Une tribune pour les luttes

Gilets jaunes – Récupérations politiques à l’extrême droite

Du brun dans le jaune

Article mis en ligne le samedi 26 janvier 2019

Aux abois, Macron aimerait choisir ses adversaires. Et à tout prendre, ceux avec qui il débattrait d’identité nationale et d’immigration lui conviennent mieux que ceux qui crient justice sociale. Pour cela, ministres et médias lui apportent sur un plateau des porte-parole autoproclamés qui flirtent avec la fachosphère. Passage en revue des gilets bruns surfant sur la vague fluo.

Il est incontournable sur BFM-TV comme sur les chaînes publiques : Éric Drouet est la « figure emblématique », voire le « leader » consacré des Gilets jaunes, présenté comme un simple chauffeur routier de Melun. Le 27 novembre dernier, il était même reçu par François de Rugy, ministre de la Transition écologique. Après avoir été interpellé et placé sous contrôle judiciaire suite à l’acte VI des Gilets jaunes le 22 décembre, Éric Drouet se met médiatiquement en scène le 2 janvier durant une arrestation pour « manifestation illégale ». L’objectif de ce « coup de com’ » selon ses dires ? « Entrer dans une guerre des médias » tout en dénonçant une « interpellation politique ». Jean-Luc Mélenchon himself lui tressait la veille du Nouvel An des lauriers révolutionnaires en déclarant regarder Éric Drouet « avec fascination ». Tout en avouant éhontément qu’il « ne le connaî[t] pas »....

Il suffit pourtant de taper son nom dans un moteur de recherche pour s’apercevoir que Drouet étale publiquement sur Facebook ses obsessions anti-migrants, ses délires complotistes et sa haine de « la racaille ». Mais qu’importe. Le pedigree du bonhomme n’entrave en rien la publicité qui lui est faite en continu.

Autre star en dossard des plateaux télé, le très prolixe Benjamin Cauchy ne représente pourtant que lui-même. Quelques jours à peine après le début de la contestation fluo, il était totalement désavoué par les Gilets jaunes de la région toulousaine pour ses accointances avec Debout La France et l’Ucodel, un groupuscule d’ultra-droite. Mais BFM n’en a cure : il reste son chouchou numéro un — plus d’une centaine d’interventions — en tant que figure « modérée » du mouvement [1].

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Animateur de la plus suivie des pages Facebook des Gilets jaunes, le charismatique Maxime Nicolle, alias Fly Rider, est pour sa part devenu un habitué des plateaux de Cyril Hanouna sur C8 et de Pascal Praud sur CNews. Dès le 11 novembre, durant une réunion de préparation pour la manifestation du 17 novembre, il poste sur sa page une vidéo où il réactive la chimère lepéniste des retraités français moins bien traités que les « migrants illégaux ». Et le soir de la fusillade de Strasbourg, le loustic se précipite pour un Facebook Live dégoulinant d’insinuations complotistes.

Autre bon client des médias, Christophe Chalençon, porte-parole auto-désigné du Vaucluse, a fait son coming-out putschiste dans la matinale d’Europe 1, le 3 décembre en réclamant un « homme à poigne » à la tête du pays, « un véritable commandant, comme le général De Villiers ». Il avait commis une série de posts islamophobes par le passé. En compagnie de Chauzy, il est reçu par Édouard Philippe le vendredi 7 décembre, mandaté là encore par... personne.

Dans la liste des représentants auto-proclamés des Gilets jaunes, citons encore Christophe Lechevallier, agriculteur du Limousin, ex-candidat de l’émission de télé-réalité « L’Amour est dans le pré » et rallié au FN en 2017 ; ou Thomas Miralles, candidat FN aux municipales à Canet-en-Roussillon en 2014.

Nazillons en goguette

Il faut dire que les groupuscules fachos, forts de leur activisme dans l’inframonde internet, se sont souvent glissés dans la masse des Gilets jaunes pour tenter de les noyauter. Manœuvre facilitée par le fait que le peuple des ronds-points n’était pas toujours exempt de préjugés racistes. Frédéric Jamet, figure des milieux ultra-nationalistes ou encore Yvan Benedetti, un temps à la tête de l’Œuvre française (groupe néo-fasciste dissous en 2013 après la mort de Clément Méric), ont pu parader en dossard fluorescent sur les Champs-Élysées [2]. De même, traditionalistes, royalistes de l’Action française ou vétérans du Gud reconvertis dans la mouvance hooligan, se sont régulièrement invités dans les défilés parisiens. Il y eut aussi le cas d’Hervé Ryssen, essayiste antisémite et négationniste qui fit la couverture de Paris Match, le 6 décembre, photographié un drapeau français sur l’épaule lors d’une manifestation parisienne. L’hebdomadaire plaidera l’ignorance...

