Une tribune pour les luttes

mardi 15 mai 2018

MARSEILLE

19 h

CIRA, 50 rue Consolat, 13001

Causerie du Centre International de Recherches sur l’Anarchisme

Ou­vriers contre le tra­vail : Bar­ce­lone et Pa­ris pen­dant les Fronts po­pu­laires par Michael Seidman

Mi­chael Seid­man montre la conti­nui­té de la ré­sis­tance au tra­vail, en grande par­tie igno­rée ou sous-es­ti­mée par les théo­ri­ciens et his­to­riens du XXe siècle. Au mo­ment des Fronts po­pu­laires, les ou­vriers ont per­sé­vé­ré dans leurs pra­tiques an­té­rieures qui don­naient dé­jà le ca­rac­tère ex­té­rieur, uti­li­taire du sens de leur tra­vail : des re­fus di­rects et in­di­rects, par l’ab­sen­téisme, le cou­lage de ca­dence, le vol, la grève, etc.

Au mo­ment où s’est po­sée la ques­tion du contrôle ou­vrier, ré­vo­lu­tion­naire ou ré­for­miste, du pro­cès de pro­duc­tion, les luttes quo­ti­diennes sur le lieu de tra­vail, à Pa­ris et Bar­ce­lone, étaient des faits de ré­sis­tance :

« La ré­sis­tance était aus­si un phé­no­mène conjonc­tu­rel et cy­clique, mais les re­fus sont res­tés une part in­trin­sèque de la culture ou­vrière et sont ap­pa­rus à dif­fé­rentes pé­riodes avec di­verses di­vi­sions du tra­vail. Pen­dant les Fronts po­pu­laires, les ou­vriers se ré­vol­taient contre un en­semble de dis­ci­plines, y com­pris celles im­po­sées par les or­ga­ni­sa­tions ou­vrières. Les sa­la­riés sou­hai­taient cer­tai­ne­ment contrô­ler leurs lieux de tra­vail, mais gé­né­ra­le­ment afin d’y tra­vailler moins. On peut sup­po­ser que la façon d’éli­mi­ner la ré­sis­tance n’est pas le contrôle ou­vrier sur les moyens de pro­duc­tion mais plu­tôt l’abo­li­tion du tra­vail sa­la­rié lui-même. »

Il nous est alors pos­sible de voir, dans ces af­fron­te­ments entre ou­vriers et or­ga­ni­sa­tions ou­vrières, des col­lec­ti­vi­tés bar­ce­lo­naises aux usines aé­ro­nau­tiques pa­ri­siennes, la contra­dic­tion in­terne des mou­ve­ments de Front po­pu­laire, qu’ils aient été ré­vo­lu­tion­naires ou ré­for­mistes. L’im­pos­si­bi­li­té d’un triomphe de la classe du tra­vail, en tant que telle, se ma­ni­feste sous la forme la plus em­pi­rique. C’est la faillite d’un pro­gramme ou­vrier dans ses propres termes, alors som­mé de se réa­li­ser dans un mo­ment cri­tique.

Mi­chael Seid­man est pro­fes­seur d’his­toire à l’uni­ver­si­té de Ca­ro­line du Nord, Wil­ming­ton aux États-Unis, spé­cia­liste de l’his­toire contem­po­raine française et es­pa­gnole. L’au­teur a éga­le­ment pu­blié Re­pu­blic of Egos : A So­cial His­to­ry of the Spa­nish Ci­vil War (2002), The Ima­gi­na­ry Re­vo­lu­tion : Pa­ri­sian Stu­dents and Wor­kers in 1968 (2004), The Vic­to­rious Coun­ter­re­vo­lu­tion : the Na­tio­na­list Ef­fort in the Spa­nish Ci­vil War (2011) et Trans­at­lan­tic An­ti­fas­cisms : from the Spa­nish Ci­vil War to the End of World War II (2018).

Ou­vriers contre le tra­vail : Bar­ce­lone et Pa­ris pen­dant les Fronts po­pu­laires par Mi­chael Seid­man. Mar­seille : Se­no­ne­ve­ro, 2010. 368 pages. 15 eu­ros.

Ce livre se­ra dis­po­nible au CI­RA le jour de la cau­se­rie.

L'invitation au débat

P.-S.

cira.marseille chez gmail.com / http://cira.marseille.free.fr

Répondre à cet article

Soutenir Mille Bâbords

Pour garder son indépendance, Mille Bâbords ne demande pas de subventions. Pour équilibrer le budget, la solution pérenne serait d’augmenter le nombre d’adhésions ou de dons réguliers.
Contactez-nous !

Agenda de la semaine

lundi 29 avril 2024

mardi 30 avril 2024

mercredi 1er mai 2024

jeudi 2 mai 2024

samedi 4 mai 2024

vendredi 10 mai 2024

vendredi 24 mai 2024