ils nous soutenaient. Autour de nous, il y a des des reinettes, des rossignols, des coucous et beaucoup d’hirondelles. Parmi les soutiens venus en renfort, il y a beaucoup de retraités, c’est assez mignon ! Et aussi une quinzaine ou une vingtaine de tracteurs. »

10h14 : Le phare de La Rolandière n’a pas pu éclairer cette nuit comme prévu. Le réseau électrique a été saboté par une main inconnue il y a deux jours.
10h10 : L’hélicoptère est en vol stationnaire sous le plafond des nuages. Radio Klaxon diffuse du rap qui exprime des sentiments de défiance à l’égard de la police.
10h00 : Conférence de presse des habitants de la Zad à La Rolandière.

09h58 : Au fait, si on parlait de l’essentiel, dans ce monde de brutes ? C’est quoi la Zad ? Réponse en image :

09h40 : L’hélicoptère de la gendarmerie arrive pour survoler la zone.

09h03 : Le camion-grille des gendarmes avance sur la route des Fosses noires. Il est à cent mètres de cette maison.

08h59 : Les Fosses noires et les jardins des Vraies rouges sont noyés sous les gaz lacrymogènes. Les gendarmes mobiles tiennent la route, mais se font harceler par-dessus les haies denses, dans la brume du bocage.

08h40 : Une vingtaine de tracteurs de paysans, garés aux Fosses noires, à cent mètres du cordon de gendarmes, reculent pour ne pas se trouver noyés sous les gaz lacrymogènes.

08h24 : Les médics distribuent du serum physiologique au bord d’un champ face aux Rouges et Noires, où est servi du café chaud et où des grenades lacrymogènes tombent une minute après. Les manifestants hurlent : « Sortez de mon champ », mais ce que l’on entend surtout, c’est : « Première sommation, dernière sommation, on va faire usage de la force »

08h11 : Par les routes et les bois, les gendarmes mobiles repoussent les gens vers les fosses noires, tandis qu’une gradée répète en boucle en hurlant : « Première sommation, on va faire usage de la force » .

08h10 : Il reste l’ironie. Aux Cent noms, on avertit des terribles dangers qui règnent sur la Zad : « Attention aux moutons méchants ».

08h06 : Au milieu des fumigènes orange et de quelques fusées, les gendarmes gardent le carrfour, enlèvent les pneus et récupèrent des bidons d’essence.

07h55 : Charge de gendarmes par la route et par les bois.

07h54 : Barricade en flammes. Pétards explosant dans les pieds des gendarmes mobiles groupés sur le chemin menant de la D 281 au carrefour de la Saulce. Les habitants quittent préventivement leurs cabanes avec leurs affaires.

07h48 : Une avancée de gendarmes se produit dans la direction des Fosses noires.

07h40 : les gendarmes sont concentrés aux alentours de la D 281. À l’intérieur de la zone, tout est pour l’instant calme.

07h25 : À 50 m des dizaines de gendarmes, des zadistes attendent.

07h20 : Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, sur Europe 1 : « Qu’une fois pour toutes, on en finisse avec cette opération qui a commencé il y a une quarantaine d’années. (...) Nous maintiendrons des forces de l’ordre pour qu’il n’y ait pas de nouvelle occupation. (...) L’autorité doit régner partout, et la loi doit être respectée partout. »

07h15 : l’aube se lève. Radio Klaxon a annoncé que la cabane du Lama fâché avait brûlé.

07h10 : près du carrefour de la Saulce, assez loin des affrontements, les rainettes chantent un peu partout, dans les mares et les fossés. Hier, un rossignol est arrivé près du Lama fâché, on a entendu son chant. C’est le premier arrivé, les rossignols sont des oiseaux migrateurs.

06h45 : Des habitants ont mené un rapide assaut d’un camion-grille. Panique des gendarmes qui ont reculé de quelques mètres, les habitants ont une prise : un bouclier et deux matraques lâchées dans le recul par les gendarmes ;

06h41 : Ce qui peut se passer sur la route D 281 est invisible, parce qu’inacessible. Les journalistes sont refoulés. De l’autre côté de la route, on voit une ligne statique de gendarmes mobiles placés dans les champs, ils bloquent les routes accédant à la D 281.

06h19 : Selon France Inter, la gendarmerie assure que la situation « est contenue » et qu’il n’y a pas de blessé pour le moment. Elle prévient en revanche que les opérations d’expulsion pourraient durer « plusieurs jours ».

06h02 : Les informations circulent via les talkies-walkies. Dernier message : un tractopelle arrive, venant des Ardillères, il est escorté par dix fourgons.

05h39 : Une gradée des gendarmes répète toutes les dix minutes : « On va faire usage de la force » et balance des grenades lacrymogènes face aux chants et aux interpellations : « Allez les gars, on vous paye combien pour faire ça ? ». La nuit est épaisse. Un officier demande à chaque unité s’il y a des blessés dans leurs rangs.

05h13 : Une fusée rouge de sommation a été tirée dès 4h40. Un camion grille de gendarmes se trouve au carrefour du Lama fâché. Face aux manifestants qui crient, quelques lacrymogènes sont lancées. Les phares puissants des camions éclairent la scène.

04h15 : Les gendarmes arrivent très tôt, surprenant les habitants. On en signale aux Vrais rouges.

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