En dehors de la capitale, les identitaires de tout poil étaient également de sortie à l’image des militants du Bastion social à Chambéry. Ou de ceux de l’Alvarium, le bar identitaire d’Angers, qui ont pris la tête du cortège le 15 décembre avec une banderole « Arrêtez les islamistes, pas les Gilets jaunes ». Une semaine auparavant, c’était Lyon qui avait vu des Gilets jaunes marcher en première ligne avec une bannière contre le Pacte de Marrakech [3].

Pour compléter ce sinistre tableau de famille, les antisémites d’Égalité et Réconciliation se sont penchés dès fin novembre sur « cette révolte populaire contre l’argent-dette », dette qui aurait été mise en place par les juifs à l’instar de « Goldman Sachs et du gang Attali », selon le gourou Alain Soral... Depuis, ce dernier n’apparaît plus publiquement sans son gilet.

Dans la foulée, Dieudonné et son fan-club ont aussi endossé la chasuble fluo. Répondant à l’appel d’Éric Drouet à se réunir à Montmartre le 22 décembre pour l’acte VI de la mobilisation, une vingtaine de groupies du comique-troupier antisémite s’illustreront au pied du Sacré-Cœur en entonnant le « chant de la quenelle » [4].

Le piège (à rats) du RIC

Depuis le début du mois de décembre, la revendication du référendum d’initiative citoyenne (RIC) est venue se substituer aux revendications sociales du mouvement. Sous son apparente exigence de démocratie, l’irruption est loin d’être anodine. Cet outil référendaire a notamment été théorisé par Étienne Chouard au lendemain du vote sur le Traité constitutionnel européen de 2005, dont il avait décortiqué méticuleusement tous les aspects néo-libéraux et antidémocratiques. Mais dès 2008, ce professeur d’éco-gestion, un peu perdu politiquement, avait multiplié les accointances avec les sphères confusionnistes, une certaine complaisance avec Alain Soral, ou encore avec François Asselineau, dont il a soutenu la candidature à l’élection présidentielle.

Le 6 décembre dernier, Maxime Nicolle annonçait vouloir rencontrer Étienne Chouard pour « en savoir davantage sur ce référendum d’initiative citoyenne ». Deux jours après, une conférence commune de deux heures sur le RIC était organisée. Lors d’une conférence de presse, le 13 décembre à Versailles devant la salle du Jeu de paume, Maxime Nicolle et Priscillia Ludosky, une autre figure des Gilets jaunes, déclaraient : « Nous faisons le serment de ne pas nous séparer avant d’avoir obtenu la présentation devant le peuple français par RIC du recul des privilèges d’État et de la baisse des prélèvements obligatoires. »

Par son pouvoir de séduction, la campagne en faveur du RIC a offert un regain de popularité à Étienne Chouard [5], tout en mettant sous le tapis les velléités de justice sociale des Gilets jaunes. Et il permet d’offrir à Macron une porte de sortie qui ne menacerait en rien les intérêts de l’élite politique et économique.

Réduire à ce bricolage institutionnel un mouvement qui a su instaurer un vrai rapport de force avec le pouvoir risque de l’atomiser. Ce serait une aubaine pour les groupes de pression réactionnaires qui instrumentaliseraient la voie référendaire afin de faire régresser les droits politiques et sociaux. Ainsi, Éric Zemmour s’est prononcé pour le “référendum populaire” — qu’il invite à ne pas confondre avec le référendum révocatoire qui est « un truc de révolutionnaire de l’extrême gauche » – parce que le RIC pourrait « démarier les homosexuels [6] ». Et Dupont-Aignan milite, lui, pour un référendum contre l’immigration...

Dernier acte en date des tentatives éhontées de récupération de la contestation par l’extrême droite : fin décembre, la marque « Les Gilets Jaunes » était déposée par Florian Philippot, dissident du FN, en vue des élections européennes de mai 2019… Sans vergogne.

Mickaël Correia

[1] « L’irrésistible ascension médiatique de Benjamin Cauchy » sur le site d’Acrimed.

[2] Yvan Benedetti sera expulsé à coups de poing de la manifestation Gilets jaunes du 1er décembre à Paris par des militants antifascistes.

[3] Cet accord international a été adopté le 19 décembre par l’Onu. Il vise à promouvoir à l’échelle internationale « des migrations sûres, ordonnées et régulières ». Pour les identitaires, il ouvre la voie au « grand remplacement ».

[4] Chanson reprenant l’air du Chant des Partisans. La quenelle est un geste inventé par Dieudonné rappelant à la fois le salut nazi, le bras d’honneur et le fist-fucking...

[5] Le 18 décembre, François Ruffin, défenseur du RIC, a été jusqu’à rendre hommage « aux hommes de conviction » que sont « Étienne Chouard et ses amis » avant d’affirmer le lendemain que « depuis, Chouard a mis fin à ses étranges liens [Soral et cie] »...

[6] « Avec le RIC, Zemmour voudrait “démarier” les homosexuels », Valeurs actuelles, 21/12.

CQFD n°172, janvier 2019

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Vos commentaires

  • Le 27 janvier 2019 à 19:33, par Heurtebise En réponse à : En étant dégouté, il ne reste que les dégoutants...

    Sans être dans le déni mais au contraire pour une vigilance sans faille et sans compromis envers toutes les formes de racisme, fascisme et autres saloperies, je relaie un commentaire lu sur Médiapart ("ici" et "là" correspondaient dans le commentaire à des liens qui renvoyaient à des textes et des vidéos, tous vérifiés, trop laborieux à rapporter ici mais facilement retrouvable sur la toile). Suivi d’un texte trouvé sur le site du cortège de tête de Paris et un autre d’un jeune anonyme que je trouve pertinent.

    Le mouvement des gilets jaunes, c’est ça aussi :

    ici les gilets jaunes chantent le chant des partisans, là ils chantent l’internationale. ici, ils tiennent un drapeau communiste, là ils acclament abdel et farid, deux figures gj locales. Ici ils convergent avec anasse kazid, syndicaliste cheminot. là, ils convergent avec le comité adama. ici, ils convergent avec les migrants et les assoces qui les aident, là ils virent un autoproclamé qui est effectivement d’extrême droite. ici ils en tapent sur un autre d’extrême droite, là ils virent manu militari tout un groupe d’extrême droite de la manif ; et là encore des fachos avec des propos antisémites se font virer de la manif, ou comme là aussi à lyon, antifa et gilets jaunes se coordonnent pour virer les fafs.
    internationale , abdel , farid , anasse , adama , pro-migrants .. bagarre avec les fafs , c’est pas très fn/fasciste tout ça ...

    ici, ils convergent avec la cgt et là avec la fsu aussi. ici avec les intermittants précaires, là avec attac ils luttent contre l’évasion fiscale. ici ils soutiennent les femme de ménages d’un hotel en lutte, là ils bloquent monsanto. ici la confédération paysanne appelle à les rejoindre, là ils convergent avec la manifs contre les violences faites aux femmes comme ils participeront aussi à la manif pour sauver le climat. ici à toulouse à 500 dans leur assemblée générale ils nous sortent des mesures intégralement de gauche, et aucune d’extrême droite, là un représentant défend la justice fiscale, et conteste le cice et les milliards donnés en dividendes.

    ici sont citées les analyses positives produites par des gens comme Sandra Laugier, Jacques Rancière, Roland Gori, Pierre Rosanvallon, ou les membres de la Fondation Copernic . De même là franck lepage. ici le journal l’humanité, là le journal reporterre. ici france culture, là usul, là encore arret sur image, Le media là. ici benoit coquard et là louis weber et bien d’autres comme là florence aubenas ou ici david graeber, là Monque-Pinçon Charlot, ici Juan Branco et tant d’autres. Comme le démontre les cahiers de doléances ici, mais aussi auparavant les assemblées générales comme ici à toulouse ou ailleurs à lyon etc etc ...

    laugiers, rancière, gori, rosanvallon, copernic, lepage, branco, ruffin, besancenot, Aude lancelin, l’humanité, Le media, reporterre, usul, ou encore florence aubenas, les pinçon-charlot et tant d’autres sont-ils des complices du fascisme ? En relayant uniquement les tentatives d’infiltration et de récupération des fascistes , ne sommes pas leur meilleur commercial au sein du mouvement des gilets jaunes ?

    Autre chose sur le même sujet dans cortège de tête :

    De la nécessité de restaurer l’existence d’un cortège de tête et d’un Black Bloc dès les actes XI et XII…
    Publié le 24 janvier 2019

    De la nécessité de restaurer l’existence d’un cortège de tête et d’un Black Bloc dès les actes XI et XII… Texte en écho aux autres propositions parues récemment sur Paris luttes infos : Pour une marée jaunes qui déborde. Vraiment. du 22 janvier et Protocole de l’acte indéfini du 18 janvier 2019 sans exclusion aucune ! Les jours rallongent, il y a quelques chances qu’aux ciels gris des actes I à X des manifestations des gilets jaunes succèdent des ciels bleus et que dans la durée, ces démonstrations s’épanouissent dans le printemps naissant et la lumière retrouvée.
    Pour tout participant attentif des démonstrations parisiennes (car les manifestations en provinces ont souvent une autre tournure), il semble évident que les cortèges sont largement gangrénés par une extrême droite qui se pavane au grand jour. On aura pu observer en tête de manifestation, des paramilitaires, bien répertoriés comme ce Victor Lenta de triste figure, des royalistes bien tapés, des « apolitiques » comme Eric Drouet, des moins « apolitiques » de type FN/RN comme Maxime Nicolle dit « Fly rider » devant des banderoles des plus délétères comme « les CRS avec nous », des agents de circulation ou pseudo-membres d’un service d’autres « gilets jaunes », formé des membres les plus connus du « bastion social », et consorts, quelques curés de guerre de Civitas et autres groupuscules pro-vie.
    Lors des actes IX et X à Paris et à Marseille, on a pu observer des comportements curieux des SO des Gilets jaunes qui, au delà de la gouvernance autoproclamée des parcours de manifs, font des pieds et des mains pour éviter un cortège offensif, allant à Marseille jusqu’à remettre des manifestants aux mains des forces de l’ordre.
    Cela ne peut plus durer. Nous disons : les temps changent, manifestons avec nos couleurs et reprenons la tête des manifestations avec un ou plusieurs Black-Blocs selon nos forces.
    Il y a plusieurs raisons à cela :
    Le Black-Bloc n’est pas mort et, il est nécessaire en tant que tel pour mettre un point d’orgue dans l’affrontement en cours.
    Le Black-Bloc protège et assure le degré de convivialité et de solidarité nécessaire à la continuation et au développement du mouvement.
    Le Black-Bloc assure la continuité de ce mouvement avec les luttes contre la loi travail de 2016 et celles des cheminots et des étudiants de 2018. Et avec un mouvement internationaliste qui échappe à toute gouvernance mais irrigue les luttes multiformes d’aujourd’hui.
    Le Black-bloc a toute légitimité pour éradiquer la droite extrémiste et fascisante de la tête et de la périphérie des manifestations qui s’orientent vers le dépôt de parcours négociés (Le RN à donné ses instructions, il ne faut pas gêner la propagande RN/FN pour les élections Européennes) dans la logique des démonstrations syndicales dont nous sommes tous las.
    Et que simultanément le cortège de tête fasse son retour.
    Une tête de cortège offensive, révolutionnaire, antifasciste et antiraciste est nécessaire pour fédérer tous nos camarades perclus d’hésitations et de pensées diffuses concernant ce mouvement.
    Si nous devions être là chaque samedi et dans des actions diverses, soyons-le ensemble. Ce cortège de tête répondra à de multiples objectifs, nous retrouver, arrêter d’hésiter et reprendre langue tous ensemble de façon dynamique et vive.
    Ce sera l’occasion de ressortir nos magnifiques banderoles de tête et de peaufiner nos slogans.
    Beaucoup de copains et copines nous seront gré d’être là tous ensemble solides et solidaires afin de décroître la dangerosité des affrontements
    Nous disons vive l’émeute magnifique et joyeuse qui n’altère en rien nos capacités d’intervention politique !

    Enfin un texte que je trouve intéressant :

    La Lettre Jaune publié la semaine du 14 au 20 janvier
    J’ai vingt ans, et j’écris ces lignes non par envie mais par devoir. Ce que je vois chaque jour depuis maintenant deux mois m’oblige à prendre cette initiative. Je parle de ces gens qui, bien au-delà des samedis qui se suivent, se mobilisent dans un froid tranchant de jour comme de nuit, dans la perspective d’un lendemain moins sombre.
    Mon propos sera noyé dans le flot quotidien d’informations et de soutiens, mais je veux poser ces choses par écrit car en parler chaque jour autour de moi ne me suffit plus.

    Je vois depuis plusieurs semaines, chaque jour, défiler sur mon écran des visages ensanglantés, déformés par la douleur de l’impact de balles de défense projetées à trois cent kilomètres heures. J’ai vu il y a peu, la vidéo d’un homme qui appelait à l’aide dans un râle étouffé, tenant son bras au bout duquel il n’y avait plus que des tendons pendants se reflétant dans son regard vitreux. J’ai vu aussi des femmes, des jeunes, des sexagénaires, se faire trainer sur plusieurs mètres en se faisant rouer de coups de matraques, les cris de dissuasion ne changeant rien à la violence avec laquelle ils étaient portés. Ceci est un constat froid, en aucun cas un procès fait aux gendarmes et aux policiers en tant qu’individus. Eux aussi se tiennent depuis deux mois debout dans le froid, et reçoivent les pavés et les crachats de leurs frères. La plupart ne sont que des jouets, pas des monstres. Il n’y a qu’une poignée de coupables, bien identifiée, leurs chefs, et au-dessus d’eux ceux qui ont choisi l’affrontement, alors que les Gilets jaunes ne voulaient que le respect, un quotidien meilleur, et pouvoir avoir la certitude que leurs enfants en profiteraient à leur tour. Pas de demande indécente a priori, mais celles-ci n’ont reçu que des sourires méprisants, des insultes et des coups.
    Le peuple doit se taire, voilà ce qu’ils ont répondu alors que celui-ci ne demandait rien depuis trop longtemps.

    Les tentatives grossières de renvoyer un mouvement populaire spontané et apolitique à la haine agitée en permanence par l’extrême droite n’ont entamé en rien votre détermination et le soutien populaire encore massif que vous recevez aujourd’hui. Pour ne pas tomber du côté obscur, échec qui relèverait de l’entière responsabilité de la gauche, du Parti Socialiste, des syndicats qui se sont tout de suite mis en porte-à-faux par rapport au mouvement, il faut continuer de s’informer, de lire et de parler sans exclure rien ni personne. Nombreux sont ceux, qui pendant la période que l’on traverse, se sont massivement et en profondeur intéressés à l’Histoire ou aux écrits révolutionnaires. Beaucoup disent aussi s’être rendu compte des « conneries » agitées par la droite anti-immigrés. A cela je ne peux qu’applaudir et me retourner vers les soi-disant élites intellectuelles, pour leur montrer combien ils ont eu tort de mépriser lâchement la seule force qui ait pu produire une telle panique du pouvoir depuis 50 ans. J’ai aussi pu voir en décembre des gens rassemblés sur un rond-point, dans un coin de France rurale, qui discutaient et échangeaient enfin, en me disant presque à l’unisson, « nous ne baisserons plus jamais les yeux ».
    C’est une heure cruciale pour chaque individu. L’histoire se fait en ce moment même, et l’on racontera dans plusieurs décennies comment des dizaines de milliers de personnes en France et désormais dans le monde entier sont descendues dans les rues, malgré la répression féroce, pour défendre leurs droits et leur liberté. Orwell écrit dans 1984 qu’à « une époque de supercherie universelle, dire la vérité est un acte révolutionnaire ». Ses propos résonnent plus que jamais, beaucoup de médias travaillant à ce que le mouvement cesse, beaucoup de bourgeois à l’esprit Versaillais étant terrifiés de vous voir prendre conscience peu à peu de la supercherie dont vous êtes les victimes, certains allant jusqu’à suggérer l’idée de vous tirer dessus. Le peuple s’est mis en mouvement, et a pu ainsi sentir les chaines qui l’entravent. Le chien qu’est le gouvernement en place, ainsi que l’appareil qui l’entoure montre les crocs, et soyez en sûrs, si vous ne restez pas soudés il vous dévorera. Alors bravo à vous, bravo pour ce courage et cette détermination face à la Bête. Bravo pour cette réussite dans le maintien d’une unité au sein des difficultés extrêmes rencontrées. Vous n’êtes plus seuls, merci.

    L.H.

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